ARCHIGRAPHIE. L'enquête exhaustive que réalise le Conseil de l'Ordre des architectes tous les deux ans est parue cette fin d'année. L'occasion de pointer les tendances à l'œuvre, dont la féminisation de la profession: la part des femmes architectes a en effet doublé en vingt ans, avec des inégalités toujours criantes.
Tous les deux ans, le Conseil national de l'Ordre des architectes réalise, avec Archigraphie, un portrait à la fois démographique et économique de la profession d'architecte. L'édition 2020, réalisée à partir des chiffres connus jusqu'en 2019, "ne peut bien entendu pas tenir compte des effets de la crise sanitaire que nous traversons depuis le printemps dernier sur l'économie et l'emploi des architectes", prévient l'Ordre des architectes, "même si en ce quatrième trimestre nous commençons à en mesurer les conséquences". Il invite les architectes à "préserver son optimisme en rappelant qu'entre 2015 et 2018 la production du bâtiment, en particulier pour ce qui concerne le logement neuf, a augmenté de 14% en volume, et les architectes ont vu leur situation s'améliorer". L'étude est à consulter en intégralité en fin d'article.
Progression de l'entretien-rénovation, de l'exercice en société…
Parmi les grandes tendances, ces deux dernières années, le Cnoa relève "la progression constante" en volume du marché de l'entretien-rénovation (+2,2% en euros constants entre 2016 et 2018). Le marché des architectes connaît lui aussi une certaine progression sur ce segment (il représente 35% du montant de travaux déclarés par les architectes à la MAF en 2018 contre 30% en 2012).
Autre tendance, la croissance de l'exercice en société : en 2018, le nombre d'associés dépasse celui des architectes exerçant en libéral à titre individuel. "Tendance générationnelle assurément", puisque ce choix d'un mode d'exercice plus collectif "s'opère d'abord chez les jeunes architectes".
… Et féminisation accrue, sur fond d'inégalités
Enfin, "la féminisation de la profession se poursuit", note l'Ordre. En près de 20 ans, la part des femmes est passée de 16,6% à 30,7%, cette augmentation "touchant notamment la tranche d'âge des moins de 35 ans".
C'est sur ce dernier aspect marquent que le Cnoa a décidé de faire un zoom, à partir d'une enquête spécifique conduite par le Credoc, sur la place des femmes au sein de la profession, "en examinant l'évolution de leurs effectifs et de leur parcours professionnel, ainsi que leur perception des inégalités". Il en résulte que "si la situation s'est un peu améliorée, clairement, la marge de progrès reste importante qu'il s'agisse des revenus, des pénalités liées à la maternité (absence de revalorisation salariale, de prime, carrière bloquée) ou du montant des pensions de retraite".
Les principales données socio-démographiques de la profession d'architecte en 2020 :
- Les effectifs de nouveaux diplômés en architecture et le nombre d'architectes inscrits à l'Ordre se sont stabilisés depuis 2010. On comptait ainsi 3.875 diplômés ADE et HMONP en 2017-2018 et 29.034 inscrits à l'Ordre en 2019.
- Le vieillissement de la population des architectes suit la même tendance qu'au niveau national. Entre 2018 et 2019, l'âge moyen des architectes inscrits à l'Ordre est passé de 50,7 ans à 50,9 ans. La majorité des architectes (52% d'entre eux) a aujourd'hui entre 45 et 64 ans. Les moins de 44 ans représentent environ un tiers des architectes tandis que les plus de 65 ans représentent environ 14% de ces effectifs.
- La concentration des effectifs d'architectes en Île-de-France et dans le Sud de la France. Les jeunes s'installent dans les régions très urbanisées, leurs aînés exerçant surtout dans le quart Nord-Est et dans le Sud de la France.
- Environ 9 architectes sur 10 travaillent comme associés ou en libéral. Entre 2008 et 2019, le nombre d'architectes libéraux a diminué de 1,8% par an en moyenne, et le nombre d'architectes associés a augmenté de 4,7% par an en moyenne, de sorte que ces deux dernières années le nombre d'associés dépasse celui des libéraux.
- L'âge moyen des entrants à l'Ordre a globalement progressé depuis 2003, ce qui peut s'expliquer par le vieillissement de cette population, mais aussi par le fait que les architectes ne commencent pas forcément leur carrière en étant inscrits à l'Ordre.
- En 2018, le revenu moyen des architectes est toujours inférieur à son niveau le plus haut atteint en 2007. Les disparités de revenus restent très fortes au sein de la profession, ce qui s'explique notamment par le niveau d'expérience et le type d'activité exercée.
- Le salaire brut annuel en ETP d'un salarié travaillant en agence d'architecture est comparable à celui des activités juridiques et des activités comptables pour l'année 2016.
- Le nombre d'entreprises employeuses est orienté à la baisse depuis 2008. Au 1er janvier 2018, le nombre d'entreprises employeuses a connu une diminution de 11% par rapport à 2008.