La Commission européenne a lancé une enquête anti-dumping contre les producteurs chinois de capteurs solaires qui bénéficieraient de subventions cachées. De quoi initier une guerre commerciale avec l'Empire du Milieu qui pourrait prendre des mesures de rétorsion.
Le prochain sommet Union européenne-Chine, qui se tiendra le 20 septembre prochain à Bruxelles, risque d'être tendu. En effet, la Commission européenne va donner suite à la plainte déposée en juillet par SolarWorld, un industriel allemand du photovoltaïque, qui dénonçait des subventions illégales et des actions de dumping de la part de ses concurrents chinois. Le collectif « EU Pro Sun », regroupant plus de 20 industriels du secteur de l'industrie solaire, avait demandé une action de la part de l'exécutif européen afin de défendre les intérêts de la filière, l'innovation et les emplois dans le vieux continent. Les industriels réclament notamment des droits de douane plus élevés sur les panneaux fabriqués en Chine, à l'image de ce qui se fait aux Etats-Unis depuis le mois de mai. Ces taxes, calculées selon la rentabilité des sociétés concernées, s'étaleraient de 31 % pour Trina Solar et Suntech jusqu'à 250 % pour certains nouveaux fabricants chinois.
Karel de Gucht, le commissaire européen au Commerce, fait donc lui aussi un pas dans la direction d'un affrontement commercial avec la Chine. Selon un communiqué, « La plainte a apporté suffisamment d'éléments mettant en évidence un possible dumping des prix de la part des exportateurs vers le marché européen, des dommages pour l'industrie solaire européenne (…) justifiant de prime abord l'ouverture d'une enquête ». Les montants en jeu sont astronomiques : l'an passé, les pays de l'Union ont importé pour 21 milliards d'euros de panneaux solaires et de composants Made in China. L'enquête devrait prendre 15 mois au total, avec une décision intervenant au plus tard en décembre 2013. Des questionnaires seront tout d'abord envoyés aux fabricants chinois et européens afin de dresser un état des lieux et de déceler d'éventuelles mesures contraires aux lois du marché.
Désaveu allemand
Lors d'un passage à Bruxelles, la ministre française du Commerce, Nicole Bricq, a bien dénoncé « les procédures déloyales » de la Chine. Mais la Commission ne bénéficiera pas, dans son travail, du soutien d'Angela Merkel. La chancelière allemande, en visite à Pékin à la fin du mois d'août, a en effet suggéré que « la Commission européenne et la Chine tentent de résoudre cette question à travers la discussion plutôt que par des procédures anti-dumping ». La dirigeante a donc choisi de « sacrifier » l'industrie photovoltaïque, déjà moribonde après les faillites successives de Solon, Solarhybrid, Solar Millenium, Sovello et Q.Cells, au profit des secteurs automobile et aéronautique plus fringants. En cas de fraude avérée, la Commission pourrait imposer des mesures restrictives aux fabricants chinois pour une durée de 5 ans. Mais de telles mesures pourraient entraîner des actes de rétorsion de la part du géant asiatique.