SOLUTION TECHNIQUE. L'autoconsommation d'électricité photovoltaïque va connaître un grand essor. Pour améliorer l'autonomie des installations, la startup MyLight Systems a développé une solution qui les pilote finement et permet de mieux exploiter la production solaire. Ondine Suavet, co-fondatrice de la société, nous explique le fonctionnement de cet objet connecté.
"L'idée est venue au moment du moratoire du photovoltaïque : que faire, arrêter le solaire ou trouver une autre façon d'en faire", nous raconte Ondine Suavet, co-fondatrice de MyLight Systems. "D'où l'idée de l'autoconsommation. La production et consommation ne sont pas corrélées mais l'énergie solaire est facile à anticiper à partir de bonnes données météo", poursuit-elle. La solution consiste donc à mieux utiliser cette production pour réaliser des économies d'électricité, plutôt qu'à considérer les panneaux solaires comme un produit financier capable de générer une rente.
La spécialiste enchaîne : "Nous avons mené les travaux entre la fin de 2012 et le début de 2013. Deux défis devaient être relevés à la fois : matériel et logiciel". La technologie choisie est celle du courant porteur en ligne (CPL) pour sa facilité de déploiement par des installateurs électriciens et pour sa portée supérieure à celle des ondes radio classiquement employées en domotique. Ondine Suavet détaille : "Ce n'est pas une box WiFi, contrairement à certains de nos concurrents, mais un produit intégré, facile à installer en 30 minutes maximum à côté du coffret électrique. Il assure la protection de l'installation photovoltaïque et du compteur, le suivi des consommations et gère le chauffe-eau". Le MyLight Systems serait ainsi compatible avec 100 % des installations. "Pour le défi logiciel, le problème était d'assurer la fiabilité face à la montée en charge. Avec un relevé toutes les 30 secondes contenant des données de comptage, d'état du système, de qualité du signal… la quantité de données est énorme. Il s'agit de Big Data", annonce la co-fondatrice.
Jusqu'à 70 % de courant en moins à acheter
Ces données permettent de piloter le système à distance. Plusieurs niveaux de service sont proposés : le premier permet de stocker un an de données, de gérer l'installation en temps réel et de recevoir des alertes par mail. Le second, plus complet, ajoute des options comme la gestion automatisée grâce aux prévisions météorologiques, ou encore les alertes par SMS cette fois. Enfin, un troisième niveau intégrera prochainement un service après-vente poussé, avec garantie pièces-main d'œuvre et déplacement, au-delà de la seule garantie de l'équipement.
Afin d'exprimer l'avantage de l'autoconsommation, Ondine Suavet raconte : "Le taux d'autoconsommation est la capacité à utiliser la production photovoltaïque. Mais dans le cas d'une installation sous-dimensionnée, la valeur sera toujours de 100 % puisqu'elle ne couvrira jamais les besoins à elle toute seule. Ce qui est intéressant, c'est le taux d'autonomie, c'est-à-dire la part de consommation qui provient des panneaux et qui permet de faire des économies". D'après l'experte, une centrale de toiture correctement dimensionnée présenterait un taux de 80 % d'autoconsommation et engendrerait jusqu'à 70 % d'économies de courant électrique acheté sur le réseau. "Pour une installation déjà existante, et qui ne soit pas en vente totale de courant, le monitoring seul permet de doubler les performances, juste en consommant au bon moment", dévoile-t-elle.
Une solution primée et déjà adoptée
Mais qu'en est-il du prix ? "Pour une installation de 15 m² de panneaux photovoltaïques, soit une puissance de 3 kWc, il faut compter 10.000 € fourni-posé. Le surcoût de MyLight Systems se rembourse en 5 ans mais le différentiel baissera encore plus avec l'application prochaine du décret Autoconsommation et la prime de plusieurs centimes d'euros par kWh. L'équipement est éligible au Crédit d'impôt puisqu'il gère le chauffage et bénéficie de la TVA réduite à 5,5 %". Le tout récent décret, longtemps attendu par la profession, a clarifié la situation et incitera à l'avenir les particuliers à consommer leur propre courant. "Il y aura un engouement qui encouragera notre solution", estime la co-fondatrice, qui souligne également l'avantage du déploiement de Linky. Ce dernier qui fonctionne dans les deux sens (achat et vente de courant) permet de se passer de l'installation payante d'un 2e compteur. D'où des frais de raccordement nuls, contre 1.000 € jusqu'en octobre 2016. Du côté du collectif, des problèmes restent à résoudre, notamment au niveau des contrats entre les différents participants d'une opération d'autoconsommation dans une copropriété ou dans un lotissement. "La TURPE doit également être réglée, puisque ces opérations utilisent la boucle locale ou la colonne montante d'un immeuble qui appartient à Enedis", révèle-t-elle.
à lire aussi
Du côté des nouveautés, la startup prévoit cet été d'incorporer la gestion des climatisations, cette fois au moyen d'une cascade de commandes IR et Wifi. "Il y a une bonne corrélation entre production solaire et consommation électrique estivale cette fois !", s'amuse Ondine Suavet. La société travaille également à la problématique du stockage, en partenariat avec SMA. "Même s'il n'a pas encore d'intérêt économique, c'est une tendance qui va se développer. Les prix, qui sont de 1.000 ou 2.000 €/kWh, vont baisser. Il faut que ce prix soit divisé par quatre si on veut rentabiliser l'installation en 10 ans", conclut la spécialiste. MyLight Systems, qui comptait déjà 2.000 clients à la fin de 2016 (dont certains en Suisse et en Belgique), entend doubler ce chiffre avant la fin de l'année, en se concentrant sur le seul marché français. La solution a notamment été primée au cours du salon BePositive, démontrant son caractère innovant.