Le géant français de l'atome a précisé, ce mardi 8 novembre, qu'il saurait d'ici à la fin de l'année si de nouveaux retards et provisions financières affecteront le chantier de son réacteur EPR en construction en Finlande. Explications.
Nouvel épisode dans la saga du réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR en Finlande. «Nous sommes en train de consolider le calendrier commun avec notre client, l'électricien TVO », a expliqué ce mercredi une porte-parole du géant français de l'atome. Il tablerait sur une fin de chantier fin 2012 et une mise en service à pleine puissance au deuxième semestre 2013.» Précision. Le chantier devait initialement s'achever au printemps 2009…
Même si le constructeur français avoue à demi-mot, que le chantier pourrait finalement souffrir de retards supplémentaires, il assure dans un communiqué qu'il «a franchi cet automne une étape majeure de son développement avec l'installation de la quatrième et dernière pompe du circuit primaire, son raccordement aux tuyauteries auxiliaires et au réseau électrique interne».
Areva procède, à l'heure actuelle, au chargement de combustible. Une fois le «process» achevé, il est prévu que la phase de lancement dure huit mois, mais le groupe français souligne qu'il est possible qu'elle dure plus longtemps «car il s'agit d'une tête de série».
Cependant du côté du client de la centrale, les prévisions sont loin d'être optimistes. Le mois dernier, l'électricien TVO estimait que l'exploitation de la centrale nucléaire pourrait encore être reportée à 2014. «Les travaux d'installation électrique ont pris plus de temps que prévu et les retards accumulés auront un impact sur le démarrage de la centrale»,confirmait alors TVO dans un communiqué.
Quant à l'impact financier d'éventuels retards, Areva prendra sa calculette comme à chaque fin de semestre mais «c'est déjà prématuré», déclare-t-on chez le groupe français.
Un budget dépassé ?
Dans un entretien accordé le 13 octobre dernier au quotidien Les Echos, le député Marc Goua, chargé par la commission des Finances d'une mission sur les comptes d'Areva et d'EDF, déclarait que les dirigeants d'Areva évoquaient «un dépassement total de 3,6 milliards d'euros (contre 2,7 milliards provisionnés jusqu'ici)», pour le projet d'EPR finlandais. «On va passer d'un budget de 3 à 6,6 milliards d'euros, sur l'ensemble du projet», avait-il précisé.
La question du nucléaire est également abordée ce mercredi 9 novembre dans les colonnes du Parisien. Ce ne sont pas les éventuels retards pour Areva sur l'EPR finlandais qui y sont évoqués mais les possibles conséquences en cas d'une sortie de la France du nucléaire. Dans une interview, le patron d'EDF, Henri Proglio, déclare : «En France, la sortie du nucléaire augmenterait probablement 50% des émissions de gaz à effet de serre à cause de l'utilisation du charbon, du gaz et du pétrole pour remplacer le nucléaire, commente-t-il au journal. Cela impliquerait aussi un investissement de 400 milliards d'euros pour remplacer le parc existant(...) ce qui se traduirait par un doublement de la facture d'électricité. Et cela mettrait en péril d'après lui « un million d'emplois.»