La "bataille des autoroutes" en Espagne a pris fin de façon inattendue avec l'annonce lundi de la fusion des deux grands rivaux de la gestion d'autoroutes à péage, Acesa et Aurea, qui donnera naissance au troisième groupe européen du secteur.

L'objectif de cette opération est de créer un groupe d'une taille suffisante pour être compétitif sur les marchés internationaux, notamment en Europe et en Amérique, selon des analystes.

La nouvelle société exploitera un réseau de 1.245 kilomètres, soit près de la moitié des 2.320 km d'autoroutes à péage en Espagne, se plaçant dans le classement européen du secteur derrière l'Italien Autostrade, qui possède 4,9% du capital d'Acesa, et du français ASF.

Avec l'annonce de ce rapprochement, Aurea obtient un solide partenaire financier, la Caixa, première caisse d'épargne espagnole, qui détient 31,7% du capital d'Acesa, qui en retour s'allie avec un des grands du BTP en Espagne, Dragados (36,3% d'Aurea), passé récemment sous le contrôle du groupe de construction ACS présidé par Florentinez Perez, connu également pour être le patron du club de football Real Madrid.

La fusion doit se faire par absorption d'Aurea par Acesa sur une base de 2,06 actions Acesa pour une action Aurea, selon un communiqué de La Caixa remis aux autorités boursières. De fait, la Caixa détiendra 21,1% du capital de la nouvelle société et Dragados 12,2%.

Le chiffre d'affaires conjoint des deux groupes atteint pratiquement un milliard d'euros. Acesa, numéro un espagnol du secteur jusqu'à présent, a dégagé en 2001 un bénéfice net de 171,9 millions d'euros pour un CA de 681,4 millions d'euros tandis qu'Aurea a enregistré un résultat net de 123,2 millions d'euros pour un CA de 297,2 millions d'euros.
En Espagne, ils exploitent essentiellement des autoroutes du nord-est, de la côte est, des provinces de Séville et Cadix, régions à forte vocation touristique.

Acesa et Aurea rivalisent depuis plusieurs mois pour prendre le contrôle du troisième gérant espagnol d'autoroutes à péage, Iberpistas. Dans leur accord initial de fusion, les deux sociétés insistent sur le fait que leur annonce de rapprochement "n'entraîne pas d'interférence" sur les OPA qu'elles ont lancées en mars sur le numéro trois du secteur, soulignait lundi le communiqué de la Caixa.

A la mi-mars, Acesa avait lancé une OPA hostile sur Iberpistas à 11 euros par titre (valorisant le groupe à 712 millions d'euros), suivi une semaine plus tard par une contre-OPA d'Aurea proposant 13 euros ou un échange d'actions.

Peu après l'annonce de la fusion, Acesa a porté de 11 à 13,65 euros par titre son offre publique d'achat sur Iberpistas dont il possède déjà 8% du capital. Ce renchérissement a été accueilli favorablement par Dragados et la famille Godia, autre actionnaire de référence d'Iberpistas.

En Espagne, un ambitieux plan de construction d'autoroutes a été lancé par le gouvernement, avec 465 km en travaux et 794 km en projet, et notamment trois importantes radiales autour de la capitale espagnole, dans lesquelles est impliqué Iberpistas.
A l'étranger, Acesa a acheté début mai 5% du capital de la société portugaise de gestion d'autoroutes à péage Brisa, portant à 10% sa participation dans cette compagnie.

Cette opération a permis à Acesa, qui possède également 3,85% de la société italienne Autostrade, de renforcer sa position sur le marché européen.

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