RENOUVELABLES. La Commission de régulation de l'énergie est formelle : en analysant les coûts d'investissements et d'exploitation des projets solaires déposés en 2017-2018, le photovoltaïque se montre compétitif. Elle recommande que des projets de grande taille soient développés pour jouer des effets d'échelle.
A l'automne 2018, le parc photovoltaïque français se montait à 8,4 GWc de capacités, produisant annuellement 10,2 TWh de courant électrique (soit 2 % de la consommation nationale). Des chiffres qui commencent à devenir significatifs dans le mix énergétique et qui sont appelés à croître encore dans l'avenir. La Commission de régulation de l'énergie (CRE) s'est donc penchée sur cette filière, afin de déterminer si elle était compétitive en France, et quels aménagements étaient souhaitables pour assurer son développement dans le cadre de la transition écologique. Elle a décortiqué les bilans de projets d'installations déposés dans le cadre des appels d'offres de 2017 et 2018.
Les investissements, qui représentent en moyenne 80 % des coûts globaux, ont drastiquement baissé en trois ans (-32 %). Une diminution liée principalement à celle du prix des modules photovoltaïques au niveau mondial. La CRE note que les coûts se situent à 600-800 €/kWc pour les centrales au sol, et 1.100 €/kWc pour les installations sur ombrières et bâtiments. Au-delà de ce phénomène, la commission souligne que "la professionnalisation des acteurs - exploitants, installateurs, développeurs, assureurs ou encore agrégateurs, a permis l'émergence de solutions optimisées pour la filière". Ainsi les frais de fonctionnement annuels ont, eux aussi, fondu (-27 %) pour finir en-dessous de 20 €/kWc. Des économies qui ont permis de ramener les coûts de production de l'électricité sous la barre des 100 €/MWh pour les installations de toiture, certaines atteignant les 62 €/MWh. Pour les grandes installations au sol, qui bénéficient d'effets d'échelle encore plus importants, ce prix de revient est encore inférieur, s'établissant aux alentours de 48 €/MWh (taxe IFER de 6 €/MWh incluse). La CRE annonce : "La filière française est parfaitement compétitive avec celle des pays comparables : les coûts de production en Allemagne, par exemple, se situent entre 40 et 70 €/MWh. Aux Etats-Unis, le coût complet des grandes centrales au sol se situe aujourd'hui entre 35 et 40 €/MWh". Une situation qui serait de nature à permettre aux projets de se développer dans le futur, sans soutien public.
Faire évoluer les mécanismes de soutien pour éviter les effets d'aubaine
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La CRE recommande de faciliter l'émergence de projets de plus grande taille, au-delà de 30 MWc et jusqu'à 100 MWc, "afin d'atteindre des prix encore plus compétitifs", qui seront les premiers à être capables de se passer d'aides. La productivité des centrales constituera un facteur déterminant dans leur rentabilité. "Les régions les plus ensoleillées du sud de la France constituent à ce titre des zones préférentielles pour l'implantation", note le rapport de synthèse. Le productible observé y serait 17 % plus élevé que dans le reste du territoire. Avantage contrebalancé par le surcoût de location des terrains ou celui de raccordement. De même, l'introduction du critère de valorisation des terrains dégradés a favorisé la moitié nord du pays, où les friches industrielles sont plus nombreuses. Le taux de réussite moyen s'avère finalement homogène sur l'ensemble du pays. La CRE recommande divers aménagements, dont l'introduction dans la notation des projets d'une notion de "mobilisation optimisée du foncier", afin d'inciter les développeurs à choisir des technologies assurant le meilleur productible par unité de surface. L'évaluation environnementale des panneaux utilisés, en tenant compte des étapes de transport et l'impact de l'extraction des matériaux dans la composition des modules, même en faibles proportions.
Autre proposition de la CRE, l'arrêt de la "réfaction tarifaire" (réduction) sur les coûts de raccordement en fonction de la taille de l'installation, qui peut aller jusqu'à -40 %. En le ramenant à 0 % pour les installations lauréates d'appels d'offres, cela permettrait, selon l'autorité de l'énergie, "d'assurer la sélection de projets les moins coûteux pour la collectivité". Jusqu'à présent, les porteurs bénéficient d'un effet d'aubaine de l'ordre de 0,5 point de rentabilité, en intégrant dans le prix de leur offre la totalité du coût de raccordement alors qu'ils n'en paient en fait qu'une partie. Sur les mécanismes de soutien, la commission souhaite que la formule du complément de rémunération intègre une déduction d'un revenu capacitaire de référence. Sur la durée des contrats de soutien enfin, la CRE estime nécessaire d'étudier leur alignement sur la durée de vie des installations. Autant de mesures visant à limiter les effets d'aubaines et ramener les coûts pour la collectivité au montant le plus juste.