CHRONIQUE. Cette semaine de 1er mai a été marquée notamment par des travaux parlementaires sur le logement : la proposition de loi Causse et le rapport de la mission d'information menée au Sénat. Tandis que la première a connu son chant du cygne, l'autre entend bien faire du bruit...
"Au travail !" En ce lendemain de 1er mai, difficile de ne pas évoquer la Fête du Travail : elle a permis à toute la France de profiter d'un jour férié pour célébrer les travailleurs de tous horizons. Notons que nous célébrons aussi l'arrivée de ce joli mois de mai où, du fait de la multiplication des jours chômés particulièrement rapprochés cette année, le "je ne veux pas travailler" semble pourtant tenir la corde... Mais ne nous attardons pas sur ce paradoxe.
Safe and sound*
Quelques jours après la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail (le 28 avril), ce 1er mai est surtout l'occasion de rappeler l'importance de la prévention des risques professionnels dans notre secteur. L'OPPBTP, l'organisme de prévention du BTP, l'a d'ailleurs réaffirmé ce 29 avril, en rappelant la mise en place du FIPU, le "fonds d'investissement dans la prévention de l'usure professionnelle", un dispositif d'aide aux investissements sur le sujet, et dont chaque entreprise peut désormais profiter depuis sa mise en place opérationnelle, en mars dernier.
Mais l'actualité de notre secteur en ce moment, c'est bien celle de la crise du logement. Et elle s'est bien faite entendre cette semaine, nous permettant de mettre en lumière également le travail particulier, tout aussi essentiel à notre société, qu'est celui du parlementaire. Avec ses hauts, ses bas voire... ses "upside down"*…
Avec la petite musique de la semaine, découvrez une chronique/playlist inédite, éclectique et subjective qui se construit au gré de l'actualité… Un mot, une situation, une mesure et des notes et/ou paroles qui viennent ou restent en tête... bonne écoute !
Requiem pour la PPL
Car la semaine a commencé par un requiem : la proposition de loi (PPL) sur la réforme du Haut Conseil de la Stabilité Financière (HCSF) de Lionel Causse, député Renaissance de la deuxième circonscription des Landes et président du Conseil national pour l'habitat, a en effet connu un enterrement de première classe. Déjà corrigé en commission, le texte a finalement été retiré par le député lui-même ce lundi. La cause ? Une première journée de débats et d'adoption d'amendements en première lecture qui l'ont totalement "vidé de sa substance".
"Je demande le retrait de ce texte qui n'a plus aucun sens et plus aucune raison d'être", Lionel Causse, sur sa proposition de loi, le 29 avril 2024.
Son objectif, soutenu de prime abord par le ministre de l'économie, était de réviser le fonctionnement du HCSF, qui établit les règles bancaires d'octroi de crédits. Mais la Banque de France et la Banque centrale européenne, ainsi que des députés de l'opposition, ont émis d'importantes réserves sur cette réforme, tandis que la majorité présidentielle n'a pas réussi à s'entendre sur le sujet... Malmenée de bout en bout, cette proposition de loi a donc connu son chant du cygne... "this is the end" ? Pas sûr...
"Logement trop cher"
Car du côté du Sénat, le rapport de la mission d'information sur la crise du logement, menée notamment par la présidente de la Commission des Affaires économiques, la sénatrice (LR) Dominique Estrosi-Sassone (avec comme rapporteures Viviane Artigalas -PS- et Amel Gacquerre - UDI) a été rendu public ce mardi. Et une fois n'est pas coutume, ce sont les parlementaires elles-mêmes qui ont fredonné pendant leurs travaux. Elles ont en effet cité les membres du groupe Téléphone dès le début de leur rapport : selon elles, ils n'auraient en effet pas renié en 2024 leurs célèbres paroles "Logement trop cher, trop petit, la vie n'a pas de prix !"
"Le Gouvernement a une lourde responsabilité dans l'aggravation de la crise." Dominique Estrosi Sassone, communiqué du Sénat, 30 avril 2024
"Can I Kick It ?"***
Et de tacler sans ménagement le Gouvernement, particulièrement responsable de l'aggravation de la crise, selon le rapport, visant des "mesures contreproductives ou insuffisantes. Il faut au contraire vigoureusement débloquer le marché et s'atteler à une véritable refondation pour traiter les causes structurelles, sinon la crise du logement sera non seulement une bombe sociale, mais aussi politique" souligne ainsi Dominique Estrosi-Sassonne. Et pour cette refondation, le rapport propose donc 10 mesures, à court et moyen terme, pour enrayer la crise. Parmi elles, on retrouve ainsi la suppression du caractère obligatoire des préconisations du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), portée par Lionel Causse "qui expliqueraient de l'ordre de 20 % des refus de crédit aujourd'hui. Or, dans le contexte actuel de gel du marché, il n'est pas nécessaire de refroidir le moteur."
Quant au gouvernement, ses réponses ne se feront pas attendre : le ministre du logement Guillaume Kasbarian présente en effet ce vendredi 3 mai en Conseil des ministres (et oui, pont de l'Ascension oblige, ce dernier ne se tiendra pas mercredi prochain), son projet de loi relatif au développement de l'offre de logements abordables. Ainsi le mot d'ordre de son côté pourrait être non seulement "I still standing"*, mais surtout, "wait for it."*
La playlist de la petite musique de cette semaine
- Let's work, Mick Jagger ;
- Joli mois de mai, Marcel Amont. Mais aussi dans un autre style, Month of May par Arcade Fire ;
- Safe and sound, Capital cities
- Sympathique, Pink martini ; mais le saviez-vous ? Cette chanson est issue d'un poème d'Apollinaire, lui-même mis en musique également par Francis Poulenc, pour sa mélodie Hôtel de son cycle intitulé "Banalités" ;
- Upside down , Diana Ross ;
- Requiem : le choix de manque pas... Citons bien sûr celui de Mozart (ah le Lacrimosa ..., mais aussi celui de Gabriel Fauré. Mais il y en a plein d'autres !
- End of the night, The Doors
- Argent trop cher, Téléphone
- Can I Kick It ?, A Tribe Called Quest
- I still standing, Elton John
- Wait for it, extrait de la comédie musicale Hamilton, Leslie Odom Junior.
*- Sain et sauf
- Sens dessus dessous
- Est-ce que je peux donner un coup de pied ?
- Je reste debout
- Attendez voir