REACTION. L'éditeur de logiciels qui a fait l'objet de deux pétitions de la part de l'Unsfa réfute toute accusation de vol de données des architectes. Emmanuel Di Giacomo, responsable du développement de l'écosystème BIM en Europe pour Autodesk fait le point.
Architecte de formation et utilisateur de solutions 3D depuis 25 ans, Emmanuel Di Giacomo est également responsable du développement de l'écosystème BIM pour Autodesk au niveau européen. Pour Batiactu, il répond aux accusations de l'Unsfa sur le "generative design" et la propriété intellectuelle des données de la maquette numérique (lire notre article : "Colère des architectes contre l'éditeur Autodesk"). "Le generative design n'est pas nouveau, il existe depuis plus d'une dizaine d'années chez différents éditeurs, et il est très employé dans l'automobile ou l'aéronautique". Cette technologie permet en effet de multiplier les itérations et de tester une très grande quantité d'options afin d'en retenir un petit nombre.
Le spécialiste nous précise : "Dans l'architecture, il existe deux approches différentes : la première consiste à définir des objectifs et des contraintes pour un projet. Par exemple à partir d'un PLU, il est possible d'obtenir le gabarit du bâtiment : hauteur maximale, épaisseur, nombre d'étages... Le maître d'œuvre obtient des réponses grâce au calcul des algorithmes : 10, 20 voire 100 possibilités d'enveloppes possibles, assez grossières. Mais c'est comme une maquette en glaise : à partir d'une vague forme, il faut affiner. Le rôle de l'architecte reste donc important".
Le responsable du développement de l'écosystème BIM en Europe donne une analogie : "Dans l'industrie automobile, l'utilisation de logiciels de simulation aérodynamique a-t-elle fait que les voitures sont dessinées par des ordinateurs seuls ? Non, les designers continuent à les concevoir et ce rôle de conception reste crucial. L'outil numérique reste une aide à la décision, il ne remplace pas la créativité des professionnel".
Puis l'architecte revient sur la deuxième approche possible, celle qui semble inquiéter davantage l'Unsfa : la génération de nouvelles constructions à partir de données collectées dans d'anciens projets. Emmanuel Di Giacomo nous révèle : "Cette option repose sur les propres projets de l'architecte qui utilise le logiciel. Il peut choisir de piocher dans ses données et laisser la machine identifier son style pour lui faire des propositions, s'il a déjà réalisé plusieurs bâtiments similaires".
"Il n'y a aucun stockage", Emmanuel Di Giacomo, Autodesk
Les données restent donc entièrement la possession du maître d'œuvre et ne peuvent servir qu'à ses propres réalisations et seulement s'il le souhaite. L'expert d'Autodesk insiste : "Ces données client sont protégées et même cryptées dans le Cloud. Nous n'y avons pas accès. Elles restent la propriété de l'architecte ! Et elles sont supprimées des serveurs si la licence n'est pas renouvelée. Il n'y a aucun stockage". Il souhaite donc rassurer totalement les architectes sur ces aspects de propriété intellectuelle. Et l'éditeur s'étonne de faire l'objet d'une seconde pétition de la part de l'Unsfa, sans avoir été contacté au préalable, alors que des échanges avaient été menés suite à la première, qui portait cette fois sur les coûts de licence.
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Sur les aspects d'intelligence artificielle, qui pourrait remplacer à terme certains professionnels, Emmanuel Di Giacomo conclut : "L'intelligence artificielle va sauver des vies sur les chantiers. Au-delà des aspects de conception que nous avons évoqués, elle servira par exemple à repérer les ouvriers qui ne portent pas d'équipements de protection grâce à des paires de lunettes hololens. Il y a un travail avec une startup qui est mené là-dessus. L'IA révélera les risques de danger". Il ne semble faire aucun doute pour lui que la révolution numérique sera bénéfique pour tous les professionnels qu'elle améliorera la sécurité et la qualité de réalisation des chantiers.