Le nom de "Neo-Paris" ne vous dit peut-être rien et pourtant il désigne l'univers d'un jeu vidéo de science-fiction qui est sorti récemment. Entièrement conçu par un studio français, "Remember me" met en scène son héroïne dans un Paris futuriste en 2084, s'inspirant de nombreuses sources architecturales et culturelles. Montée des eaux, tremblements de terre : une vision pessimiste parfaitement retranscrite par les graphismes réalistes du jeu.
Où serez-vous en 2084 ? Nilin, héroïne du jeu vidéo "Remember me", est, elle, à Paris. Mais un Paris, à la fois proche et très différent de celui que nous connaissons. Amnésique et embarquée dans une aventure mêlant altérations de la mémoire et questionnements autour de la vie privée, Nilin devra retrouver ses souvenirs à travers cet immense territoire hostile qu'est devenue la capitale.
Tout autant que le personnage contrôlé par le joueur, Paris (ou plutôt "Neo-Paris", sa dénomination exacte) a une place prépondérante dans le jeu. On peut la voir, premièrement, comme un simple environnement, accompagnant les péripéties de l'histoire, mais ce serait oublier le soin apporté à la reproduction fidèle de certains monuments clés.
De la Bastille dont on doit s'échapper au tout début de l'aventure, à la Tour Eiffel - qui n'est plus la seule à surplomber Neo-Paris - les différents symboles de Paris sont tous aisément reconnaissables. Un parti-pris de la direction artistique que l'on doit à Aleksi Briclot, illustrateur français ayant travaillé précédemment pour d'autres jeux vidéo, mais aussi pour la bande dessinée et des couvertures de livres.
De la Ville lumière à l'île parasismique
Si l'univers retranscrit prouve une grande connaissance de la ville et de son architecture, Aleksi Briclot reconnaît (dans une interview disponible sur le site pop-up-urbain.com) avoir multiplié les inspirations : "La liste pourrait sans doute remplir plusieurs pages, toutefois nous ne nous sommes pas nourris d'une seule source mais d'un éventail de travaux et de références réalistes, qui ont été absorbés, liés, fondus pour ensuite irriguer la créativité et les concepts des artistes."
Un véritable travail d'architecte qui puise autant dans Jean Nouvel, le Grand Paris, que dans la fiction et notamment, le futur proche et réaliste du film "Les fils de l'homme". Plus intéressée par la reproduction de "l'esprit de Paris que sa restitution servile", l'équipe du jeu a choisi de prendre, cependant, certaines libertés artistiques. Par exemple, bien qu'enregistrées et testées, les proportions réelles de la place Saint-Michel ont été modifiées dans la version définitive pour privilégier le plaisir du joueur.
La modélisation de la ville a dû également respecter un contexte précis qui affecte tout l'environnement. Si la date de 2084 est principalement un clin d'œil au livre "1984" de George Orwell, elle nous plonge dans un monde ravagé par le réchauffement climatique et ses conséquences. Paris est devenue une île après la montée des eaux, les tremblements de terre sont fréquents et les populations les plus démunies vivent dans des bidonvilles étrangement semblables à ceux de notre époque. Une vision très pessimiste imaginée par l'écrivain et directeur narratif du jeu, Alain Damasio.
Le jeu vidéo développé par le studio DontNod est sorti le 7 juin dernier sur les consoles haute définition et sur PC. Si les premiers retours de la presse spécialisée louent la direction artistique, ils regrettent cependant une possibilité d'exploration très limitée dans ce Neo-Paris pourtant très attirant. "La traversée de Paris" plutôt que "La grande vadrouille", en définitive.
Paris dans un jeu vidéo, quelques précédents à noter
Si "Remember Me" retiendra, à coup sûr, l'attention pour sa vision cauchemardesque et réaliste de la capitale, d'autres jeux vidéo ont, par le passé, fait de Paris un de leurs environnements principaux.
On retiendra par exemple les très récents jeux de guerre, à la première personne "Battlefield 3" et "Modern Warfare 3" qui situent, respectivement, leurs actions en 2014 et en 2016. Transformées en immenses champs de bataille, les rues et places parisiennes ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes mais leurs immeubles haussmanniens dénotent d'un travail de reproduction extrêmement fidèle.
Enfin, si l'on remonte un peu dans le temps, Paris a été choisie en 2004 comme ville idéale pour accueillir une histoire de samouraï en prise avec de monstrueux démons dans le jeu "Onimusha 3". Signe de sa popularité au Japon, l'acteur Jean Reno a été modélisé et est devenu un personnage jouable. Visiter l'Arc de Triomphe ou bien Notre-Dame n'aura jamais été aussi exotique...