25 ans après sa création par le peintre Hundertwasser qui prônait une "architecture sans architecte", l'immeuble HLM le plus célèbre au monde est revendiqué en co-paternité par un architecte qui a collaboré au projet.

Trois ans après le décès du peindre Friedensreich Hundertwasser, son oeuvre la plus connue, la fameuse "maison Hundertwasser", une HLM inclassable dont les façades irrégulières et bariolées sont connues du monde entier, fait l'objet d'une dispute en propriété intellectuelle.

L'architecte Joseph Krawina, qui a aidé le peintre et architecte autrichien Friedensreich Hundertwasser à concevoir l'insolite bâtiment, exige à titre de co-auteur la moitié des royalties liées aux cartes postales,calendriers, albums, livres, modèles miniatures et autres objets vendus aux milliers de touristes qui en font chaque jour la visite.

En février, l'ancien associé du peintre a obtenu de la Cour suprême une suspension de la vente des produits dérivés de la "maison des arts", un musée proche de la "maison Hundertwasser" et conçu dans le même style par Hundertwasser.

Avec Peter Pélikan, Krawinan a été un fidèle du peintre mais il s'était dissocié du projet en 1981, après que Hundertwasser eut imposé une façade en mosaïques bleues et roses, sorte de mélange naïf de massepain et de fruits confits. "Les deux hommes avaient travaillé ensemble sur l'ensemble du bâtiment mais ils se sont chamaillés sur la façade", explique Me Michael Walter, l'avocat de M. Krawina cité par l'AFP "Quand Hundertwasser a voulu imposer son point de vue, mon client a décidé de quitter le projet", ajoute-t-il.

Construite en 1985 dans le 3ème arrondissement de Vienne, la "maison Hundertwasser" abrite 52 logements sociaux de 30 à 150 m2, tous différents, où vivent quelque 20O locataires.

Véritable maison de conte de fées, l'immeuble est un kaléidoscope architectural mêlant bulbes des églises russes dorés à la feuille, cabines téléphoniques anglaises, balcons hérités du classicisme français et du baroque catalan, jardins suspendus rappelant ceux de l'antique Babylone, et colonnes des anciens palais crétois.

Commande de la municipalité, l'immeuble construit en briques aura coûté près de 100 millions schillings autrichiens (environ 7,5 millions d'euros), soit deux fois le prix d'une construction similaire "normale". Il fut conçu avec treize formes de fenêtres, des sols ondulés comme des collines, 19 terrasses et un jardin d'hiver où furent plantés 250 arbres car le peintre, qui rêvait d'une "architecture sans architecte" souhaitait intégrer les plantes comme un élément vivant de la construction.

L'immeuble fait partie intégrante du patrimoine de la ville de Vienne, mais l'aura dont bénéficie le bâtiment agace singulièrement les architectes autrichiens. Ces derniers se gaussent de ces logements soit disant "en harmonie avec la nature" où pour supporter quelques 80 centimètres de terre sur les terrasses, il est nécessaire de renforcer les structures avec du béton.

Toujours est-il que le style Hundertwasser a fait des petits en Allemagne, au Japon et bien entendu en Autriche comme le service anti-cancéreux de l'hôpital de Graz, considéré comme "une des expériences les plus intéressantes sur l'interaction du malade et de son environnement visuel".

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