TRANSITION. Dans le cadre du sommet sur le climat, Nicolas Hulot a annoncé préparer un plan d'accélération du développement de l'énergie solaire pour 2018. Le volume des appels d'offres va être fortement augmenté et l'autoconsommation encouragée. Un véritable essor est espéré par la filière, notamment grâce à EDF qui prévoit de multiplier par quatre son parc photovoltaïque.
Afin de garder le leadership mondial de la transition énergétique, acquis en 2015 lors de la COP21, la France se doit d'être exemplaire. Organisatrice du "One Planet Summit" qui réunit une cinquantaine de chefs de gouvernement, elle vient d'annoncer vouloir doper le développement de l'énergie solaire sur son territoire. C'est le ministre d'Etat à la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, qui précise : "Le potentiel de développement de l'énergie solaire est extraordinaire en France, je voudrais que nous changions d'échelle dans ce domaine".
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Pour y parvenir, le volume des appels d'offre va être drastiquement accru, pour passer de 1,45 GW/an à 2,45 GW/an (+66 %), ce qui devrait "permettre l'atteinte des objectifs ambitieux de la Programmation pluriannuelle de l'énergie pour cette filière". Une augmentation des volumes qui sera faite progressivement dès les prochaines périodes, en mars pour les installations sur les bâtiments, puis en juin pour les centrales au sol. Ce développement s'accompagnera d'une baisse substantielle des aides de l'Etat, avec un prix qui tombera à 54 €/MWh pour les plus grosses installations. Le ministre de la Transition écologique et solidaire souligne que de nouvelles dispositions ont été mises en place pour réduire les délais de réalisation des installations et d'augmenter les taux de réalisation des projets lauréats des appels d'offres.
Encourager l'autoconsommation
Du côté de l'autoconsommation, Nicolas Hulot a désigné 145 projets dans le cadre de l'appel d'offres ouvert aux consommateurs des secteurs industriels, agricoles et tertiaires (y compris des centres commerciaux). Le ministre a déclaré : "Je me félicite de voir qu'en une année seulement, le besoin de soutien public à l'émergence de projets en autoconsommation a été divisé par quatre. C'est le signe que la compétitivité des énergies renouvelables ne cesse de s'accentuer". Le volume total de cette période de l'appel d'offres atteint les 50 MWc. Les projets sélectionnés bénéficieront d'une prime à un prix pondéré de 7,90 €/MWh, un montant en forte baisse par rapport au niveau de 2016. Le ministère fait valoir que la valeur de cette prime "sera d'autant plus élevée que la part d'électricité autoconsommée sera importante et que la conception de l'installation permettra une bonne intégration au réseau électrique". Le taux moyen d'autoconsommation des projets retenus est donc très élevé, de 98 % environ.
C'est dans la moitié sud du pays que les projets seront les plus nombreux (27 en Occitanie pour 9,8 MWc de puissance, 25 en PACA et Auvergne-Rhône-Alpes pour environ 9 MWc, 24 en Nouvelle-Aquitaine…). D'ores et déjà, une seconde période de candidature à cet appel d'offres, toujours d'un volume global de 50 MWc, est en cours, sa clôture intervenant le 22 janvier 2018. Le syndicat professionnel de l'énergie solaire, a accueilli avec joie ces annonces ministérielles : "Au-delà de ce nombre, qui montre l'appétence pour les solutions solaires, Enerplan souligne que cet appel d'offres est l'un des plus frugaux en contribution publique. La demande d'aide complémentaire pour ces projets est en effet inférieure à 1 c€/kWh pendant 10 ans. Ce faible montant démontre que le développement de l'autoconsommation a maintenant surtout besoin de simplification". La filière s'interroge toutefois sur la pertinence du recours à des appels d'offres pour certains types de projets, alors qu'il s'agit d'un "mécanisme complexe" et que le besoin d'aide publique "est en diminution constante".
Un appel d'offres "technologiquement neutre" expérimenté
Enerplan rappelle d'ailleurs que parmi ses propositions, qui seront discutées dans le groupe de travail sur la simplification réglementaire, figure justement le passage du seuil des appels d'offres de seulement 100 kWc à 1 MWc. Daniel Bour, le président du syndicat, se réjouit : "Je suis persuadé que le groupe de travail, que nous avons appelé de nos vœux, permettra de donner l'impulsion pour que l'énergie solaire atteigne 10 % de la production électrique à l'horizon de 2028".
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De son côté, Nicolas Hulot a également engagé la France à respecter le souhait de la Commission européenne en lançant un appel d'offres expérimental à technologie neutre, c'est-à-dire mettant en concurrence différentes solutions de renouvelables (photovoltaïque et éolien terrestre). Un dispositif qui doit évaluer la compétitivité relative des deux filières en leur octroyant un volume total de 200 MW qui se répartira en projets d'une puissance unitaire comprise entre 5 et 18 MW. Cette fois, le soutien sera octroyé sous forme d'un complément de rémunération et les projets seront sélectionnés uniquement sur la base du critère de compétitivité économique. Pour encourager l'intérêt citoyen, ceux qui seront financés selon un mode participatif bénéficieront d'une majoration tarifaire. Le dépôt des offres sera clôt le 3 septembre 2018.
L'électricien français a dévoilé, ce lundi 11 décembre 2017, un plan sur 15 années pour développer massivement le photovoltaïque en France. Pour l'heure, cette énergie renouvelable ne représente que 1,6 % de la production électrique nationale, contre 6,2 % en Allemagne. Pourtant le territoire français se classe bien en termes de ressource solaire. EDF a donc décidé de tirer parti de cet avantage en déployant 30 GW de puissance entre 2020 et 2035, soit quatre fois les capacités actuelles du pays. Un projet plus qu'ambitieux qui aura un coût : 25 Mrds € pour l'énergéticien et ses partenaires. Des investissements qui viendront s'ajouter à ceux déjà programmés. Jean-Bernard Lévy, le p-dg du groupe déjà fortement présent à l'étranger au travers de sa filiale EDF Energies Nouvelles (voir photo), indique : "Aujourd'hui, c'est en France que nous voulons concrétiser encore davantage notre ambition". De quoi compenser l'arrêt de quelques centrales nucléaires ?