RISQUES. Le mois de mai 2018 a été le plus foudroyé depuis longtemps, avec plus de 150.000 impacts d'éclairs au sol. Un record absolu depuis les débuts des relevés officiels à la fin des années 1980. Ce phénomène naturel présente des risques pour les hommes et matériels, mais il est possible de s'en prémunir.

Météorage rapporte que le mois de mai 2018 a été le plus intense en termes d'orages et d'éclairs depuis des décennies. La seule journée du lundi 28 mai a été marquée par la plus forte activité orageuse, avec près de 34.000 impacts de foudre au sol enregistrés en 24 heures. Sur l'ensemble du mois, la barre des 180.000 impacts sera sans doute dépassée au niveau national, ce qui est trois fois plus élevé que la moyenne pour cette période de l'année, moins propice à la formation d'orages que le mois d'août. Et ces manifestations électriques présentent un risque, à la fois pour les êtres vivants et pour les installations techniques. Dans le cas des bâtiments, la présence de paratonnerres et de systèmes de protection des circuits suffit à assurer la sécurité. Mais dans le cas des chantiers de construction, par définition temporaires, comment est-elle garantie ?

 

Pour les grues, par exemple, et les opérateurs qui les pilotent, le risque est loin d'être nul puisque ces structures métalliques dominent le paysage. Elles sont donc susceptibles d'être frappées au point le plus haut et de conduire la décharge en leur sein, électrocutant les personnes situées en contact ou à proximité (moins de 3 mètres). Elles présentent également des réseaux électriques et électroniques liées à leur pilotage (alimentation, contrôle), qui peuvent aussi être endommagées. La protection la plus simple consiste donc à installer un paratonnerre au sommet afin de capter la foudre et de la conduire ensuite à la terre. Les tiges simples (pointes sèches passives) sont des solutions de protection ponctuelles, destinées à des zones de faibles dimensions (norme NF EN 62305 1 à 4 de 2006). D'autres dispositifs actifs, dits "à amorçage", sont équipés d'une électronique embarquée qui génère des impulsions à haute tension et assurent ainsi un déclenchement contrôlé et rapide de l'éclair ascendant. Cette technologie est plutôt destinée à des aires plus importantes (norme NFC 17-102 de 2011). Enfin, pour les structures de la taille d'un bâtiment, existent les "cages maillées" ou "fils tendus", qui consistent à encadrer la construction d'une cage de Faraday à l'aide de pointes, disposées sur le pourtour, et d'un maillage de câbles conducteurs.

 

Faire évacuer les personnels, avant toute chose

 

Concernant la protection de toutes les installations électriques, les systèmes parafoudre préviennent des surtensions, y compris par induction liée aux champs électromagnétiques intenses provoqués par les éclairs. Ces parafoudres limitent l'amplitude des surtensions en évacuant l'excédent vers le sol. Ils peuvent fonctionner de manière répétitive, contrairement aux fusibles à remplacer. Dans une grue, il est possible de rencontrer des parafoudres de type 1, protégeant l'opérateur seul, ou de type 1+2, protégeant également le matériel. Ces derniers préviennent donc d'un éventuel risque de chute de la charge en cours de manipulation, si les freins de secours venaient à se mettre en défaut. Il sera nécessaire d'en installer également sur les circuits rapportés (caméras, capteurs météo) capables de conduire la décharge ailleurs sur le chantier, jusqu'à un tableau de contrôle par exemple.

 

 

Les mesures de prévention enfin, constituent un volet important pour protéger le personnel. Une détection en amont du risque d'orage permettra de faire évacuer les grutiers et ouvriers exposés en hauteur et de les rassembler dans un lieu sécurisé, défini à l'avance. Ces capteurs seront reliés à des alarmes sonores et visuelles, qui avertiront tous les intervenants. Mais l'implantation et les procédures sont affaires de spécialistes. Le dimensionnement d'un dispositif extérieur de protection foudre est notamment régit par les normes NF EN 62305 et NFC 17-100, qui proposent une méthode d'analyse à partir de paramètres divers : sensibilité de l'installation, exposition au risque… Des statistiques montrent que les régions montagneuses (Alpes, Massif Central, Pyrénées) sont plus exposées que les régions du nord-ouest du pays (Bretagne, Normandie, Hauts-de-France). Grâce à cette analyse, il est possible de déterminer le niveau de protection requis et le dimensionnement adéquat. Les installations doivent être régulièrement contrôlées et, dans le cas d'un impact de foudre, complètement vérifiées par un organisme compétent.

 

Dans le cas particulier des échafaudages, l'OPPBTP précise que si le paratonnerre de l'édifice sur lequel est installé le chantier est toujours présent et opérationnel (relié à la terre), alors il ne sera pas nécessaire de réaliser une mise à la terre spécifique. Il faudra isoler les parties métalliques sur 3 mètres de haut au moyen de polyéthylène réticulé de 3 mm d'épaisseur, et isoler du sol par de l'asphalte (50 mm) ou du gravier (150 mm). Des pierres ou du bois pourraient également faire office d'isolant au sol. Dans le cas d'une mise à la terre spécifique de l'échafaudage, subsistera toutefois le risque pour les personnels d'être foudroyés directement, ou d'être exposés à une électrocution par contact avec un équipement métallique non relié au système équipotentiel. Là encore, l'évacuation des personnels en cas de menace orageuse, restera la meilleure des solutions.

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