Pourtant, les acteurs de la filière se montrent optimistes : "La biomasse fonctionne quand les industriels et les autres intervenants se parlent. Nous allons vers le succès !", proclame Cyril le Picard de France Biomasse Energie. "Effectivement, il a eu de belles réussites collectives pour la biomasse", renchérit Pierre de Montlivault (Dalkia). "Et ce que nous avons réussi au cours des 7 dernières années, il va falloir faire 2,5 fois mieux dans les 7 ans qui viennent !". Pour y parvenir, les membres de France Biomasse Energie et du SER, demandent notamment une pérennisation du Fonds chaleur, voire une augmentation drastique de sa dotation. Pour François-Xavier Dugripon, directeur des achats énergie de Cofely, les facteurs clés du succès de projets biomasse sont la stabilité réglementaire, la pérennisation du fonds chaleur, la généralisation des indices de prix pour donner de la transparence à leur évolution, et une aide à la mobilisation de la ressource, "ce qui est aujourd'hui la principale difficulté". Une position que rejoint Maurice Lombard, directeur industriel de Cristal Union, groupe sucrier qui s'est engagé dans une démarche de production d'EnR : "La biomasse ? Oui, mais… Cela reste encore une énergie chère en termes de coût d'exploitation pour nous autres, industriels, car elle est en compétition avec le charbon allemand qui alimente les usines outre-Rhin. Et c'est une énergie administrée : les contraintes, par exemple pour réinjecter le biogaz dans le réseau, sont lourdes, et les plans d'approvisionnement en ressources sont parfois ubuesques quand vous avez la malchance d'être implanté à la frontière administrative d'une région…".
Pour autant, Jean-Louis Bal espère continuer à bénéficier du soutien de la ministre Delphine Batho avec qui il est en contact régulier. "Si le Fonds chaleur et le crédit d'impôt pour les particuliers ont fait la preuve de leur pertinence, les appels d'offres et les tarifs d'achat pour la cogénération biomasse et la production d'électricité issue de la biomasse sont loin d'avoir produit les effets attendus. Il apparaît aujourd'hui indispensable de repenser les dispositifs de soutien à cette utilisation de la biomasse", conclut le président du SER.
La biomasse constitue la première source d'énergie renouvelable en France. Elle correspond à "la fraction biodégradable des produits, déchets et résidus provenant de l'agriculture, y compris les substances végétales et animales, issues de la terre et de la mer, de la sylviculture et des industries connexes, ainsi que de la fraction biodégradable des déchets industriels et ménagers". Le bois énergie représente donc la principale provenance de biomasse, avec 46 % de toutes les énergies renouvelables produites dans le pays en 2011. S'y ajoutent les biocarburants (11 %), les déchets urbains renouvelables (7 %), le biogaz et les résidus de récoltes. En tout, la biomasse est à l'origine de plus de 66 % de l'énergie renouvelable du pays. Rappelons qu'en 2011, la production primaire d'énergies renouvelables (électriques et thermiques) s'élevait à 14 % de la production énergétique nationale.
Les objectifs de la filière biomasse pour 2020 (en Mtep) sont les suivants : 6,5 pour le chauffage domestique ; 5,2 pour le chauffage collectif et industriel ; 2,4 pour la chaleur de cogénération ; 0,55 pour les biogaz, 4 pour les biocarburants et 1,44 pour l'électricité issue de biomasse (cogénération et biogaz).