Discuté ce lundi à l’Hôtel de Ville, le Plan Local d’Urbanisme (PLU) de Paris est l’aboutissement d’un long processus de concertation qui a pour objectif de définir l’aménagement de la ville pour une vingtaine d’années.

Le Conseil de Paris va fixer en début de semaine prochaine les règles d'aménagement de la ville pour 15 à 20 ans en matière de commerces, bureaux, logements, parkings, espaces verts et patrimoine, en débattant du PLU de la capitale. Le débat, tenu lundi, sera voté mardi. Les Verts, qui appartiennent à la majorité municipale, se sont prononcés vendredi pour un oui «sous conditions».
Base de la politique urbaine de la municipalité, le PLU précisera les hauteurs des bâtiments construits, leur alignement, leur volume. Il déterminera aussi la place des espaces verts, l'importance du logement social, l'allure des rues où les commerces de proximité devraient être préservés. Il aura un impact sur la circulation dans Paris, puisqu'il devrait limiter les constructions de parkings. Ce PLU parisien, document d'urbanisme imposé par la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU) de 2000 pour remplacer le Plan d'occupation des sols (POS) de 1977, est l'aboutissement de trois ans de travail. Pesant plus de 13 kg, sa réalisation a impliqué des associations, des institutions, des experts ainsi que les 121 conseils de quartiers de la capitale, qui ont présenté pas moins de 14.000 propositions. Un questionnaire, envoyé aux Parisiens à 800.000 exemplaires, a obtenu plus de 120.000 réponses, qui ont mis en relief l'hostilité des Parisiens aux tours, leur souci de protéger le petit commerce et de favoriser l'emploi dans l'est de la ville. Pour Claude Goasguen, président du groupe UMP du conseil de Paris, c'est «le premier acte de la campagne municipale». Le projet a suscité pas moins de 1.162 voeux ou amendements, dont 675 déposés par les Verts. Nombre d'entre eux (882) concernent des intérêts locaux, comme la protection de tel immeuble, la mise en place d'une zone piétonne dans telle rue, l'implantation de logements sociaux dans telle zone. Les autres sont de portée plus générale : les Verts demandent que les hauteurs soient plafonnées à 25 m (et non à 37), que la petite ceinture ferroviaire soit classée en zone urbaine verte et qu'on ne favorise pas les bureaux. Les communistes, favorables à une relative densification de la ville pour augmenter le nombre des logements, souhaitent davantage de réserves foncières dédiées aux activités économiques. L'UMP et l'UDF n'accepteraient le taux de 25% de logement social proposé par le projet de PLU que pour les programmes de plus de 2.000 m2 (UDF) voire 4.000 m2 (UMP). Elles voudraient rester à un COS de 3,25 (contre 3 dans le projet). Elles demandent davantage de places de stationnement obligatoires dans les nouveaux immeubles. Le projet a donné lieu à de fortes tensions en début de semaine entre le PS et les Verts. Ces derniers se disaient inquiets et parlaient de «plan libéral d'urbanisme» ne correspondant pas «à leur vision de la ville», et de «blocage» avec la mairie. Plusieurs adjoints Verts se sont désolidarisés de la position du groupe, les négociations ont repris en milieu de semaine. Vendredi soir, elles ont abouti à un soutien «conditionnel». Jeudi, Patrick Bloche, président du groupe socialiste, remarquait que le PLU était un document «aussi important que le budget». Autrement dit que ne pas le voter reviendrait à quitter la majorité municipale et à entraîner un blocage du fonctionnement de l'institution.

Les principaux éléments du projet
- Commerce et artisanat : Protection de 230 km de voies commerçantes en y interdisant le changement de destination des locaux en rez-de-chaussée commerciaux ou artisanaux, voire en imposant que les locaux de rez-de-chaussée soient destinés au commerce ou à l'artisanat.
- Logement social : Obligation d'affecter au logement social au moins 25% de la surface utilisable dans les programmes de plus de 1.000 m2 dans les secteurs où il est rare (centre, ouest). En application de la loi SRU, le pourcentage est déjà de 20% pour l'ensemble de Paris.
- Patrimoine : Nouvelles mesures de protection, plus souples, concernant plus de 4.000 bâtiments. Dans certains cas, il s'agit de protéger non le bâtiment mais sa hauteur ou ses volumes. En outre des parcelles seront «signalées», suggérant un examen patrimonial avant l'élaboration d'un projet immobilier.
- Hauteurs, volumes, alignement des bâtiments : Le PLU reprend les plafonds en vigueur, de 18 à 37 m du centre à la périphérie. Le coefficient moyen d'occupation des sols est fixé à 3 (soit 3 m2 de logements ou de bureaux pour 1 m2 au sol). Une zone est prévue -le long du périphérique nord-est et de certaines voies ferrées- où il sera possible, quand il y a démolition de logements, d'implanter des activités économiques.
- Stationnement : immeubles de bureaux : Le PLU n'impose pas de création de places de stationnement dans les programmes immobiliers de bureaux. Le sujet sera traité dans le futur «plan de déplacements de Paris». Les immeubles d'habitation : Sauf cas particuliers d'interdiction, le PLU impose au minimum une place de stationnement pour 100 m2 de logement dans les programmes de plus de 1.000 m2 (actuellement: une place pour 71 m2 et au minimum une par logement).
Des aires de stationnement pour vélos et poussettes seront obligatoires dans les constructions de plus de 250 m2. Protection des espaces verts : La protection des bois, parcs, jardins, cimetières sera étendue et renforcée.

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