Un mobilier urbain expérimental va s'installer à Alésia (14e arrondissement de Paris) : il captera du CO2 et produira de l'oxygène grâce à une cuve remplie de micro-algues. Un puits de carbone design et typiquement parisien.

Les colonnes Morris ont toujours été vertes. Mais celle qui va être installée à la place Victor & Hélène Basch dans le quartier Alésia du 14e arrondissement de Paris, ne se recouvrira pas d'affiches de théâtre. Elle restera toute verte pour une bonne raison : elle abritera une culture de micro-algues qui pourront prospérer en absorbant du gaz carbonique et en rejetant de l'oxygène dans l'atmosphère polluée de la capitale.

 

Fruit d'un partenariat entre Suez Environnement et la startup Fermentalg (Gironde), ce mobilier urbain d'un nouveau genre participera donc à la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour "contribuer au ralentissement du réchauffement climatique". C'est la photosynthèse des micro-algues qui permettra de capturer le carbone dans ce puits artificiel. Ses concepteurs estiment qu'une colonne Morris représentera l'équivalent d'une centaine d'arbres ! Ils espèrent ainsi "apporter une réponse concrète et durable s'inscrivant dans une logique d'économie circulaire", au même titre que d'autres initiatives comme la récupération de l'énergie des eaux grises ou la production d'énergie verte grâce à la biomasse. Les deux partenaires industriels prévoient d'ailleurs que l'excédent de production algale soit évacué par le réseau d'assainissement pour être traité et valorisé énergétiquement en station d'épuration par incinération des boues ou méthanisation.

 

En vert et contre tous (les gaz)

 

L'objet urbain a été choisi pour "susciter le dialogue citoyen". Les colonnes Morris "ordinaires" qui sont au nombre de 550 dans les rues de Paris, sont nées en 1868 sous l'impulsion de l'imprimeur Gabriel Morris, spécialisé dans la promotion des spectacles. Elles ponctuent le paysage parisien au même titre que les fontaines Wallace. Mais la forme de la colonne sera également un avantage pour maximiser les apports de lumière dans le milieu de culture, sans problème d'orientation, ni de fragilité. Le réservoir mesurera 4 mètres de haut et 2,5 mètres de diamètre. Fermentalg sélectionnera les souches d'algues les plus indiquées pour fixer le CO2 ainsi qu'une partie de l'oxyde d'azote (NO) produit par le trafic automobile.

 

 

La Mairie de Paris et Suez Environnement prévoient de tester cette colonne-puits de carbone pendant au moins un an, sur cet axe routier particulièrement emprunté, à quelques hectomètres de la porte d'Orléans, l'axe d'entrée au sud de la capitale. Bertrand Camus, le directeur général de Suez France, explique dans les colonnes de 20 minutes : "Si cette expérimentation s'avère efficace en termes de captation, le processus pourrait être déployé sur d'autres zones à forte concentration de gaz carbonique, comme les bouches d'aération de parkings ou sur les parois des tunnels du périphérique". La section assainissement des services de la ville veillera à ce que l'eau chargée d'algues ne génère pas de problèmes au niveau des canalisations d'égouts. Le principe de culture des micro-algues fixatrices de CO2 est une piste prometteuse déjà explorée par des industriels du ciment, comme Calcia à l'unité de Gargenville (Yvelines) ou par des cabinets d'architectes comme X-TU. Les prémices d'une ville totalement verdie comme l'imagine Vincent Callebaut peut-être ?

 

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