Si l'argile est encore une ressource abondante, reste que sa préservation, à long terme, doit être gérée de façon durable. C'est ce vers quoi tend la Fédération des tuiles et briques, qui s'appuie sur une étude scientifique démontrant que les sédiments portuaires notamment pourraient entrer dans la fabrication de ses produits. Explications.

Des sédiments dragués, entre autres, dans les ports pour fabriquer des tuiles et briques en terre cuite ? C'est une piste nouvelle issue des travaux du Centre technique de matériaux naturels de construction (CTMNC) et du Laboratoire de géosciences de l'Ecole des Mines ParisTech, qui vient de montrer que les sédiments fins naturels qui se déposent chaque année dans les ports, les barrages, les canaux, les estuaires et les zones côtières pourraient être utilisés en mélange avec des argiles fossiles extraites en carrière pour la fabrication des tuiles et briques en terre cuite.

 

Une cartographie des gisements et leurs quantités

 

A ce jour, les fabricants de matériaux en terre cuite utilisent entre 6 et 7 millions de tonnes d'argile par an, souligne la Fédération française des tuiles et briques (FFTB). Or, ce sont 40 millions de tonnes de sédiments qui se déposent chaque année en France, dont 80% liées à l'activité humaine (production d'énergie, transports maritimes et fluviaux, irrigation…). Le potentiel est donc conséquent. En outre, l'étude a permis de cartographier et quantifier les gisements de sédiments, d'en mesurer la compatibilité avec les process de fabrication existants spécifiques à l'industrie de la terre cuite, explique le CTMNC. Un cadre de référence qui va permettre donc de prévoir les éventuels ajustements des futurs mélanges.

 

"Notre matière première, l'argile, est une ressource 100% naturelle, locale et abondante mais c'est une priorité pour nous, en R&D, d'en assurer la préservation, donc une gestion efficace", précise Pierre Jonnard, président de la FFTB. Qui rappelle que la filière investit depuis plusieurs années pour optimiser ses process de fabrication, pour parvenir à réduire de 37% l'énergie nécessaire à la fabrication entre 1990 et 2014, et de 35% les émissions de CO2 sur cette même période.

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