L'Ineris et le CSTB publient une étude commune sur la prévention du risque incendie lié aux cellules photovoltaïques installées sur bâtiment. Il s'agit de mieux comprendre le rôle des panneaux dans la propagation d'un feu et d'établir les préconisations nécessaires en matière de vigilance. Explications.
Pour le compte du ministère de l'Ecologie, l'Institut national de l'environnement industriel et des risques et le Centre scientifique et technique du bâtiment ont mené une étude conjointe sur les risques incendie liés à l'installation et l'utilisation de panneaux photovoltaïques (PV) sur les bâtiments industriels ou à usage de particuliers.
A l'heure où cette source d'énergie renouvelable connaît un fort essor, malgré des mesures gouvernementales sonnant comme un coup d'arrêt pour la filière, l'étude commandée par le ministère de Nathalie Kosciusko-Morizet arrive à point nommé pour rassurer les acteurs du photovoltaïque ainsi que leurs utilisateurs. Récemment, un incendie de PV survenu sur la toiture d'une maison individuelle remettait en doute la fiabilité de ces équipements : panneau défectueux, défaut de mise en œuvre… les spéculations sont allées bon train.
Batterie de tests
Ineris et CSTB ont, dans un premier temps, réalisé un inventaire des solutions techniques qu'ils ont croisées ensuite avec les exigences réglementaires correspondantes aux différents types de bâtiment. Ainsi, des essais ont été effectués en laboratoire et en conditions proches du réel. En laboratoire, des échantillons de PV de type amorphe ont été testés, et les essais ont conclu que l'impact toxique des émissions de fluorure d'hydrogène (HF) issues de la combustion des cellules photovoltaïques pouvait être considéré comme négligeable. En configuration industrielle - dont l'objectif était de déterminer la propagation de la flamme sur une toiture certifiée BROOF - deux tests ont été réalisés, l'un avec un panneau seul, l'autre avec un panneau posé sur une étanchéité en bitume. Ils montrent que le panneau se révèle très résistant, même en présence d'une étanchéité combustible, et que sa présence ne favorise pas la propagation d'un feu. Cependant, dans les deux cas, le courant continue de circuler malgré la destruction des éléments, la puissance électrique délivrée restant même à un niveau relativement important dans les conditions de toiture d'entrepôt. Les tests effectués sur une maquette d'habitat particulier - l'un avec PV placé sur la toiture, l'autre sans - montrent que la présence du panneau semble jouer un rôle dans l'augmentation rapide des températures observées dans les combles : des températures critiques pour les occupants sont atteintes plus tôt (environ 5 min). En cause : le caractère combustible de l'étanchéité. D'où la recommandation d'Ineris de ne pas limiter la sécurité incendie au PV lui-même, mais de l'étendre à l'ensemble du dispositif qui modifie l'installation accueillant le panneau.
Préconisations du CSTB
De son côté, le CSTB a réalisé des essais normalisés et préconise, lorsque les PV sont intégrés au bâti et pour éviter le risque de démarrage d'un incendie, d'éviter le contact direct des PV avec une structure ou écran facilement inflammable. En revanche, les installations sur parois en béton ou bardage métallique ou acier ne présentent que peu de risque en cas d'incendie, mais il recommande d'éviter l'effet de cheminée au dos des systèmes PV et d'utiliser les solutions techniques données dans l'IT 249, quel que soit le type de bâtiment.
Au vu des trois grandes questions que pose le PV - la production électrique sera-t-elle au rendez-vous ? le PV ne risque-t-il pas d'introduire de pathologie complémentaire au bâtiment ? la complexité de la problématique photovoltaïque est-elle maîtrisée ? - l'Ineris et le CSTB ont conclu que la réglementation actuelle permettait de bien cerner les risques, et qu'il existe des solutions techniques qui répondent au marché. En clair, ils recommandent la plus grande vigilance à s'assurer avant la mise en place d'un PV qu'il est bien passé par toutes les étapes réglementaires. Enfin, afin d'accompagner les industriels de la filière, une plaquette explicative élaborée par le CSTB devrait être publiée d'ici à juillet, récapitulant les 30 points mis en évidence par l'étude.