La bataille entre Jean Nouvel et la Philharmonie de Paris est-elle en train de s'achever ? Le TGI vient, en effet, de déclarer "irrecevable" la demande de travaux supplémentaires sur le bâtiment faite par l'architecte.
La justice a estimé ce jeudi 16 avril que l'architecte Jean Nouvel, qui souhaite des travaux sur le bâtiment de la Philharmonie de Paris pour remédier à ce qu'il considère comme une dénaturation de son oeuvre, ne fournissait pas assez d'éléments, selon un jugement consulté par l'AFP.
Mi-février, Jean Nouvel attaquait en justice le maître d'ouvrage de la Philharmonie de Paris, pour n'avoir pas honoré, pendant la construction, 26 points du dessin initial. Selon l'architecte, ce dernier aurait modifié sans son accord des éléments structurants de son oeuvre, notamment l'enveloppe générale du bâtiment, les foyers de la salle de concert et la volumétrie générale de celle-ci. Il demandait donc que la justice ordonne à la Philharmonie les travaux nécessaires à la remise en état du bâtiment, situé dans le XIXe arrondissement de Paris, tel qu'il l'a conçu.
Des documents pas assez détaillés
Mais dans son jugement consulté par l'AFP, la 3ème chambre civile du TGI de Paris a considéré que les documents versés par Jean Nouvel "ne permettent pas au tribunal d'appréhender l'oeuvre telle que revendiquée dans son état définitif, dans sa globalité comme dans ses détails". "Par conséquent, le tribunal n'ayant pas connaissance des contours de l'oeuvre revendiquée, la demande en dénaturation présentée" par l'architecte a été déclarée irrecevable.
"Rien ne se fait aux Ateliers Jean Nouvel sans moi. J'initie et je contrôle chaque chose. Je ne peux pas vous dire que j'ai tout fait, cela n'aurait pas de sens. Mêmes les artistes contemporains aujourd'hui ne font plus leurs œuvres eux-mêmes, c'est d'une autre époque. Mais l'architecte, c'est moi", déclarait-il, à l'époque, dans les colonnes du Monde. Avant d'ajouter : "Contre tous les conseils de son architecte depuis 2013, le bâtiment a été ouvert dans un planning ne permettant pas de respecter les exigences architecturales et techniques (…). La Philharmonie s'est tirée une balle dans chaque pied".
Dans un communiqué, Jean Nouvel estime que "le tribunal a jugé qu'il est bien l'auteur de la Philharmonie de Paris, ce que la partie adverse contestait". Par ailleurs, "le tribunal s'est déclaré compétent, ce que contestait aussi la partie adverse", affirme-t-il. "Aujourd'hui, il manque au tribunal quelques éléments de précision et de comparaison pour se prononcer. Ce n'est que partie remise pour Jean Nouvel qui continue de se battre pour que la Philharmonie de Paris soit conforme à sa vocation et à son ambition", ajoute le communiqué.
De son côté, la direction de la Philharmonie, interrogée par l'AFP, a estimé que "Jean Nouvel avait été débouté de toutes ses demandes". "Nous accueillons le jugement avec sérénité", a-t-elle ajouté.