DÉBAT. Les architectes membres de la section III de l'Académie des Beaux-Arts ont dédié leur séance plénière à la restauration de Notre-Dame de Paris, entre inquiétudes sur sa structure et aspirations pour son avenir.

Sans surprise, près d'un mois après l'incendie, l'édifice religieux occupait toutes les discussions de la section III de l'Académie des Beaux-Arts, lors de sa séance plénière délocalisée à Versailles, en pleine Biennale d'architecture et de paysage d'Île-de-France.

 

Les architectes membres de l'Académie des Beaux-Arts n'ont pas tu leur lassitude devant le traitement médiatique des premières heures, autant que la querelle ancien-moderne sur la restauration de Notre-Dame. Mais ce mercredi, les académiciens ne tarissaient pas d'inquiétudes quant à la santé actuelle du sanctuaire religieux, encore en cours de sécurisation.

 

Conviée en introduction des débats, l'ancienne directrice du patrimoine Maryvonne de Saint-Pulgent n'a pas vraiment éclairci le tableau. Pour celle qui a déjà vécu un drame patrimonial avec l'incendie du Parlement de Bretagne à Rennes,"il y a ce qu'il se passe pendant l'incendie et ce qui se passe après, et malheureusement, les dégâts s'aggravent et les constats que l'on a pu faire sont révisés en permanence".

 

L'orgue englué par les poussières de plomb

 

Citant en exemple l'orgue déclaré "intact" mais qui serait englué dans la poussière de plomb, Maryvonne de Saint-Pulgent, a préféré le terme "sauvetage", à "sécurisation" pour décrire les opérations en cours visant à préserver ce qui reste de l'édifice.

 

Face à l'empilement de mauvaises nouvelles, le calendrier de restauration relève encore d'un horizon flou. Mais l'ancienne directrice du patrimoine ne semble pas envisager le délai de 5 ans fixé par Emmanuel Macron comme une épée de Damoclès mais comme un "élan" donné aux différentes parties prenantes.

 

Dans la même teneur, celle-ci a jugé pertinent le projet de loi relatif à la restauration et la conservation de Notre-Dame : "cet instrument ne me choque pas car cette catastrophe est tout à fait singulière." Alors que le texte législatif actuellement au Sénat comporte un article autorisant des dérogations aux règles environnementales, urbanistiques et patrimoniales, Maryvonne de Saint-Pulgent a affirmé que le Conseil d'État constituait un garde-fou solide, pour valider ou retoquer une ordonnance dérogatoire.

 

Une esthétique universelle, si "le travail est partagé"

 

Cette loi constitue également "un outil intéressant" aux yeux de l'architecte Dominique Perrault, mais qui doit servir une logique de travail réellement "partagé" entre les acteurs à l'œuvre sur le chantier de restauration, et ceux qui sont aux manettes. Une synergie des acteurs, qui, poursuit-il, pourrait annihiler la querelle esthétique sur la restauration de Notre-Dame, pour en faire une œuvre "universelle".

 

Loin de s'écharper sur leur vision pour les futures charpente, couverture et flèche de Notre-Dame, les architectes académiciens ont plutôt regretté que ce débat ait lieu aussi précocement, et que des propositions architecturales aient pu émerger à la même vitesse.

 

"Je trouve qu'à un moment donné, certains architectes se sont prononcés trop tôt et se sont servis de cette situation pour faire des propositions que je trouve disqualifiantes pour la profession", a ainsi fustigé Aymeric Zublena, co-concepteur du Stade de France.

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