A mille jours des premiers jeux Olympiques de Pékin, le régime communiste prépare activement ce qu'il espère être un tremplin propulsant la Chine dans le camp des grandes puissances modernes.

La capitale célèbrera samedi la date symbolique qui la sépare du début des jeux, le 8 août 2008, en lançant une campagne nationale d'"éducation olympique" à l'attention des jeunes. La veille au soir, la mascotte des jeux aura été dévoilée.

Soucieux d'utiliser les jeux Olympiques à des fins patriotiques, le gouvernement chinois souhaite aussi que l'événement reflète l'ascension politique et économique du pays sur la scène internationale. Entre 25 et 35 milliards de dollars, selon des estimations semi-officielles, seront investis dans les infrastructures de Pékin (aéroport, routes, métro, nouveaux quartiers résidentiels, etc.). Quelque 1,8 million d'emplois ont été ou seront créés, non seulement pour ces infrastructures mais aussi pour les sites tels le nouveau stade olympique (386 millions de dollars) ou le Centre aquatique national.

Les autorités se défendent toutefois d'être dispendieuses. «Nous adhérons au principe de frugalité», affirme le vice-président du Comité d'organisation (BOCOG), Jiang Xiaoyu. Alors que les jeux d'Athènes avaient coûté 2,4 milliards de dollars, le budget de fonctionnement de ceux de Pékin s'élève à 1,61 milliard de dollars pour des recettes attendues de 1,625 milliard de dollars, selon M. Jiang. Tant au plan des investissements que de l'organisation, le CIO se montre résolument optimiste. «Nous savons que la Chine est tout à fait capable d'organiser de grands événements sportifs», déclarait le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, lors de sa dernière visite dans la capitale chinoise, en octobre. «Nous sommes sûrs que les jeux Olympiques de 2008 seront un grand succès», ajoutait M. Rogge avant d'assister à l'ouverture des jeux nationaux de Chine, à Nankin.

Les préparatifs vont tellement bon train que le BOCOG a dû ralentir la cadence, à la demande du CIO. «A moins de trois ans des jeux, nous regardons au-delà des infrastructures et des aspects opérationnels, nous pensons déjà à ce que les peuples en Chine et dans le monde ressentiront», affirmait récemment Hein Verbruggen, le «monsieur Pékin 2008» du CIO. La campagne aux forts accents patriotiques, voire nationalistes, lancée par le régime communiste, a conduit certains de ses détracteurs à comparer les jeux de 2008 à ceux de Berlin en 1936, utilisés par Hitler pour glorifier la nation allemande, la race aryenne et le parti nazi. Tant les organisateurs des JO que le CIO rejettent évidemment cette accusation, affirmant au contraire que les jeux de Pékin donneront à la jeunesse chinoise une vision plus cosmopolite du monde. Le patron du Parti communiste chinois (PCC) de Pékin, Liu Qi, également président du BOCOG, a réaffirmé la semaine dernière que toutes les installations seraient prêtes dès fin 2007 et a annoncé l'entrée de l'«éducation olympique» dans le cursus scolaire. «Le BOCOG va fournir des documents à toutes les écoles, les collèges et les lycées du pays», a déclaré Liu Qi, sans en dévoiler le contenu. Si cette campagne, qui évoque certaines grandes heures du maoïsme, est gagnée d'avance, la bataille contre la pollution est plus difficile dans une ville qui se place au premier rang des plus irrespirables au monde. Les autorités prévoient déjà d'interdire, si nécessaire, l'usage des voitures particulières en août 2008 à Pékin.



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