Parmi les différents projets de recherche de l'Observatoire des changements mis en place par l'Union sociale pour l'habitat, Habitat 2022 explore les facettes du logement social tel qu'il sera dans un futur proche. Les pistes de réflexion sont nombreuses, du bâti aux services que doit proposer le mouvement pour s'inscrire dans un projet «socialement responsable». Détails.
Dans quelles directions doit-on faire évoluer le logement social, et à quoi ressemblera ce «produit-services» d'ici à quinze ans ? C'est l'objet d'une réflexion globale engagée par l'Union social pour l'habitat (USH) depuis deux ans dans le cadre des travaux de l'observatoire des changements. Nommé «Habitat 2022», ce projet de recherche est un véritable laboratoire faisant notamment intervenir une quinzaine d'organismes HLM et leurs partenaires.
A travers les problématiques et questions des organismes, quatre thématiques ont émergé pour guider la recherche et les débats. Il s'agit de l'évolution des modes d'habiter, de l'aménagement et projet urbain, des services à la personne, et de production durable. Pour l'USH, qui a réuni jeudi dernier son premier colloque dans le cadre de l'observatoire des changements, cet exercice s'inscrit dans les fondamentaux de la mission HLM pour des raisons économiques, afin que les habitants puissent trouver des logements abordables et globalement économes, mais aussi parce que le mouvement HLM est «socialement responsable et soit, à ce titre, être garant d'une forme de sécurité dans l'habitat, par une adaptation à l'évolution des besoins des ménages, par un accompagnement social, par une fiabilisation des prestataires et des réseaux de services».
Et les réflexions abordées dans le cadre d'Habitat 2022 rejoignent sensiblement celles des agglomérations ayant des projets de réhabilitation de logements, de transports, et de renouveau du ou des centres-ville. L'urbanisme est au centre des débats, comme l'explique Yves-Marie Lecointre, directeur du patrimoine Silène (Office Public de l'Habitat situé à Saint-Nazaire) : «Il est important de proposer des logements sociaux à proximité des ressources urbaines, car l'éloignement géographique engendre l'exclusion. L'éloignement des flux débouche sur une assignation forcée à résidence».
Adapter la technique aux modes de vie
Autre piste de travail, la mobilité. «Les offices HLM devront fonctionner comme un grand réseau», suggère Annie Bras-Denis, directrice générale adjointe Archipel habitat - OPH de Rennes Métropole. «Une personne qui a fait sa demande de logement dans une ville, mais doit déménager plusieurs années plus tard pour son travail, ne devrait pas avoir à retourner en bas de la liste d'attente de logement dans sa nouvelle ville», estime-t-elle. L'idée de mobilité est également abordée en termes de capacité de télé-travail, d'évolution des ressources financières ou encore d'évolution de la cellule domestique. A ce sujet, se pose aussi la question de la flexibilité des modes constructifs : pouvoir agrandir le logement, séparer une pièce en deux, prévoir des isolations phoniques à l'intérieur du logement lorsque plusieurs occupants ont des rythmes de vie différents, comme des colocataires ou les membres d'une famille recomposée.
Thème redondant des débats d'Habitat 2022, le HLM doit avant tout s'adapter au monde dans lequel il évolue, et tenter de l'anticiper. Par exemple, en adaptant les parkings et les zones d'accueil des immeubles au nombre croissant d'achats sur Internet, qui font ressortir le besoin en zones de livraison. Idem pour les questions d'énergie. «Dans 15 ans, il faudra que les logements ne coûtent rien en termes de chauffage. On sait que de nombreux foyers ne chauffent plus, à cause du prix», explique Laurence Combe d'Inguimbert, chargée de mission prospective à l'USH. «Puisque la question des énergies et des maisons auto-suffisantes se pose, nous travaillons sur cette question». Annie Bras-Denis ajoute que «c'est la technique qui doit s'adapter aux modes de vie des habitants, pas l'inverse».