Pour les personnes à mobilité réduite, trouver un logement peut relever du casse-tête. Conscient de leurs difficultés, une agence immobilière crée un service spécialisé de coaching dans ce secteur, sur Paris et la région parisienne ouest. Initiative.
Conscients de ces difficultés, Marie-Christine Duroyon-Flahaut et Joël Thizy ont lancé la société Le Coéquipier Immobilier.com, spécialisé dans la recherche de biens sur Paris et la région parisienne ouest, pour les handicapés moteurs et personnes à mobilité réduite (PMR). "Acheter un bien pour les personnes à mobilité réduite est un acte fastidieux, explique-t-on chez Coéquipier immobilier, car il faut pouvoir se déplacer régulièrement et cette tâche n'est pas à la portée de tous. C'est pour cette raison que notre société s'est tournée vers ces personnes pour les aider dans leurs démarches et ainsi leur apporter des conseils professionnels et éthiques, une approche stratégique, conviviale, et sécurisée avec une personne de confiance qui les aidera dans toutes leurs démarches relatives à l'acquisition d'un bien immobilier". Des démarches administratives au suivi de travaux éventuels, la société annonce de nombreux services.
Mais comment fonctionne concrètement ce service de coaching ? Pour en savoir plus, Batiactu a interrogé la gérante de la Société Le Coéquipier Immobilier.com, Marie-Christine Duroyon-Flahaut.
Batiactu : D'où vous est venu ce concept de "coaching immobilier" pour les personnes à mobilité réduite ?
Marie-Christine Duroyon-Flahaut : Notre démarche a débuté lors d'une récente rencontre avec Dorine Bourneton* qui nous a exposé le désarroi des personnes à mobilité réduite face à la recherche d'un appartement et leurs nombreuses contraintes pour visiter ou encore sélectionner un bien adapté. Partant de ce constat, nous avons décidé de nous orienter plus particulièrement sur la recherche de biens pour les handicapés moteur... un défi que nous souhaitons relever pour aider ces personnes à trouver, comme chacun, un bien immobilier adapté à leurs besoins.Batiactu : Avez-vous une idée de l'importance du marché des logements accessibles aux personnes à mobilité réduite ?
M.C.D-F. : Sur Paris, le nombre d'appartements est très faible, probablement moins de 5 %. Dans l'ancien, et le semi-récent, c'est d'ailleurs exceptionnel qu'un appartement soit accessible. Il y a pratiquement systématiquement des portes trop étroites, des marches pour accéder aux immeubles, des seuils de porches infranchissables, des ascenseurs trop petits ou absence d'ascenseurs ou encore des rues adjacentes trop pentues (par exemple, le IXe ou le XVIIIe arrondissements sont difficilement accessibles à des personnes à mobilité réduite).Dans les immeubles très récents, le taux de biens accessibles augmente et devrait croître encore dans les années à venir, suite aux nouvelles lois sur le handicap.
Batiactu : Quelles sont les principales difficultés rencontrées par une personne à mobilité réduite lors de la recherche d'un logement ?
M.C.D-F. : Les difficultés pour trouver un logement sont de plusieurs ordres : déplacements fréquents pour des visites de produits qui ne sont pas accessibles comme, par exemple, une porte trop étroite qui empêche de rentrer dans le bâtiment ; un investissement limité des agences immobilières devant la difficulté à trouver un bien adapté ; et bien sûr, leur nombre de biens très limité.Batiactu : Savez-vous quels sont les besoins ?
M.C.D-F. : Chaque personne doit être considérée comme un cas particulier, car ses besoins seront différents. Par exemple, tous les fauteuils ne sont pas de largeur identique. Il y a les standards législatifs dans les constructions neuves, qui imposent des largeurs de porte minimale acceptables pour tous, des rayons de circulation minimum, mais pour l'ancien, il faut faire avec l'état du parc existant. La volonté de trouver un appartement dans un immeuble ancien, par exemple, incitera une PMR à accepter certains produits difficilement accessibles, mais avec un charme tout autre.Batiactu : Les critères sont donc à étudier au cas par cas...
M.C.D-F. : Oui, mais certains reviennent souvent : la largeur des portes ; un espace de circulation dans les pièces (en particulier les sanitaires et la salle de bains) et les couloirs ; l'absence de marche ; l'absence de seuil de porte ; enfin, un quartier relativement plat afin de circuler librement et de façon autonome dans les rues.Batiactu : Etes-vous affilié agent immobilier (avec carte professionnelle) ou coach ? Comment s'effectue votre rémunération et à combien s'élève-t-elle pour le particulier dans ce cas spécifique de coaching ?
M.C.D-F. : Hormis la fonction de coaching sur Paris et Petite Couronne, le Coéquipier Immobilier fonctionne comme une agence. Nous sommes titulaires de la carte professionnelle et sommes inscrits à un syndicat professionnel. Cela garantit une déontologie totalement professionnelle, aussi bien pour les acquéreurs que pour les vendeurs. La rémunération dépend, quant à elle, de la charge du travail demandée. Que cela soit pour une personne à mobilité réduite ou pour tout autre client, elle sera identique et variera donc de 3 à 6% en fonction du travail réalisé.Batiactu : Ce service n'est proposé que pour Paris et sa région, allez-vous l'étendre prochainement ?
M.C.D-F. : Actuellement, devant l'ampleur et la difficulté de notre tâche, nous nous concentrons sur Paris et la région parisienne Ouest, pour apporter le meilleur service, d'autant plus que ce sont des régions que nous maîtrisons parfaitement. Pour la province, nous verrons dans les prochaines années...Dorine Bourneton est handicapée, responsable d'associations. Elle est notamment la première femme handicapée moteur à avoir obtenu son brevet de pilote et a écrit un ouvrage intitulé La Couleur préférée de ma mère, paru en 2002 aux Éditions Robert Laffont (198 pages, 18,10 euros).