La ville de Narbonne se dote du premier réseau souterrain de collecte des déchets en France. Une innovation venue de Suède, où ce système aux avantages écologiques se pratique depuis longtemps. Visite et interview.

Protection de l’environnement, gain de temps, facilité d’usage pour les administrés : Narbonne (Aude) s’est rapidement convaincue des bénéfices de ce système de récupération et d’évacuation des déchets par réseau souterrain. Première étape, la réalisation du collecteur de déchet ENVAC : la première pierre du bâtiment a ainsi été posée le 31 août dernier. Ce terminal, achevé en avril 2008, permettra selon la Mairie "de collecter à terme les déchets produits sur le cœur de la ville historique et le quartier de la Sous-préfecture" (soit 20 000 habitants).

Grâce à ce système, finis le passage des camions poubelles, les nuisances olfactives et sonores : la collecte se fera à partir de bornes situés sur la voie publique ou encore au sein des immeubles. Les déchets seront ensuite envoyés par circulation d’air jusqu’à un centre de tri, comme les messages pneumatiques d’autrefois. Il y aura ainsi moins de rejet de CO2 dans l’atmosphère. La mairie précise également que "les panneaux photovoltaïques installés sur le terminal vont produire 25 % des besoins du système, le reste de l’électricité étant fourni par un contrat d’achat d’électricité produite par des énergies renouvelables."

13 hectares concernés
Depuis 2003, la ville a mis le développement durable au rang de ses priorités. Le nouveau quartier de 13 hectares concerné par la mise en place des souterrains est la zone d’aménagement concerté (ZAC) du Théâtre, proche du canal de la Robine, classé avec le Canal du Midi au patrimoine mondial de l'humanité, où seront créés 650 logements. Cette ZAC a pour vocation de tendre vers le zéro dégagement de CO2 en utilisant notamment la biomasse, le solaire photovoltaïque et/ou thermique, la récupération des eaux pluviales ou résiduaires et le transport doux.

L’entreprise suédoise Envac - pionnière depuis 1961 dans cette technologie et qui a déjà équipé une centaine de collectivités dont Barcelone (Espagne), le centre historique de Copenhague (Danemark) ou l'aéroport de Kuala Lumpur (Malaisie) – s’occupera de ce chantier pour un coût d’environ cinq millions d’euros. Son développement représentera de 2.000 à 3.000 euros par logement, permettant une baisse "significative" du montant de la taxe de collecte des ordures, a indiqué la mairie à l’AFP.

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3 questions à Envac France, la société fournissant le système de collecte automatique à la ville de Narbonne.

Comment fonctionne ce système ?

Lorsque l’utilisateur dépose un déchet dans l’une des urnes, celui-ci tombe dans un espace de stockage. Chaque jour, à intervalles réguliers, les fractions sont ouvertes, chacune à leur tour. Les déchets sélectionnés sont ainsi inspirés via une canalisation unique et acheminés vers un terminal. Une fois arrivés dans ce terminal, les déchets sont mis dans des containers qui seront envoyés par camion vers les centres de traitement correspondant. Les canalisations sont limitées en distance et parcourent une distance maximum d’environ 1,8 km autour du terminal. Dans une ville telle que Barcelone, où ce système équipe de nombreux quartiers, nous avons donc installé plusieurs terminaux.

Est-il adaptable à tout type de ville et de quartier ?

On peut adapter ce système absolument n’importe où, puisqu’il s’agit de la même mise en place que pour des canalisations classiques. Il n’y a qu’une canalisation pour toutes les fractions, qui sont activées les unes après les autres pour ne pas mélanger les déchets. Dans les centres historiques des villes, il est même parfois plus aisé de creuser une tranchée pour y faire passer une canalisation, que de faire circuler un camion de ramassage des ordures dans certaines ruelles étroites ! L’installateur du système peut s’occuper de la maintenance et de l’entretien, le sous-traiter ou former l’exploitant à cette tâche. Les points de collectes peuvent se trouver à l’extérieur sur la voie publique, ou dans un hall d’immeuble, par exemple.

Quels sont les objectifs de ce système pour la ville de Narbonne ?

L’installation dont les travaux sont en cours sera située dans le quartier du Théâtre de Narbonne, et sera accessible à partir de 62 points de collectes, reliés à un système de canalisations de 1,5 km. Les trois fractions correspondant aux différents types de déchets (emballages, papiers et cartons, déchets non recyclables) seront aspirées régulièrement dans la canalisation, pour être amenées au terminal. L’installation aura une capacité de traitement de 650 tonnes par an.

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