Après une semaine de travail, le jury du palmarès des Défis du bois 2012 a rendu son verdict à la carrière Collot, un ancien site de grès rose, situé à Epinal. Cette année, les architectes et ingénieurs participant au concours devaient construire collectivement un symbole solaire. Pour cela, chaque équipe a réalisé un rayon à base de morceaux de bois de récupération. Découvrez les différentes réalisations.
8 jours et 7 nuits. Pas une minute de plus pour relever les défis du bois. Cette année encore, les étudiants en architecture et ingénieurs participant à l'événement se sont donnés les moyens de leurs ambitions en œuvrant de nombreuses heures d'arrache-pied. Divisés en groupes de façon aléatoire, les cinquante participants (étudiants en architecture et ingénieurs) venus du monde entier ont dû apprendre à se connaître et à travailler ensemble le bois, sur un thème comme toujours original.
L'édition 2012 a fait dans la nouveauté puisque cette fois, ceux que l'on surnomme les 'défiboiseurs', avaient pour objectif de réaliser une œuvre commune : un soleil. En effet, le thème de l'édition était «Un rayon pour chacun - un soleil pour tous».
«Afin de construire collectivement cette figure solaire chaque équipe a édifié à partir d'un socle originaire un rayon qui se tend vers l'infini. Axe léger, aérien, il s'épanouit d'abord à la verticale comme une fleur ou un arbrisseau sur une hauteur d'environ 3 m. La structure ensuite se fait branche pour se projeter avec audace à l'horizontale. Dans cette flèche s'étirant vers le lointain, tous les membres de l'équipe trouveront un repos et l'un d'entre eux devra venir pendiller à son extrémité pour témoigner de la mission accomplie», peut-on lire sur le site du concours.
Nouveau site, nouvelles règles
C'est donc un défi d'équipe puis un défi collégial que les participants ont relevé en une semaine. La carrière Collot, un ancien site de grès rose, qui accueillait pour la première fois l'événement, a permis de donner un second souffle à la manifestation. Et pour accompagner ce nouveau site, les organisateurs ont également insufflé une nouvelle règle* : les candidats devaient utiliser des matériaux bois de récupération, (charpente vieille ferme, planchers, panneaux, KLH, demi rondins…). Objectif : faire plus avec moins. Au final plusieurs prix ont été décernés fin mai et une exposition des œuvres est organisée tout l'été à Epinal à la Carrière Collot.
* Auparavant, ils disposaient d'un mètre cube de bois issu des forêts vosgiennes par équipe.
Découvrez le palmarès en pages suivantes
1er prix
«Au bout de chaque doigt, il y a un petit cerveau» Tomi Hungerer
"Comment tracer un rayon avec des panneaux de lamibois récupérés ? Peut-on concevoir une structure avec des chutes pseudo orthonormées ou aux allures de trapèze mal rasé? Comment ne pas couper les bois pour qu'ils ne souffrent pas une deuxième fois ? A toutes ces questions, le projet offre une réponse simple, carrée, maline, solide et rapide. La structure est rigoureuse et folle, massive et aérienne à la fois. Elle est tellement évidente qu'on finit par oublier toutes les questions posées".
Prix de l'élégance
« Au bout de la patience, il y a le ciel » Proverbe Africain
"Il y a d'abord de vieilles solives qui portent les stigmates du plancher qu'elles ont supportées. Elles viennent dire leur expérience à de jeunes montants résineux. Elles les guident, les serrent, les enlacent tendrement mais fermement pour leur indiquer le chemin vers le ciel. Un recul de tablier et un léger déhanchement apportent à la structure son élégance. La patience est récompensée et la charge supportée".
Prix de la finition - prix spécial Charpente 21
« Celui qui pense droit, marche de travers » Jean Dypréau
"C'est un éclair qui a guidé l'équipe. Il fallait fuir les chemins trop droits, les raccourcis des démons pour zigzaguer le nez au vent, la brume dans les yeux, la brise dans les cheveux. Jupiter a retroussé ses manches, a empoigné de grosses pièces en contrecollé, les a boulonné pour faire de solides encastrements et a fini par lancer, malin, sa foudre dans le lointain".
Prix de l'esthétique
« Mieux voient quatre yeux que deux » Proverbe Québécois
"Les chevrons sont à peine reposés du stand où on les a libérés. Déjà ils sont mis au travail, parallèles les uns aux autres et arrimés par des tenons solidement enfoncés. Chaque chevron apporte sa charge mais chaque chevron reçoit aussi sa charge : c'est le principe de réciprocité. Quelques cordes tendues viennent soulager ce frêle appareillage ailé. Tous alors se tournent vers le ciel et forment un éventail pour attraper la lumière".
Prix de la structure - Prix spécial Charpente Houot
« La Terre n'a qu'un Soleil » Proverbe africain
"De grosses mais courtes membrures viennent se superposer pour avancer. Elles s'empilent pour former une somme de traits interrompus, longs, courts et moyens. Des entretoises apportent un allégement visuel indispensable pour ne pas confondre solidité et massivité. On a peine à croire qu'un tel attelage puisse s'éloigner de la terre. Et pourtant il y parvient avec calme, sérénité et tranquillité".
Prix de l'expérimentation
« Mieux vaut agir une fois avec les mains que de regarder mille fois avec les yeux » Proverbe Chinois
"Le tas de bois d'origine est quelque peu ingrat : de vielles lames de parquets encore un peu bouvetées et même parfois un peu grignotées. Il est difficile pour le regard de les assembler à nouveau. Il faut les mains pour penser, les pieds pour tester, les doigts pour voir, pour que la figure de l'escalier se dessine. Tournées vers le château, toutes les marches-caissons deviennent à l'évidence un rayon à gravir qui éclaire le chemin à suivre".
Prix de la spatialité
« Le plus grand arbre est né d'une graine menue. » Lao-Tseu
"La graine est là mais le soleil ne la voit pas. Et puis la pluie jaillit et l'idée s'épanouit. Des branches poussent sur des planches, des bourgeons naissent sur des jonctions, des tiges les assemblent. Quelques rejets sauvages se glissent dans la structure pour mieux la contenir et lui donner la force de résister au vent. D'un tas de planches usées nait une figure complexe, étonnamment rigide et empreinte d'une belle vitalité".
Prix de la rationalité - Prix spécial SIAT BRAUN
« Ne coupe pas les ficelles quand tu pourrais défaire les nœuds » Proverbe Indien
"Des lattes, que des lattes, encore des lattes. Des triangles, que des triangles, encore des triangles. La finesse et la légèreté ne sont plus synonymes de fragilité ou de futilité quand la répétition quantitative et la géométrie qualitative viennent copuler sans crainte. Cette structure graphique par ses traits de lumière dévoile avec élégance des rayons dans le rayon parmi les rayons".
Prix de l'ingéniosité - Prix spécial Arbonis
« L'homme d'action est avant tout un poète » André Maurois
"Des troncs à peine écorcés ont été récupérés puis délignés et enfin recomposés. Une longue poutre en V bordée de sept cils a ensuite été fabriquée pour former une flèche tendue vers l'infini. Quelques diagonales ont été ajoutées, à peine visibles et pourtant si nécessaire. Ici chaque membrure fonctionne comme un pied qui rythme un vers et nous rappelle que le mot poésie en grec signifie «faire, créer»."
Prix de l'équilibre
« On bourre sa pipe avec le tabac qu'on a. » Proverbe Québécois
"Des ronds écorcés coupés en quatre : voilà le tabac qu'on a. Les réutiliser n'est pas aisé sauf à reformer une nouvelle géométrie et à reformuler une nouvelle statique. Le plat et le quart de rond ont suggéré de s'assembler dans trois directions. Ainsi est née le cube. Il fallait ensuite des diagonales pour que cet ensemble de carrés ne se déforme pas. Enfin vint l'idée de tout emboiter, chaque cube s'arcboutant pour supporter le suivant comme pour l'encourager et lui dire : courage, maintenant, c'est à toi d'y aller".