La situation des ouvriers du chantier de rénovation du métro parisien, en grève depuis lundi n'étant pas payés depuis plusieurs mois, pourrait prochainement se régler. Le groupe Vinci a annoncé qu'il allait "étudier les conditions d'une embauche" des salariés d'un sous-traitant de sa filiale Sogea TPI. Le préfet de région Ile-de-France a saisi le procureur de Paris, dans cette affaire.
Le groupe Vinci a annoncé, ce jeudi, qu'il allait "étudier les conditions d'une embauche" des salariés de l'entreprise FH service, sous-traitant de sa filiale Sogea TPI, travaillant sans salaire depuis plusieurs mois sur un chantier du métro parisien pour le compte de la RATP. Jeudi après-midi doit se tenir "une réunion entre la société Sogea Tpi, filiale du groupe et les représentants du personnel pour étudier les conditions d'une embauche des salariés concernés de FH service, sous-traitant de Sogea TPI, travaillant sur ce chantier", a indiqué un porte-parole à l'AFP. Lors de cette réunion, "sera également abordé le point relatif aux salaires impayés à ce jour", conclut Vinci dans cette brève déclaration.
Pour rappel, sur un chantier de rénovation du métro parisien, à la station Châtelet-Les Halles, 32 ouvriers, presque tous d'origine turque, ont cessé le travail depuis lundi, avec le soutien du syndicat CGT, afin d'obtenir le paiement de 2 à 8 mois d'arriérés de salaire et leur embauche par Vinci, a constaté l'AFP. Selon la CGT qui a révélé l'affaire et soutient ces ouvriers, l'inspection du travail a procédé lundi soir à un contrôle sur le chantier. Ces ouvriers qui travaillent de nuit, affirment n'avoir ni contrat de travail, ni fiches de paie, ni équipements de sécurité alors qu'ils sont exposés à des produits chimiques, des poussières et de l'amiante.
Mercredi, le géant du BTP avait jugé que ces ouvriers en grève, étaient dans une "situation inacceptable", annonçant mener une "enquête interne". Le groupe affirmait que ces personnes se trouvaient "en situation régulière en France" mais qu'il "y aurait des retards dans le paiement de leurs salaires", et disait souhaiter trouver une "solution durable".
Une plainte de la RAPT et le procureur de Paris saisi
La préfecture de la région Ile-de-France annonce que le préfet, Jean-François Carenco, a saisi le procureur de Paris. "Il est inadmissible que dans notre société, les droits des salariés soient ainsi bafoués (...) Il en va de la dignité de ces personnes", a fustigé dans un communiqué le préfet, qui souhaite "que les responsables soient poursuivis". La société FH Services a été chargée par Sogea TPI, filiale du géant du BTP Vinci, d'effectuer pour la RATP de vastes travaux de réaménagement de la station de métro Châtelet-Les-Halles. Comme le précise la préfecture, cette société "emploie une trentaine de salariés, dont 5 de nationalité étrangère qui ne disposent pas d'autorisation de travail", tandis que d'autres ouvriers "ne bénéficient pas de contrat de travail écrit, de bulletins de paie et leur rémunération depuis plusieurs mois est versée partiellement". "Il y a là un vol qualifié de la sécurité sociale, un préjudice fort pour toutes les sociétés de BTP", a déploré Jean-François Carenco.
La veille, la RATP a "décidé de porter plainte contre X pour le préjudice subi". Le maître d'ouvrage du chantier a affirmé dans un communiqué s'être "acquitté de toutes ses obligations contractuelles" vis-à-vis de Sogéa, notamment le paiement de "toutes les factures présentées (...) pour le compte de son sous-traitant". L'entreprise publique qui dit n'être "en aucune manière à l'origine du litige", ajoute avoir demandé à la filiale de Vinci "de permettre la reprise" des travaux "dans les meilleurs délais".
Lors d'une conférence de presse, le Président de la Capeb, Patrick Liébus, a jugé "ces conditions de travail incompréhensibles". Il estime que "quand une entreprise répond à un appel d'offres à la RATP ou sur des marchés publics quels qu'ils soient, on vérifie que ses sous-traitants sont en règle". "Là on voit que des personnes ne sont pas déclarées pour certaines par l'entreprise qui les emploie en sous-traitance, sur un chantier où il y a peut-être des risques physiques ou pour la santé", poursuit le patron de la Capeb. "C'est profondément scandaleux".
Il souhaite, "si tout cela est avéré", une sanction "à la hauteur de l'infraction, pour que des entreprises importantes arrêtent de se dire: +pas vu, pas pris+".