UN PROJET/ UNE PARTICULARITE. Une passerelle imaginée par l'agence belge Ney & Partners, associée à William Matthews Associates, permettra d'enjamber, d'ici à 2019, les falaises ciselées des Cornouailles (Grande-Bretagne) pour découvrir le château de Tintagel. Les concepteurs ont opté pour deux porte-à-faux indépendants qui se rejoindront au centre de la traversée mais sans se toucher...
Sur ce plateau des Cornouailles (Grande-Bretagne), très mouvementé par le vent et des crues de 25 mètres, une nouvelle passerelle sera conçue en 2019 pour enjamber les falaises et découvrir le château de Tintagel datant du 13ème siècle, aujourd'hui en ruines.
"Ici, c'est un mélange d'histoires, de légendes, et de rappels archéologiques assez fort, nous confie, Matthieu Mallié, directeur du projet et architecte de l'agence bruxelloise Ney & Partners, lauréate du projet aux côtés de William Matthews Associates en mars dernier.
"Ici, c'est un mélange d'histoires, de légendes, et de rappels archéologiques assez fort, nous confie, Matthieu Mallié, directeur du projet et architecte de l'agence bruxelloise Ney & Partners, lauréate du projet aux côtés de William Matthews Associates en mars dernier.
"Faciliter l'accès au site, car il n'existe à ce jour qu'un pont de bois."
"Face à 136 candidats et ensuite six équipes d'architectes et d'ingénieurs - dont deux françaises, l'agence de l'architecte Dietmar Feichtinger avec Terrell et le cabinet d'ingénierie RFR - on a pu présenter au maître d'ouvrage British Heritage ce nouveau pont qui attire, surtout l'été, quelque 200.000 visiteurs par an", précise l'architecte. L'objectif du programme était donc clair dès le départ : "Faciliter l'accès au site, car il n'existe à ce jour qu'un pont de bois."
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Un système de construction en "encorbellement"
La proposition de Ney & Partners, associée à William Matthews Associates pour la passerelle du Château de Tintagel, est basée sur un concept simple. "Il s'agit de recréer le lien qui existait autrefois et comblait le vide actuel. Au lieu d'introduire un troisième élément portant d'un côté à l'autre, on propose de placer deux porte-à-faux indépendants qui se rejoignent au milieu sans se toucher, ou presque... ,explique Matthieu Mallié. C'est ainsi par cette absence de matière au milieu de la traversée que le vide est mis en valeur."
Quatre ancrages dans la roche
Effectivement, Ney & Partners et William Matthews Associates ont opté pour un système de construction en "encorbellement". "A l'issue d'investigations sur la roche qui ont montré la faisabilité du projet, cette technique va nous permettre d'avancer de manière séquentielle dans le vide à partir des culées, sans avoir besoin de supports temporaires, signale Matthieu Mallié. Avec quatre ancrages dans la roche, ce procédé réduit également les risques : la structure est statiquement déterminée et, par conséquent, les forces sont contrôlées, prévisibles et ce, indépendamment de tout mouvement potentiel des fondations."
Une plate-forme conçue en ardoises
Sur la roche érodée au fil du temps, la structure, haute de 4,50 m, atteindra une épaisseur de 170 mm à mi-travée, avec un joint ouvert entre les deux parties, détaille le concepteur.
Avant d'ajouter : "La structure principale et les balustrades d'un poids de 112 tonnes seront en acier auto-patinable alors que la surface de la plate-forme sera faite d'ardoises et la main courante en chêne."
Vers un acier auto-patinable
Pour la structure principale de 65 mètres, Ney & Partners et William Matthews Associates proposent d'utiliser l'acier auto-patinable. "Et les diagonales liaisonnant le platelage à la membrure inférieure sont en acier inoxydable, complète l'architecte belge. Quant aux garde-corps, en contact des visiteurs, nous avons préconisé l'usage d'un grenaillage donnant un aspect plus tactile et raffiné à l'acier inoxydable, en opposition à la rugosité de l'acier auto-patinable."
De plus, le revêtement du platelage sera constitué d'étroites bandes d'ardoises fixées verticalement sur un lit de sable et une couche drainante.
Deux ans de travaux
Les travaux pour l'intégration harmonieuse de la nouvelle passerelle sur le plateau des Cornouailles devraient débuter en 2017 pour une durée de deux ans.
"Le vide sera mis en valeur"
Autre impératif : "Nous devons tenir compte de l'aspect sauvage du paysage environnant et de la fragilité des vestiges historiques et de l'écologie, car nous sommes sur un site protégé", conclut Matthieu Mallié le directeur du projet, nous assurant, que "c'est par cette absence de matière au milieu de la traversée que le vide sera est mis en valeur."
Lieu : Tintagel, (Grande-Bretagne)
Architectes : Ney & Partners - William Matthews Associates, lauréats en mars 2015
Maître d'ouvrage : English Heritage
Bureau d'études structure : Ney & Partners
Longueur totale du pont : 66,70 m
Portée du porte-à-faux : 28,50 m
Largeur utile : 2,5 m (entre les garde-corps)
Largeur totale : 3 mètres
Hauteur maximale : 4,40 m (sous la culée)
Hauteur minimale : 0,175 m
Poids total de la structure acier : 66 tonnes
Poids total du pont : 112 T
Etudes : 2016
Début des travaux : 2017
Réalisation : 2019
Budget : 5 millions d'euros