Le Conseil national de l'ordre des architectes a vivement critiqué les propositions des bailleurs sociaux énoncées dans le cadre de la réflexion stratégique "Objectif : 500.000 logements", lancée par le ministère du Logement. Une prise de position qui a suscité l'incompréhension du côté de l'Union sociale pour l'habitat. Explications et réactions.
Après la colère de l'UNPI (Union nationale de la propriété immobilière) qui dénonçait des dysfonctionnements en matière d'aide de l'Etat au logement social, l'Union sociale pour l'habitat (USH) est confrontée à un nouveau courroux. Cette fois, c'est le Conseil national de l'ordre des architectes qui pointe du doigt les "solutions alarmantes" proposées par l'organisme dans le cadre de la réflexion stratégique "Objectif : 500.000 logements".
Il s'agit "d'une alerte", nous confie Catherine Jacquot, présidente du CNOA. Et d'ajouter : "Nous sommes inquiets suite aux propositions de l'USH prônant un retour à un modèle constructif répétitif, avec des typologies de logements standardisées, au nom d'un coût et d'un délai". En effet, ces idées énoncées vont à l'encontre de celles défendues par les architectes qui favorisent "la qualité de l'habitat dans un aménagement du territoire durable et la reconstruction de la ville sur elle-même", en mettant en avant le slogan : "Construire plus et vite, mais construire bien et là où il faut !". Une conviction réaffirmée par la présidente du CNOA : "Le logement n'est pas un produit industriel, c'est avant tout un lieu de vie qui permet de construire le lien social ".
Un avis également partagé par l'USH qui ne comprend pas les reproches qui lui sont adressés : "Pour nous, produire plus ne signifie pas produire moins bien", souligne-t-elle. Pour l'organisme social, c'est l'étonnement qui domine face à ces propos et il n'hésite pas à éteindre l'incendie : "Les architectes sont nos partenaires, notamment dans la rénovation et le renouvellement urbain", nous précise l'USH. Et de compléter : "Nous n'avons aucun intérêt à valoriser une vision standardisée et bas de gamme du logement. C'est important pour nous de faire de la qualité car nous en sommes redevables, c'est notre patrimoine et c'est nous qui l'entretenons par la suite".
Incompréhension et malentendus
Au final, tous paraissent bien conscients des enjeux et notamment de construire de manière économique et bien, en s'appuyant sur une procédure vertueuse alliant les compétences des urbanistes, des paysagistes, des bureaux d'étude, des maîtres d'ouvrage, et plus généralement de la filière construction.
Afin de lever tous malentendus, l'USH espère rencontrer rapidement la profession. Le CNOA nous indiquait aussi son intention de renouer le dialogue "afin de ne pas rester sur des visions aussi éloignées". La bonne volonté semble donc être des deux côtés, et un terrain d'entente proche.
