ENTRETIEN. Lancé en 2015, le programme Pacte fête ses trois ans d'existence. L'occasion pour Sabine Basili, présidente du comité de pilotage du programme, de faire pour Batiactu un point d'étape.
Batiactu : A quel stade de développement en est le programme Pacte ?
Sabine Basili : Pour rappel, le programme d'action pour la qualité de la construction et la transition énergétique (Pacte) a été lancé en février 2015, en même temps que le Plan de transition numérique pour le bâtiment (PTNB) et le Programme de recherche et développement pour l'amiante (PRDA), dans la continuité de la démarche «Objectifs 500.000» initiée par les pouvoirs publics. Nous avons, à l'époque, mis quatre à cinq mois pour structurer collectivement les premiers appels d'offres et appels à projets. Trois axes ont été dégagés. Le premier consiste à développer la connaissance sur les risques de sinistralités et sur la performance réelle des bâtiments. Nous nous appuyons notamment sur le dispositif de capitalisation de retours d'expériences sur les bâtiments performants, piloté par l'Agence qualité construction (AQC) - qui assure par ailleurs le secrétariat technique de Pacte - et sur un observatoire des consommations réelles des bâtiments résidentiels sociaux, piloté par l'Union sociale de l'habitat.
Batiactu : Quels sont les deux autres axes ?
Sabine Basili : Le deuxième consiste en la création d'outils pratiques pour les professionnels dans un objectif d'amélioration de la performance énergétique des bâtiments. Ce travail se situe dans la lignée du programme Règles de l'art Grenelle de l'environnement (Rage). Il aboutit à la publication de Recommandations professionnelles, des documents de référence qui font autorité auprès des assureurs et de guides techniques pour des solutions plus innovantes. Enfin, à destination des compagnons, ces référentiels sont vulgarisés au travers des calepins de chantier. Nous travaillons également à la mise en place d'outils pour mesurer la performance énergétique intrinsèque des bâtiments. Deux groupements ont été retenus suite à un appel à projets, portés par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et l'Institut national de l'énergie solaire (Ines). C'est un thème sur lequel il y a beaucoup d'attentes, car nous n'avons encore rien qui nous permette de mesurer les résultats en matière d'efficacité énergétique.
Batiactu : Vous souhaitez également avancer au sujet de la montée en compétences des professionnels…
Sabine Basili : C'est en effet notre troisième voie de progression. Il s'agit ici de renforcer des dynamiques locales. Nous en avons retenu une soixantaine de projets, notamment en Outre-mer, où par exemple nous soutenons l'élaboration de règles de l'art adaptés aux spécificités de ces territoires.
Batiactu : Sur quels sujets êtes-vous concentrés actuellement ?
Sabine Basili : Nous suivons bien entendu l'évolution des projets déjà lancés, et étudions l'appropriation par les professionnels des outils que nous mettons en place. Toute la filière doit en profiter. Nous nous ouvrons également à la question environnementale, sous l'impulsion de la stratégie bas carbone et du label E+C- (énergie-carbone). Ces travaux se font main dans la main avec le PRDA et le PTNB, car un chantier de rénovation énergétique peut par exemple être stoppé par la découverte d'amiante. Le numérique, pour sa part, peut permettre de fluidifier les informations. Je salue d'ailleurs, plus largement, la forte mobilisation du secteur. Nous souhaitons que chacun s'y retrouve et que les travaux apportent à tous.
"Le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, a confirmé la poursuite de Pacte"
Batiactu : Pourriez-vous effectuer un bilan chiffré de Pacte ?
Sabine Basili : Une trentaine de calepins de chantier sont prévus, dix-sept ont déjà été publiés. Treize autres le seront cette année. Au total, 80 projets sont soutenus par Pacte, dont par exemple 12 Mooc. Quinze nouveaux référentiels viendront également compléter la collection des 80 référentiels techniques Rage. Pacte avait été initialement missionné par le Gouvernement jusqu'à fin 2018, et le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, a confirmé la poursuite des trois plans. Nous aurons probablement le temps de terminer les actions à horizon 2019. Viendra alors le temps d'approfondir les travaux engagés, de créer une synergie avec le Bim et les questions de santé dans le bâtiment. En matière de montée en compétences, 120.000 stagiaires ont passé les formations Feebat, mais il y a encore beaucoup d'entreprises à sensibiliser.