Afin de relancer le secteur moribond du photovoltaïque en France, Panasonic Europe fait, par la voix de Julien Chirol (développeur commercial pour la division Solaire), une série de propositions concrètes. Entretien.

Alors que le changement de dénomination des modules solaires HIT en Europe est effectif depuis le 1er avril dernier (la marque est passée de Sanyo à Panasonic), Julien Chirol, chargé du développement commercial de la division Solaire de Panasonic Europe fait le point sur le marché photovoltaïque français. « En 18 mois, il est passé de l'euphorie à la zombification. Le secteur a de nouveau été sous-estimé par les politiques », explique-t-il. « Ce positionnement a été monnaie courante ces dernières années : l'Espagne, la République tchèque, la France et plus récemment la Grande-Bretagne ont donné un brutal coup de frein à un secteur en plein envol ». Selon Julien Chirol, « la façon dont le précédent gouvernement a géré la surchauffe a été trop radicale : le système de subvention et la bureaucratie sont devenus ingérables. La communication dans les médias a refroidi l'opinion publique et le lobby nucléaire n'est pas resté inactif ».

 

Aussi, la société Panasonic souhaite-t-elle une nouvelle orientation lors du nouveau mandat présidentiel. Elle demande notamment au gouvernement de « faire preuve de bon sens » en revoyant à la hausse les objectifs de capacité installée en 2020 (5,4 GW pour l'instant), en apportant plus de stabilité pour le marché, en favorisant les petits investisseurs, en durcissant la certification et le contrôle de qualité des installateurs et en redorant l'image du photovoltaïque auprès du grand public. Elle rejoint d'ailleurs sur certains points les propositions formulées par Enerplan (lien). Le groupe japonais apporte une originalité en demandant un focus sur l'intégration au bâti et sur les réseaux intelligents.

 

L'entreprise espère notamment le relèvement de l'objectif des installations annuelles, de 0,5 GWc à 1 GWc ou le recours aux appels d'offres pour les installations d'une puissance supérieure à 1 MWc seulement. Panasonic propose une nouvelle segmentation des installations pour les tarifs d'achat et la mise en place de primes pour l'autoconsommation, pour récompenser l'origine européenne des équipements ou pour l'intégration au bâti. Car la société milite pour l'interdiction des installations au sol sur des terres agricoles ou des terrains constructibles, en se concentrant sur les installations en toiture ou sur des terrains inconstructibles. « Nous proposons également la suppression du crédit d'impôt dans sa forme actuelle. Vu son faible montant, il complique trop le montage de dossiers », explique Julien Chirol.

Un objectif à long terme

Du côté des démarches administratives, le groupe demande une réduction des temps d'attente auprès d'EDF Offre d'Achat et d'ERDF, ainsi que l'accélération des procédures CSTB. Outre ces mesures, Panasonic pense également qu'un durcissement de la certification Quali PV serait profitable, tout comme la reconnaissance de nouveaux labels de type InSoCo (Installation Solaire Contrôlée). « Il s'agit d'un label promu par une association indépendante qui a pour but d'obtenir de la traçabilité qualité sur toute la filière photovoltaïque », précise le responsable du développement.
Toutes les mesures évoquées par l'industriel s'avèrent donc être à relativement court-terme, mais le groupe japonais mise également sur le développement intensifié de réseaux intelligents par ERDF et RTE, et sur la prochaine transition vers la parité réseau. « Nous proposons la mise en place de normes pour les projets à forte orientation sociale et environnementale, ainsi que la promotion du photovoltaïque comme un des éléments de la construction future ». Un objectif à long terme qui ferait de l'énergie solaire une source importante du mix énergétique français.

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