Anne Hidalgo a annoncé, vendredi 3 juin 2016, le prochain départ du directeur général de Paris Habitat, office municipal dédié au logement social, mis en cause par des enquêtes de presse pour "des faits graves" et de possibles malversations.

Coup dur pour la maire de Paris. Alors qu'Anne Hidalgo déclare faire "de la sobriété et de l'exemplarité de la gestion des sociétés et établissements dépendant de la Ville de Paris une priorité" de son mandat, une enquête menée par l'hebdomadaire Marianne vient perturber la municipalité. En effet, l'enquête révèle une série de dysfonctionnements dans la gestion de l'office municipal, Paris Habitat, premier bailleur social d'Ile-de-France avec 122.000 logements. Elle évoque notamment d'énormes surfacturations de travaux, des achats de mobilier coûteux ensuite introuvables, des bons de travaux "bidon", etc.

 

Des sanctions sévères

 

Dans un communiqué, Anne Hidalgo indique avoir "découvert avec stupeur" ces faits révélés par la presse le 3 juin, et affirme qu'il n'est "plus acceptable que l'office municipal soit mis en cause de façon répétée pour des faits graves". Elle précise d'ailleurs qu'une "enquête interne doit très rapidement faire la lumière sur l'ensemble de ces faits et clarifier les responsabilités. Des sanctions très sévères devront être prises à l'encontre des responsables. La justice devra être saisie si les faits constatés le nécessitent", ajoute-t-elle. L'élue indique également qu'il sera proposé "dans les tous prochains jours" au conseil d'administration de Paris Habitat de mettre fin aux fonctions de son directeur général.

 

"A des problèmes majeurs déjà connus d'exemplarité de l'équipe dirigeante, de conflit d'intérêts posé par le cumul des situations de dirigeant et de locataire, d'achat de mobilier à des tarifs sans rapport avec la mission sociale que se doit de porter l'office municipal, s'ajouteraient de possibles malversations sur la gestion des travaux menés par la régie de Paris Habitat", indique la maire dans le communiqué. Déjà en janvier, le quotidien Le Parisien avait révélé les rémunérations très élevées de dirigeants de l'office, dont certains hébergés dans le parc social. Le directeur général bénéficiait d'un parachute doré de 500.000 euros en cas de licenciement.

 


Mise à jour du 9 juin 2016 : suite à la demande du président de Paris Habitat, un droit de réponse à cet article a été publié le 9 juin qui conteste les soupçons de surfacturations, de mobiliers coûteux et de limogeage du Directeur soupçonné. Voici le texte de ce droit de réponse :

 

"Monsieur le Directeur de la publication,

 

Faisant suite à votre article paru sur votre site Batiactu, du 6 juin 2016, je vous fais savoir qu'en application de l'article 13 de la loi du 29 juillet 1881, en ma qualité de Président de Paris Habitat, je souhaite exercer un droit de réponse.

 

En effet, j'estime que les propos tenus à l'encontre de Paris Habitat par votre journaliste portent atteinte à l'honneur de l'établissement et comportent de nombreuses contre-vérités.

 

En conséquence, je vous saurais gré de bien vouloir insérer la réponse suivante dans les meilleurs délais :

 

Dans cet article sont évoqués "d'énormes surfacturation de travaux, des achats de mobiliers coûteux ensuite introuvables, de bons de travaux 'bidons"... Paris Habitat conteste totalement ses allégations fallacieuses et apporte le démenti suivant :

 

- S'agissant de la Régie de l'OPH, il ne peut y avoir de surfacturations puisque les documents évoqués sont des bons de travaux internes, autrement dit 'des feuilles d'heures" et non des factures. Elles ne génèrent aucun flux financier vers des prestataires. il ne peut donc y avoir malversations pas plus que de bons de travaux 'bidons' adressés à une entreprise de BTP.

Un audit interne est diligenté. Ses conclusions seront rendues publiques en toute transparence.

- S'agissant du mobilier coûteux et ensuite introuvable, ce sont des meubles de bureaux destinés aux différents sites de Paris Habitat. Pour des raisons pratiques, le marché prévoyait un stockage possible chez le fournisseur. L'ensemble de ce mobilier a été depuis entreposé à l'Office pour éviter toute suspicion inutile.

 

- Enfin s'agissant du 'limogeage' du Directeur général, qui n'est en aucun cas soupçonné de malversations, c'est en concertation avec la Maire de Paris, Anne Hidalgo et en accord avec Stéphane Dambrine, Directeur général de Paris Habitat, que je proposerai, lors du Conseil d'administration du 16 juin prochain, une rupture conventionnelle de son contrat."

 

Roger Madec, Président de Paris Habitat

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