CRISE DU LOGEMENT. L'idée fait son chemin dans les couloirs de l'Hôtel de ville et ceux du Palais Bourbon depuis déjà quelques années. Tiraillé entre la vacance de logements et l'explosion des locations de courte durée, Paris souhaite fusionner deux taxes afin de créer un impôt unique "pour la mobilisation des logements sous-occupés". Objectif : inciter les propriétaires à privilégier la location ou à privilégier la chambre d'hôtel plutôt que monopoliser un bien pour des occupations occasionnelles.

A ce jour, la ville de Paris perçoit deux contributions liées à la taxe d'habitation: l'une portant sur les logements vacants, l'autre sur les résidences secondaires. Les gains de la première taxe sont reversés à l'Anah, les seconds vont aux recettes de la municipalité, contribuant, entre autres, à financer le logement social.

 

Avec une taxe moyenne de 600 euros pour les résidences secondaires, la ville de Paris estime ce moyen coercitif encore "trop faible", selon le conseiller parisien (PCF) Jacques Baudrier, délégué à l'architecture, aux constructions publiques et au renouvellement urbain. Si ces deux taxes "ont le mérite d'exister, elles demeurent inefficaces dans la mesure où les propriétaires peuvent faire un arbitrage et passer d'un logement vacant à une résidence secondaire selon l'évolution de telle ou telle taxe".

 

Résultat d'une fusion, la nouvelle taxe se verrait également augmentée pour atteindre "de 4.000 à 5.000 euros par an, de manière à ce que cela soit assez aberrant économiquement pour une fortune moyenne", estime Jacques Baudrier. Et d'assurer que le but "n'est pas de rançonner, mais que cette taxe s'éteigne d'elle-même" en remettant des logements sur le marché parisien.

 

Plus de 200.000 logements quasi-vides

 

Auteur avec l'adjoint parisien au logement Ian Brossat du recueil "Paris n'est pas à vendre", Jacques Baudrier est aussi la plume du groupe communiste à l'Assemblée nationale, notamment chargé de la rédaction des amendements. Dont celui qui concerne la taxe pour la mobilisation des logements sous-occupés, et qui a été repris dans des termes semblables par le groupe socialiste et même Les Républicains selon le conseiller parisien.

 

Tentant d'intégrer cette mesure à chaque projet de loi finances ou la récente loi Elan, les deux élus communistes au Conseil de Paris - Ian Brossat et Jacques Baudrier - sont soutenus par la maire de Paris, Anne Hidalgo. "Quand il était encore ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard nous a indiqué qu'il s'agissait d'une suggestion intéressante et qu'elle pourrait être reprise dans la prochaine loi sur les collectivités locales", rapporte Jacques Baudrier.

 

Si l'amendement a de quoi susciter l'ire des défenseurs du droit à la propriété, la ville de Paris pointe ces "107.000 logements vacants et 115.000 résidences secondaires recensés". "C'est monstrueux", commente Jacques Baudrier qui associe ces statistiques "à l'explosion des logements de type Airbnb, mais aussi le trader de Londres ou l'hériter américain qui trouvent que ça fait cool d'avoir un appartement à Paris, ville-monde".

 

actionclactionfp