CHIFFRES. L'Agence nationale pour l'habitat (Anah), qui distribue MaPrimeRénov, vient de communiquer les derniers chiffres quant à cette aide financière. Pour la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, le succès est là.

"C'est vraiment un succès." Dans une conférence diffusée sur Internet, ce 9 septembre 2020, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon a tenu à défendre le dispositif MaPrimeRénov, lancé début 2020, à l'aube d'une année marquée par deux mois de confinement de la population. Le Gouvernement envisage dépasser les 100.000 demandes de prime en 2020, et peut-être atteindre les 150.000. Pour rappel, l'objectif fixé par l'ancien ministre délégué au Logement, Julien Denormandie, était celui de 200.000 primes distribuées cette année. Où en sommes-nous exactement à septembre 2020 ? A 89.124 demandes déposées, 83.613 instruites et 61.582 aides accordées. "Nous commençons à avoir un système où les dispositifs sont reconnus et atteignent leur public", assure Emmanuelle Wargon.

 

De "grands changements" se préparent

 

Si Valérie Mancret-Taylor, directrice générale de l'Anah, reconnaît que l'instruction des dossiers a été impactée par la situation d'urgence sanitaire, elle estime également que le bilan est positif. "De grands changements se préparent dans le cadre du plan France relance, avec l'ouverture de MaPrimeRénov à l'ensemble des propriétaires, occupants et bailleurs, et aux copropriétés." Un bonus d'aide sera aussi versé pour une sortie du statut de passoire thermique et la réalisation de bouquets de travaux. Enfin, l'Anah annonce le lancement d'une réflexion sur l'accompagnement des ménages, financé par MaPrimeRénov, sur le modèle de l'assistance à maîtrise d'ouvrage.

 

 

Les ambitions gouvernementales sont décuplées, en matière de rénovation, par le plan de relance, l'objectif étant de réaliser 15 milliards d'euros de travaux, représentant en matière d'économie d'énergie l'équivalent de la consommation de la ville d'Amiens, et en matière d'émission de gaz à effet de serre la suppression de 250.000 voitures. Le Gouvernement rappelle à ce propos que le nombre de coups de pouce CEE ne semble pas faiblir en cette année 2020 : 150.000 chaudières remplacées et 500.000 isolations effectuées, ce qui donne un "rythme qui n'est pas inférieur à celui de 2019", assure la ministre.

 

40.000 logements sociaux rénovés ?

 

En matière de logement social, 500 millions d'euros seront affectés à la restructuration lourde embarquant la rénovation énergétique, comme l'a rappelé François Adam, directeur de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP). L'ambition est de toucher 40.000 logements sociaux dans des quartiers prioritaires, mais aussi en zones détendues. "Une partie de cette enveloppe sera mobilisée spécifiquement pour contribuer à l'émergence d'une filière de solutions industrielles et reproductives, pour des rénovations énergétiques très importantes", a-t-il précisé. Un appel à manifestation d'intérêt pourrait déclencher, sur ce point, des travaux concernant 10.000 logements. "Ces sujets seront discutés dans les prochains mois avec les représentants des bailleurs sociaux", précise le DHUP.

 

Un nouveau crédit d'impôt pour les TPE-PME

 

Enfin, le ministère est revenu sur le dispositif d'aide à la rénovation énergétique des locaux des TPE et PME. "Très souvent, les chefs d'entreprise n'ont pas le temps de se pencher sur la dimension énergétique de leurs locaux, alors que c'est un facteur de compétitivité", explique-t-on. 200 millions d'euros seront dédiés à cette mission. Il s'agira concrètement d'un crédit d'impôt de 30% sur l'impôt sur les sociétés, concernant les interventions d'isolation ou de changement de systèmes. Cette aide peut notamment aider certaines entreprises à répondre aux obligations du décret tertiaire, qui impose la réalisation d'économies d'énergie pour les locaux de plus de 1.000 m². Ce crédit d'impôt concerne les travaux engagés dès le 1er octobre 2020, et sera disponible jusqu'à la fin de l'année 2021.

 

En matière de neuf, Emmanuelle Wargon est revenue sur l'aide de 350 millions d'euros proposée aux maires bâtisseurs, ceux qui "vont octroyer rapidement des permis de construire conformes à la vision de l'urbanisme de leur territoire", quand celui-ci est d'une densité supérieure à la moyenne de la zone. 300 millions d'euros, par ailleurs, seront affectés à la réhabilitation des friches. Des mesures que les fédérations professionnelles du bâtiment et de la promotion immobilières ont toutefois jugé comme largement insuffisantes pour relancer l'activité.

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