Nicolas Michelin et Associés fête ses 10 ans, l'occasion de revenir sur une décennie de projets aboutis, avortés ou encore en cours de réalisation. Mais surtout de se rendre compte de l'empreinte laissée par leurs programmes dans plusieurs grandes villes. Derrière ses opérations, se cache un homme tout en retenue et fidèle à ses convictions. Rencontre.
Dix ans. L'Agence Nicolas Michelin et Associés, ANMA, a célébré avec punch cet anniversaire à travers une exposition interactive, qui s'est déroulée du 25 au 28 novembre, mêlant films, maquettes suspendues, images, débats, œuvres d'artistes et bien sûr des photos et perspectives de projets retraçant le profil de ses concepteurs-urbanistes.
Au final, un parcours qui montre combien l'agence a marqué de son empreinte plusieurs grandes agglomérations françaises. «Notre mode de travail est tourné vers la ville», confie d'ailleurs l'architecte. A son actif, de nombreux plans d'aménagement et d'urbanisme parmi lesquels le quartier de l'Amphithéâtre à Metz ou le bassin à Flot de Bordeaux. Pour Nicolas Michelin, tout a une importance : le tracé d'une rue, la manière dont elle va tourner…
Si le développement durable est lui aussi au cœur de ses programmes via l'utilisation de matériaux respectueux et nobles et la maîtrise des ressources naturelles, il n'est jamais brandi comme un alibi. Ni même un faire-valoir. «Un quartier est réussi s'il donne l'impression d'avoir toujours été là», martèle-t-il. C'est pourquoi, il parle de «quartier de l'invisible» où l'on peut flâner, se balader, faire du vélo, cohabiter avec la nature : «Ce qui m'intéresse, c'est le vivre ensemble. Partager des espaces est un défi compliqué mais toujours très intéressant», souligne-t-il. Dans un souci d'harmonie, il intègre régulièrement de nombreux espaces verts dans ses projets : «J'aime quand les jardins avancent dans la ville, comme des grandes allées vertes. Tout cela est très important pour moi, l'Homme en ville sans nature perd son âme», indique-t-il.
«Il faut repenser le développement durable»
Une pensée qu'il développe aussi à travers ses opérations de logements sur lesquels il prête attention au bien-être et au coût. Par exemple, à Dunkerque, ANMA a construit des maisons non conventionnelles aux toits pentus avantageant les économies d'énergie ; à Nantes, il a imaginé des immeubles en quinconce afin de privilégier l'ensoleillement des façades et la vue. Pour les bâtiments publics, la règle est la même : intégration paysagère et respect de l'environnement.
Prochaine grande étape pour l'agence : le concours du futur «Pentagone» à la française du ministère de la Défense, situé dans le 15ème arrondissement à Paris, pour lequel il se retrouve face à Dominique Perrault et Norman Foster. Mais pour Nicolas Michelin, le vrai combat réside dans la diffusion du développement durable dans les villes : «Il faut repenser cette notion, remettre la nature au cœur des cités, réfléchir sur des nouvelles façons d'aborder les nouvelles problématiques économiques et sociales». A 55 ans, ce bâtisseur ne baisse donc pas les bras, au contraire, il compte bien défendre, convaincre les politiques en imposant ses convictions et son éthique sur des questions telles que la densité urbaine et les sources d'énergie.
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L'Agence Nicolas Michelin et ses Associés Michel Delplace et Cyril Trétout compte 80 personnes, dont 40 urbanistes, 40 architectes et 4 paysagistes. Elle travaille sur l'architecture, l'urbanisme, le paysage et le design «avec une préoccupation constante de l'écologie». Parmi ses grandes réalisations, on peut citer la Halle aux farines à Paris, le théâtre de la piscine à Châtenay-Malabry. Côté opérations d'urbanisme et d'aménagement urbain, on distingue le quartier du grand large à Dunkerque, le quartier de l'amphithéâtre à Metz.