Réunis mardi 19 février, les responsables d'une trentaine d'associations de défense de l'environnement ont tenu à "tirer un signal d'alarme" quant à l'attitude du Gouvernement sur la transition énergétique. Rendre obligatoire la rénovation thermique des logements, ne plus construire d'aéroports, davantage taxer le diesel, telles sont leurs principales mesures afin de "tenter de relancer le débat national sur l'énergie". Décryptage.
2013 devait être l'année de la transition énergétique. Toutefois, près de trente ONG et associations de protection de l'environnement restent très inquiètes et revendicatives. "En parallèle du débat, le Gouvernement a pris récemment un certain nombre de décisions qui (…) creusent l'écart entre l'ambition affichée et la réalité", ont-elles expliqué mardi 19 février, mettant en avant 14 mesures essentielles à leurs yeux. Elles rappellent aussi les propos tenus par le chef de l'Etat François Hollande en septembre dernier lors de la conférence environnementale : "La France, et j'en prends ici l'engagement, se mobilisera dans la transition énergétique."
Rendre obligatoire la rénovation thermique des logements, ne plus construire d'aéroports, davantage taxer le diesel... Telles sont les principales mesures parmi les quatorze indispensables selon les ONG pour une vraie transition énergétique afin "de tenter de relancer le débat national sur l'énergie qui peine à intéresser le grand public."
Le double discours du Gouvernement dénoncé
"Personne n'est au courant de ce débat, il y a un vrai problème de portage politique par le Gouvernement", s'est désolé Bruno Genty, président de France nature environnement (FNE).
"Ce qui manque, c'est une vision à long terme, au-delà du quinquennat", a indiqué de son côté Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace, association qui "boycotte" le processus officiel du débat et n'entend pas pour le moment y retourner.
Après avoir récemment dénoncé le double discours du Gouvernement en matière énergétique, notamment sur le nucléaire ou les gaz de schiste, les ONG ont détaillé les mesures majeures dans notre secteur qu'elles jugent indispensables. Bâti autour d'un conseil national réunissant gouvernement, élus, entreprises, associations et décliné à travers des réunions en régions, le débat national sur la transition énergétique doit déboucher, d'ici l'été, sur des recommandations pour réduire la consommation d'énergie et la dépendance de la France aux énergies fossile et nucléaire, ont rappelé les ONG. Une loi de programmation en découlera, d'ailleurs, à l'automne prochain.
Interdire la mise en vente ou en location de bâtiments de classe énergétique G et F à partir de 2018
"En matière de bâtiment, premier poste de consommation d'énergie, nous plaidons pour une mise en place progressive d'une obligation de travaux pour tous les logements anciens individuels et collectifs avec en parallèle des aides pour les ménages les plus précaires, nous a signalé Raphaël Claustre, directeur du Comité de liaison énergies renouvelables (CLER). Cette obligation pourrait par exemple prévoir d'interdire la mise en vente ou en location de bâtiments de classe énergétique G et F à partir de 2018."
Dans les transports, deuxième secteur en termes de consommation, la priorité des ONG est l'abandon de toute nouvelle infrastructure de transport routier ou aérien, à commencer par le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
Pour les associations, la transition énergétique passe aussi par l'abandon complet du nucléaire, le développement de la méthanisation et la stabilité des aides en faveur des renouvelables. Elles défendent aussi un élargissement de la fiscalité écologique pour orienter efficacement les comportements ou les investissements vers une consommation énergétique maîtrisée, notamment en taxant autant le diesel que l'essence et en mettant fin à l'exonération dont bénéficie le kérosène utilisé pour les vols intérieurs.
Les financements suscitent des inquiétudes
Autre inquiétude : les financements. Un sujet qui pose question depuis la tenue de la conférence environnementale. "Au-delà des discours, on a vraiment besoin de signaux clairs en termes de mobilisation des moyens", a fait valoir le président de France Nature Environnement (FNE), Bruno Genty. "Il faut parler d'argent maintenant (…) L'inaction coûterait encore plus chère", estime de son côté le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot (FNH), Mathieu Orphelin.