INNOVATION. Depuis la mi-avril, l'Energy Observer est équipé d'une nouvelle technologie de propulsion éolienne : deux ailes rotatives automatisées qui permettent d'augmenter la vitesse de croisière tout en produisant de l'hydrogène stockable. Une solution d'avenir pour le transport maritime ?
A son lancement en 2017, Energy Observer était équipé de deux petites éoliennes à axe vertical, destinées à produire du courant nécessaire à l'électrolyse de l'eau en hydrogène, et d'une aile de traction pour réduire sa consommation en navigation. Aujourd'hui, il teste un nouveau système propulsif, combinant ces deux fonctions : un propulseur éolien. Deux grandes ailes de 6 mètres de hauteur nommées "Oceanwings" apporteront à la fois de la puissance de propulsion mais également de l'énergie pour produire de l'hydrogène en avançant. Jusqu'ici, l'électrolyse de l'eau était limitée aux escales.
Conçues par VPLP Design et assemblées chez CNIM (Constructions industrielles de la Méditerranée), elles disposent d'une surface de 31,5 m² chacune, sont autoportées et rotatives. Les concepteurs de ces ailes expliquent avoir trouvé leur inspiration dans les ailes rigides des voiliers de l'America's Cup, dont l'efficacité aérodynamique serait bien supérieure à celle des voiles souples. Mais cette rigidité justement pose un problème de réduction de la surface alaire, à l'inverse d'une voile classique qui peut s'affaler. L'architecte naval Marc van Peteghem souligne : "Nous souhaitions proposer un système propulsif éolien sûr, simple et automatisable. Nous avons donc développé un concept de gréement affalable et arisable, basé sur l'aérodynamique des profils à éléments multiples de la Coupe". L'Ademe a permis de tester un prototype fonctionnel de 8 mètres d'envergure pour valider le concept, fiabiliser les systèmes et obtenir des relevés.
"Associées à l'hydrogène, c'est le combo gagnant pour un transport maritime propre", Victorien Erussard
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Les ailes seront, dans un premier temps revêtues d'Hydranet, un tissu résistant, mais les ingénieurs travaillent à l'intégration de panneaux photovoltaïques souples. Il s'agit, pour Energy Observer d'aller toujours plus loin dans la performance et l'efficacité énergétique. L'installation des deux grandes ailes sur les flotteurs permettra de produire de l'hydrogène pendant une à deux heures par jour. Elles agiront comme un appoint dans les zones où l'ensoleillement est moindre, telles les mers boréales. Une telle solution pourrait, à l'avenir, diminuer les consommations d'autres navires de plus grande taille, dans une proportion pouvant varier de -18 à -42 %. Victorien Erussard, la capitaine d'Energy Observer ajoute : "Au-delà de la technologie pure, que nous avons hâte de tester à bord tant le système a l'air performant et automatisé, je crois profondément que ces ailes peuvent constituer une véritable rupture technologique dans la réduction des dépenses énergétiques des dépenses énergétiques des navires de commerce". La solution, automatisée, n'impose pas de mobiliser du personnel pour la manœuvrer, tandis que son coût est similaire à celui d'un gréement équivalent, ce qui permet d'amortir son investissement. Serait-ce le grand retour de la marine à voile ?