Y a-t-il des trous dans le béton des piscines du futur réacteur nucléaire EPR de Flamanville, comme l'évoque le Canard Enchaîné du 31 août ? Si l'ASN a effectivement relevé, il y a plusieurs mois, des défauts sur le chantier du site, les critiques avancées seraient sans fondement. Explications.
Le premier EPR français doit faire face à une nouvelle polémique. Une semaine après les révélations du Canard Enchaîné sur « une inspection explosive » de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur le site normand, l'hebdomadaire récidive ce mercredi et indique qu'EDF, l'exploitant, a reçu des courriers « au vitriol » de la part du gendarme du nucléaire. Ceux-ci pointeraient des malfaçons dans le gros-œuvre et la construction des équipements de sécurité, notamment des trous dans les piliers en béton et des défauts dans les parois des piscines destinées à recevoir le combustible nucléaire, souligne le Canard.
« Une manipulation honteuse et scandaleuse »
Ces critiques ont bien sûr fait bondir le responsable du génie civil du chantier, Bouygues Construction, qui, par la voix de son Pdg, Martin Bouygues, crie à une « manipulation honteuse et scandaleuse ». Lors d'une conférence de presse ce mercredi, à l'occasion de la présentation de ses résultats semestriels (lire article), il a reconnu : « C'est vrai qu'il y a des malfaçons, car c'est un prototype et il y a des difficultés techniques, mais elles sont reprises ». Et d'assurer que « les photos montrant des trous [dans les pages du Canard Enchaîné, ndlr] ont été prises avant que les travaux de reprise soient effectués ». Dernièrement, le groupe avait dû faire face à des accusations pour divers accidents survenus sur le chantier (lire article).
Interrogé à plusieurs reprises mercredi, le chef de la division ASN de Caen (14), Simon Huffeteau, a, pour sa part, rappelé que l'activité de bétonnage complexe de ce chantier impliquait des défauts et que « ce type de défaut est commun dans le génie civil ». Il a, en outre, souligné que ces démarches entrent bien « dans le travail de l'ASN qui est de veiller par ses inspections à ce que la qualité des réalisations restent bonnes » et que l'Autorité avait d'ores et déjà demandé à EDF de réparer et de procéder à des contrôles complémentaires. De son côté, le ministre de l'Industrie, Eric Besson, a réagi en expliquant que « les travaux béton visés par les lettres de l'ASN citées dans cet article sont encore en cours et n'ont même pas été réceptionnés par EDF. Les observations de l'ASN seront bien entendu prises en compte dans le cadre de ce chantier en cours. »
Beaucoup de bruit pour rien ? En attendant, le chantier a déjà pris près de 2 ans de retard (lire article) et ne sera livré qu'en 2016.
