ENTRETIEN. L'architecte-paysagiste Michel Desvigne, Grand prix de l'Urbanisme 2011, partage son regard sur l'évolution des territoires dans une interview pour Batiactu. De Paris à Sydney, il décrypte les mutations en cours et le rôle clé du paysage face aux défis climatiques, en défendant une approche sensible.
Il est difficile, au premier abord, de définir Michel Desvigne. Ce grand curieux aux longs cheveux blancs, féru d'histoire et passionné de géographie et d'urbanisme, est l'un des plus grands architectes-paysagistes de l'Hexagone. À la tête d'une agence éponyme de 50 personnes, le professionnel de 67 ans, né à Montbéliard (Doubs), se destinait à la biologie.
Son cabinet œuvre actuellement à la réalisation de 100 projets en France et dans le monde. Lauréat du Grand prix de l'Urbanisme 2011, Michel Desvigne a signé d'innombrables grandes opérations, comme le parc de Greenwich (Londres) avec l'architecte italo-britannique Richard Rogers ou l'aménagement du vieux port de Marseille avec l'architecte anglais Norman Foster. Rencontre avec un géant du secteur.
Vos bureaux sont situés à quelques pas du Centre Pompidou, à Paris. Aimeriez-vous, un jour, travailler sur la requalification de cette place pour en faire un espace davantage végétalisé ?
Michel Desvigne : L'agence ne s'est pas installée à cette adresse par hasard. J'ai un grand amour pour ce bâtiment. Adolescent, sa découverte a été un vrai choc esthétique. J'ai eu la chance de travailler avec Renzo Piano [co-architecte du musée parisien, NDLR] dès ma deuxième année à l'École nationale supérieure du paysage (ENSP). Et nous collaborons toujours, 40 ans après.L'agence s'est installée dans le quartier il y a 28 ans. Certaines fenêtres du bureau où nous nous trouvons offrent des vues sur l'édifice. J'aime le Centre Pompidou pour son dessin, et j'ai travaillé avec ses trois auteurs Renzo Piano, Richard Rogers et l'ingénieur Peter Rice dans ma carrière. Je chéris aussi cet espace pour l'ensemble de places qui a été imaginé, et qui ressemble à un réseau de places à l'italienne.
Renzo Piano m'a un jour demandé si l'on devait planter la Piazza Beaubourg. J'ai été touché que cet homme soit prêt à changer l'image de la place, en plantant des arbres. Des propositions ont été soumises, à l'époque, à la Ville de Paris. Les conditions ne sont, pour l'instant, pas réunies. Je trouve toutefois que cela serait une bonne idée.
"Je collabore avec Renzo Piano depuis 40 ans."
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Vos bureaux offrent également des vues sur les toitures en zinc typiquement parisiennes, et quelques monuments emblématiques du centre de la capitale. Mais d'ici, je vois peu de verdure. La Ville porte pourtant depuis plusieurs années de nombreux projets de végétalisation et encourage les acteurs privés à faire de même pour s'adapter et lutter contre les effets du dérèglement climatique. Quel regard portez-vous sur la transformation de Paris ?
En 2019, une étude nous a été confiée pour définir et qualifier le concept de forêt urbaine, et esquisser les principes de conception, de réalisation et de gestion de ces nouveaux aménagements. Nous avons mené ce travail conjointement avec l'écologue Marine Linglart, avec qui nous travaillons régulièrement. Cette charte a du sens, elle définit par exemple les masses critiques de sol, les dimensions minimales accessibles, les palettes végétales et leurs étagements.Pour répondre à votre question, je souhaite me projeter à l'échelle du Grand Paris. Les transformations
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