Il y a encore 2 ans, le bâtiment situé à l'angle de la rue Saint-Antoine et de la rue de Turenne, était un des derniers immeubles déclarés insalubres du 4ème arrondissement de Paris. Aujourd'hui, grâce aux architectes Karine Chartier et Thomas Corbasson, c'est un logement social de 11 appartements qui voit le jour. Visite de ce chantier audacieux et ingénieux.
Audace architecturale tout d'abord. Celle des architectes qui, en imaginant pour façade une « peau métallique » unique composée de claustras perforées fixes et coulissantes, ont su faire oublier le mur toujours existant mais qui avant défigurait la rue. Audace technique, tant les contraintes liées au bâti ancien ont compliqué la tâche de l'entreprise Fayolle, qui s'est chargée de ce chantier d'un montant de 2,1 millions d'euros HT. Audace sociale ensuite, car en faisant rimer logement social et geste architectural, la mairie du 4ème arrondissement de Paris et la société immobilière d'économie mixte de la ville de Paris (SIEMP) ont prouvé que la qualité, tant intérieure qu'extérieure, peut s'appliquer à la réhabilitation d'un immeuble destiné à renforcer la mixité sociale. Sur ce point, « nous manquons de logements sociaux, et surtout de T3 et de T4. Dans cet arrondissement, nous n'avons que 7 à 8 % de logements sociaux », explique Dominique Bertinotti, maire de l'arrondissement de Paris. « Mon équipe municipale et moi-même, nous sommes fixé d'atteindre 10% de logements sociaux d'ici à la fin de la mandature en 2014 », ajoute-t-elle ensuite. Audace enfin, car le rez-de-chaussée accueillera cet été une poissonnerie de plus de 100 m2, « souhait des habitants du quartier, qui désirent retrouver des commerces de proximité », conclut Dominique Bertinotti.
Deux ans de travaux
Situé à l'angle de la rue Saint-Antoine et de la rue de Turenne, l'immeuble, sur une parcelle de 143 m2 comportait 5 étages et un dernier en retrait abritant 10 logements et un local d'activité au rez-de-chaussée. Une courette intérieure éclairait l'escalier et l'arrière des logements. Mais le mauvais état, du point de vue de la vétusté générale des matériaux et des équipements, a nécessité le renforcement de l'ensemble des murs et planchers par des échafaudages et contreventements en bois sur toute la hauteur.« Les planchers présentaient des déformations locales et constituaient un danger. Ils étaient en bois et présentaient une forte inclinaison, due à un terrassement différentiel provoqué par des mouvements de façade. Les enduits des façades étaient très dégradés et n'assuraient plus l'étanchéité, les escaliers étaient en bois, et les marches et paliers présentaient un dénivelé important », souligne fortement Thomas Corbasson l'un des architectes. La remise en état de l'immeuble d'habitation, et notamment de la cage d'escalier, aurait imposé d'importants travaux de démolition et de restructuration trop coûteux.
« Il a donc été décidé de conserver le volume général de l'immeuble existant et de le réhabiliter, et surtout d'être force d'ingéniosité », explique Thomas Corbasson. Dans les étages, un volume neuf vient donc se greffer au volume existant côté rue de Turenne, sur la parcelle mitoyenne, permettant ainsi d'agrandir les logements et d'avoir une vue sur la rue de Turenne. Pour ce faire, le mur dit « d'héberge » ainsi que la cage d'escalier ont été démolis à l'emplacement de l'extension. En outre, des démolitions partielles ont été prévues pour la reprise des planchers. Ainsi, 11 nouveaux logements - trois T1, quatre T2 de 44 m2 et quatre T4 de 78m2 - ont été réalisés. De plus, chaque logement bénéficie d'une terrasse ou d'un balcon filant protégé par une « peau métallique » extérieure. Cette « peau » en aluminium anodisé vient recouvrir et homogénéiser l'ensemble, « elle permet une ventilation naturelle, sert de pare soleil, et elle est idéale pour une meilleure intimité », précise enfin Thomas Corbasson.
Avant …
Après...
Appartement
Sur la rue de Turenne, la lumière dans les logements.
Entrée
Entrée d'un des appartements.
Dernier étage
Filtrer les vis-à-vis.
Escalier
Cage d'escalier de l'immeuble offrant de la lumière.
Baignoire
Les plus grands appartements bénéficient d'une salle de bain et d'une salle d'eau.
Maire
Dominique Bertinotti, maire du 4ème arrondissement de Paris.
Architecte
Thomas Corbasson, architecte du cabinet Chartier-Corbasson.
Maitre d'ouvrage : SIEMP
Architectes : Karine Chartier et Thomas Corbasson
BET TCE : Starck
BET façade : Robert Jan Van Santen
Entreprise générale : Fayolle
Façade métallique : Portal
Surface : 900 m2 SHON
Montant des travaux : 2,1 millions d'euros HT
Calendrier :
Début des travaux : 1er mars 2007
Livraison : 1er mars 2009