SINISTRE. L'incendie n'a heureusement pas fait de victimes. Mais un nouveau feu de façade est venu raviver les souvenirs de Grenfell, touchant cette fois-ci des logements pour étudiants situés à Bolton. En cause, le revêtement de façade qui a permis un développement rapide du feu.
C'est un nouvel avertissement sur le risque lié à la propagation rapide de flammes en façade. Vendredi 15 novembre 2019, un bâtiment abritant des logements étudiants, le Cube, situé à Bolton (Royaume-Uni), s'est embrasé. L'incendie n'a heureusement pas fait de victimes. Mais les témoins ont déclaré à la presse locale que la propagation des flammes le long de la façade avait été impressionnante. Alors que le premier rapport officiel sur Grenfell vient de paraître, pointant notamment du doigt les risques liés aux panneaux d'aluminium composite avec une âme en polyéthylène (ACM-PE), tous les regards se sont tournés vers le matériau employé à Bolton. Il s'agit de panneaux "stratifié décoratif haute pression" (en anglais, HPL) disposés sur cet immeuble de six étages.
Les images publiées par les médias britanniques donnent une idée de l'ampleur du sinistre :
En France, la réglementation incendie est plus exigeante que celle existant outre-Manche. Mais difficile de savoir, en l'absence d'informations plus détaillées sur le matériau employé à Bolton, s'il aurait été possible d'installer cela en France sur un immeuble correspondant à un bâtiment d'habitation de troisième famille. Une chose est sûre, cela ne sera plus possible à compter de l'année prochaine, du fait des effets de la réforme de l'été 2019 - sauf si la solution a été validée par un laboratoire spécialisé.
La France probablement concernée
Les performances de ces HPL se situent visiblement entre B et D en Euroclasses, selon les caractéristiques anti-feu du produit (ignifuge ou non). Ce qui, selon une source bien informée, impliquerait que des produits HPL classés en D (dans l'ancienne classification française, en M3), c'est-à-dire possédant une résistance au feu qui laisse à désirer, ont pu être posés sur des immeubles d'habitation de troisième famille, et ce sans avoir recours à une appréciation de laboratoire. Pour rappel, le renforcement de la réglementation pour le risque de propagation des flammes par la façade date de 2010 pour l'instruction technique 249, puis surtout d'août 2019 (avec entrée en vigueur en 2020).
D'après le Financial Times, le HPL a déjà été impliqué dans un feu cette fois-ci meurtrier, à Lakanal house (Londres), en 2009. D'après le Guardian, "le Gouvernement n'a toujours pas terminé les tests concernant les bardages en HPL, visant à déterminer le risque feu qu'ils représentent". Les pouvoirs publics britanniques sont toutefois en train de réunir les données pour connaître le nombre de bâtiments potentiellement concernés, les résultats sont attendus pour mars 2020 au plus tôt.
(Article mis à jour le 28 novembre 2019)