TERRITOIRE. Alors que les travaux liés au Grand Paris sont de plus en plus nombreux, la question du foncier prend de plus en plus d'importance. Ce jeudi 5 mars 2020, l'Observatoire régional du foncier d'Île-de-France (ORF) a fait un point sur les chiffres du secteur et organisé une table ronde sur la hausse des prix.
Moins de transaction mais plus de volume financier. Lors d'une conférence organisée au nouveau siège du conseil régional d'Île-de-France, l'observatoire régional du foncier (ORF) a dévoilé sa note de conjoncture concernant l'année 2018. "Selon les données fiscales, 2018 s'est clôturé avec 62.703 transactions. C'était une année très soutenue, bien qu'en dessous de l'année record qu'était 2017 (64.900 transactions). Toutefois, le volume financier est bien plus important avec 42,6 milliards d'euros contre 36,6 milliards en 2017", explique Gwenola Le Foll, de la direction régionale et interdépartementale de l'équipement et de l'aménagement d'Île-de-France.
Le prix de l'immobilier en Île-de-France est une des questions essentielles de la transformation de la région. L'occasion pour l'ORF d'organiser une table ronde ayant pour thème : La hausse des prix de l'immobilier à l'échelle des micro-marchés. En guise d'introduction, Alexandre Coulondre, chercheur spécialisé dans l'immobilier, a présenté les résultats de son étude sur les profils de micro-marchés. Son objectif : produire une typologie des Iris (Îlots regroupés pour l'information statistique). Grâce en partie aux "Demandes de valeur foncières", désormais en open data, Alexandre Coulondre a pu repérer dix types de micro-marchés. Ces fonciers se différencient notamment par le type du bien, son ancienneté ou encore sa valeur. Au final, les fonciers les plus prestigieux sont ceux dont l'augmentation du prix est la plus forte.
Concentration de richesse = plus forte augmentation des prix
De ce constat, Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), introduit les concepts d'effet de voisinage et de taux d'aisance : "Dans l'ouest parisien, là où les prix sont les plus élevés et les augmentations les plus fortes, 60% des habitants sont dans le dernier décile en terme de revenus. Plus le niveau de vie est élevé, plus les prix flambent, et l'inverse est vrai également, l'augmentation est bien moins importante dans des zones où les gens sont moins aisés, dans le nord du Grand Paris par exemple". Mais ce n'est pas le seul indicateur. Xavier Timbeau ajoute que la proximité d'un bassin d'emploi est aussi un facteur d'une plus forte hausse des prix d'un marché, par rapport à un autre.
Najoua Benfella, directrice appui du développement financements et bancaires de la Banque des territoires, et Gilles Bouvelot, directeur général de l'établissement public foncier d'Île-de-France, s'accordent pour qu'il n'y a pas d'homogénéisation du marché. Pour ce dernier, "il y a un intérêt pour les organismes de foncier à aller vers les secteurs peu valorisés, pour y créer de la valeur, notamment grâce aux futures gares". De son côté, Romain Crépel, directeur général adjoint en charge des investissements et de la construction chez In'li, explique la "nécessité de créer un choc de l'offre". Spécialisé dans le logement intermédiaire, In'li se développe en particulier dans la Grande couronne et en Seine-Saint-Denis. "Il y a un blocage sur les départements riches, où très peu de foncier est disponibles et où les critères d'accessibilité aux logements ne sont pas adaptés". Au final, tous se rejoignent sur le fait que l'arrivée de nouvelles gares en Île-de-France risque de créer une effervescence dans les zones concernées, et qu'une nouvelle surenchère est à éviter.