CHRONIQUE. Semaine atypique s'il en est ! Marquée par un soubresaut politique portant un coup d'arrêt sur tous les dossiers en cours, le secteur se retrouve suspendu aux élections à venir, dans l'attente, face à la crise...
"O Fortuna (...) Sort cruel et vain, tu es une roue qui tourne, une base instable, un salut trompeur, qui peut se briser à tout instant." Faut-il y voir un coup du sort ? Est-ce le destin ? Il aura suffi d'un dimanche d'élections pour que tout se retrouve chamboulé. "Revoir ta copie, remuer les amis/Les ennuis, les envies, les désirs et les sens de ta vie, tout changer..." Avec la dissolution de l'Assemblée nationale annoncée par le Président de la République ce 10 juin, le temps se trouve suspendu et l'issue, incertaine. Tout est à refaire, tout est mis par terre : projets et propositions de loi, décrets et arrêtés, mais aussi ministères, tandis que les directions administratives sont mises sous silence pendant la période de réserve républicaine. Le ministre Guillaume Kasbarian, qui se représente à la députation dans son fief d'Eure-et-Loir, aura ainsi été sauf erreur, le ministre qui sera resté le moins longtemps en poste sur le sujet du logement de la Ve République.
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En attendant, notre pays est entré ces derniers jours dans une danse infernale, une danse des couteaux politique. Mais quid des conséquences à court et long terme ?
Everybody Hurts*
Du côté des professionnels de notre secteur, passé le moment de sidération, les réactions oscillent entre divers sentiments : peur, résignation, colère, attentisme, engagement… Mais tous s'accordent sur le danger du temps qui passe, face à une crise du logement et de la construction neuve à l'ampleur inédite.
Donne-moi le temps !
Nous sommes en effet dans un secteur où le temps des projets dépasse celui du politique, où la mesure se compte en années et où perdre du temps coûte, ici comme ailleurs, de l'argent. Avoir de la visibilité est ainsi souvent la clé et, face à la crise actuelle, l'État était bien sûr attendu au tournant. Il faut de fait, se résigner à patienter encore, "oublier le temps perdu à savoir comment oublier ces heures"...
Avec la petite musique de la semaine, découvrez une chronique/playlist inédite, éclectique et subjective qui se construit au gré de l'actualité… Un mot, une situation, une mesure et des notes et/ou paroles qui viennent ou restent en tête... bonne écoute !
À force, d'aucuns pourraient vouloir s'arrêter, rêver à un monde meilleur, où tout serait plus simple : "Such a lovely house (…) No alarms and no surprises…" (une si belle maison, sans alarme ni surprise). Rêver à une France d'avant, sans problèmes et sans aspérités, entre nous. Mais ce temps d'avant, je crois que nous l'avons déjà évoqué, n'existe pas. Le monde est ainsi ! Ce qui a changé, c'est la vitesse du temps des événements. On y pense et on l'oublie, mais c'est la vie : tout va plus vite et les aléas se font plus nombreux.
Sign o'(f) the Times*
Il faut ainsi trouver les ressources pour être plus agiles encore. Et cette période confirme ce que beaucoup d'acteurs de notre secteur ont déjà compris : les bouleversements de ce monde et les changements de modèles que cela implique, poussent à ne plus attendre la seule réponse de l'État à tous les problèmes. Il faut continuer à avancer, à innover, à dialoguer au sein de la filière, à porter des propositions concrètes pour avancer ensemble, vers des solutions pérennes. Attention, ne plus tout attendre, ne veut pas dire ne rien demander à l'État, rappellent-ils de concert, il en va de sa responsabilité de s'impliquer et que chacun trouve sa juste place.
Enfin, les feuilles mortes se ramassant à la pelle, les souvenirs et les regrets aussi, alors que notre pays se trouve dans un de ces moments charnières que lui seul, sait se créer, donnons-nous tous rendez-vous, non pas dans dix ans, mais dans dix jours : à chacun son isoloir et ses idéaux, ses espoirs et ses craintes, ses choix et ses responsabilités, mais votons le 30 juin et le 7 juillet.
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La playlist de la petite musique de la semaine
- "O Fortuna", dans Carmina Burana, Carl Orff
- Le Danger, Françoise Hardy
- "Danse Infernale", dans L'Oiseau de Feu d'Igor Stravinski
- "La danse des Couteaux", dans Romeo et Juliette, Prokofiev
- Everybody Hurts, R.E.M.
- No Surprises - Radiohead
- Entre nous, Chimène Badi
- Donne-moi le temps, Jenifer
- Ne me quitte pas, Jacques Brel
- Et moi, et moi, et moi ("J'y pense et puis j'oublie, c'est la, c'est la vie") Jacques Dutronc
- Sign o' the Times, Prince
- Les feuilles mortes, Jacques Prévert (ici dans la version chantée par Yves Montand)
- Place des Grands Hommes, Patrick Bruel
*"Everybody hurts" : tout le monde souffre ; "Sign of times" : signe des temps