Actuellement maçon, Arthur Mayer a décroché la médaille d'or aux Olympiades des métiers 2011, une compétition entre jeunes professionnels. Dans ce contexte, de mars à juillet, le jeune champion participe aux stages de préparation technique et professionnelle organisés par WorldSkills France (COFOM) afin de défendre au mieux les couleurs tricolores à la finale internationale des Olympiades des Métiers de Londres qui aura lieu en octobre prochain.
Au lycée professionnel Jean Monnet de Montrouge (92), alors que la plupart des étudiants bûchent sur leur baccalauréat, d'autres comme Arthur Mayer, champion des Olympiades nationales dans la compétition «maçonnerie», ainsi que toute son équipe, s'entraîne d'arrache-pied durant le stage de perfectionnement précédant les Olympiades internationales. En effet, sur les conseils avisés de son expert métier, Bruno Lebon, ancien médaillé d'argent, et avec l'appui de son camarade d'entraînement, Fabien Ogez, arrivé 9ème aux Nationales, Arthur Meyer qui représente l'élite française de la maçonnerie bénéficie d'une préparation technique de haut niveau dispensée dans les meilleurs établissements professionnels de l'Hexagone et étrangers. Organisée entre la Finale Nationale et le concours international des Olympiades des métiers, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse et des Sports et l'INSEP (Institut National du Sport et de l'Éducation Physique), cette préparation a un double objectif : créer un esprit d'équipe entre les membres de l'Équipe de France et permettre à chacun de gérer la pression de la compétition internationale. Cet entraînement assure une préparation spécifique à chaque métier pour le concours international, une formation dite «préolympique» étalée sur trois semaines.
Graine de champion
Le matin, c'est réveil à 5h30 puis de 6h à 7h, footing. Ensuite, une douche et un petit-déjeuner équilibré. Arrivé au centre de formation à 8h30, l'entraînement dure jusqu'à 18h30 avec une grande pause d'environ une heure à midi ainsi qu'une pause d'un quart d'heure le matin et une autre l'après-midi. «On lui fait faire des exercices de base, comme tous les champions de France avant lui et on compare ses performances avec celle des précédents champions. Par exemple, sur les aplombs et les équerrages, on le corrige en lui faisant retravailler le plus possible jusqu'à ce qu'il n'ait plus un millimètre d'écart entre le plan et la maquette terminée», explique Bruno Lebon. Et d'ajouter : «Pour les Olympiades, un millimètre qui ne va pas, c'est un point en moins». Les exercices prennent en compte la mise en œuvre et la bonne utilisation de l'équerrage, l'aplomb, le niveau, les épures, le tout au profit de diverses maquettes plus complexes les unes que les autres. Pour les Nationales à Paris, les candidats avaient réalisé deux murs en briques de parement représentant l'Arc de Triomphe et la Tour Eiffel. Les «prototypes» qu'ils ont reçus de Londres représentent Big Ben et London Bridge, des structures spectaculaires. «Durant la création de ces maquettes, on arrête quelque minutes, pour observer, à tour de rôle, le travail de l'autre ; il y a toujours quelque chose à apprendre de son partenaire», continue Bruno Lebon. D'ailleurs, Fabien Ogez, le camarade d'entraînement du champion est fier d'assister à ces stages qui sont une réelle opportunité pour lui. « On apprend à hiérarchiser, on est mieux organisé et donc on travaille beaucoup plus vite », explique-t-il, trempé de sueur après avoir terminé une maquette de pilier en croix, comprenant élévation, pilier en diagonal, 24 aplomb et 4 niveaux, à l'allure de 30 briques à l'heure. Le camarade d'entraînement est essentiel, il apporte à la fois un esprit de compétition et un esprit de camaraderie, il travaille d'abord ensemble avant de travailler l'un contre l'autre, un «sparring partner» de la maçonnerie.
«La maquette qu'ils créent (un muret avec losange) est un très bon entraînement : du niveau, de l'aplomb sur les cotés, des coupes à 45 degrés, de la plate-bande et de la brique maçonnée à champs et en saillie de 5 cm, des équerrages à l'intérieur et la brique à champs coupé», conclut Bruno Lebon. Un entrainement de champion au service de l'orfèvrerie qu'est la maçonnerie, et ce n'est que le début. Avant la compétition internationale des Olympiades des Métiers à Londres, en octobre 2011, Arthur et son équipe feront une escale au Canada, à une heure de route de Montréal, pour apprendre les secrets de la maçonnerie que recèlent les artisans du Grand Nord.
Portrait du jeune champion en page suivante.
Arthur Mayer : un jeune champion qui a la tête sur les épaules
Le parcours d'Arthur Mayer n'a rien d'exceptionnel en apparence. En apprentissage aux Compagnons du Devoir, il réussi son CAP, BEP puis dernièrement sont BP maçonnerie. Il part sur le Tour de France des Compagnons et découvre ainsi Nancy, Brest, Rouen, Pau, Toulouse, Dunkerque ou encore Nice. Puis, il entend parler des Olympiades des métiers et décide de s'inscrire. Déjà candidat pour le concours du Meilleur Apprenti de France, il n'en est pas à son premier coup d'essai. Le jeune maçon connaît son attrait pour la compétition et sait que cette expérience peut apporter beaucoup aux participants.
Il remporte les Olympiades régionales d'Alsace, ainsi que les Olympiades nationales. Et depuis la fin des olympiades nationales, le jeune maçon passe son temps libre à s'entraîner pour les internationales. «Après mon travail, je vais courir puis je m'entraîne à faire des aplombs, de la coupe et de la plate bande. Je réitère le week-end en faisant du sport le matin et de la maçonnerie l'après-midi», explique Arthur qui compte bien ravir une place sur le podium à Londres. En tout cas, que ce soit son expert métier Bruno Lebon, son formateur Philippe le Poulennec ou encore son partenaire Fabien Ogez, le constat est unanime : «Arthur a tout pour s'asseoir sur le podium». Par les divers entraînements personnels et surtout par le stage de perfectionnement, Arthur a gagné en organisation, en rapidité et en esthétique de finition. Le sourire aux lèvres, le jeune champion fier de sa place explique la chance qu'il a : «C'est une valorisation du métier, une formation de premier ordre, une évolution professionnelle énorme et des voyages à travers le monde». Après la compétition, Arthur songe à s'expatrier quelque temps, afin d'apprendre d'autres techniques de travail sur le métier de la maçonnerie. Il aimerait aussi passer un Brevet de Maîtrise et un BTS dans l'espoir de devenir un jour chef de chantier ou conducteur de travaux. Et pourquoi pas devenir expert de métier et ainsi, à son tour, transmettre son savoir-faire aux futurs champions qui suivront son exemple.
Préparation de la maquette : muret avec losange
Arthur Mayer, après avoir mis à l'échelle le plan de la maquette, s'attaque à la préparation de la découpe, au millimètre près.
La découpe
La scie sur table est un enjeu de taille, il faut être rapide et précis et toute erreur équivaut à une perte de temps considérable. En effet, lors de la compétition, il y a en moyenne une scie pour deux candidats.
Un entrainement encadré
Lors de l'entrainement, Bruno Lebon, expert métier et Phillipe Le Poulennec, formateur (ci-dessus) prodigue les derniers conseils de préparation avant la compétition, tant au champion Arthur Mayer qu'à son camarade Fabien Ogez.
Un travail d'équipe
«Un acolyte pour s'entraîner, c'est essentiel. On observe le travail de l'autre, ça nous motive à avancer plus vite. On veut toujours faire mieux que le partenaire qui est à coté, mais la plupart du temps c'est lui qui gagne», souligne Fabien Ogez.
Du dessin à la création
Après la découpe et avant de cimenter le tout, regard vif et attentif sur les possibles défauts de l'œuvre en s'appuyant sur les données du plan. «Pour cet exercice, je vais toujours de l'intérieur vers l'extérieur», explique Arthur Mayer.
Un travail hierarchisé
Maintenant que les vérifications sur les dimensions et la mise en forme des brique pour le losange sont terminées, Arthur peut passer à la mise en place du muret.
Mise en place du muret
Ici, l'erreur n'existe pas : aplombs, équerrages, niveaux, tout est vérifié plusieurs fois par le champion. «Pour le niveau, Arthur n'a même pas besoin de vérifier, à l'œil, il excelle dans ce domaine, mais pour se rassurer, il vérifie au moins deux fois», constate Bruno Lebon.
Un travail d'orfèvre
Par le biais de ces champions des Olympiades des métiers, Bruno Lebon espère que le public comprendra que «la maçonnerie ce n'est pas juste deux parpaings et du ciment». A l'instar de la ferronnerie, la maçonnerie est un art d'artisan.