PATRIMOINE. Un important chantier a été mené pour transformer le musée du Moyen Âge. Il devrait rouvrir ses portes au public dès le printemps 2022.
Il abrite en son sein l'une des œuvres médiévales les plus célèbres au monde, La Dame à la licorne. Le musée de Cluny, à Paris, réouvrira ses portes aux visiteurs ce printemps, après sept années de travaux. Le seul musée national en France consacré au Moyen Âge a subi un important chantier de modernisation. Plusieurs phases ont été nécessaires pour remettre aux normes ce site important de la capitale d'une surface de 2.500 m². Les bâtiments ont été en partie restaurés, un nouvel espace d'accueil a été construit et, surtout, tous les espaces ont été mis en accessibilité.
Le musée, situé au cœur du quartier latin, affiche sa volonté de présenter ses collections différemment, en traçant un nouveau parcours de visite. De par ses nouvelles fonctionnalités, modernes, et sa transformation discrète, le musée présente à travers des œuvres uniques mille années d'Histoire. Depuis sa création en 1843, il mêle différentes techniques et créations artistiques à travers deux bâtiments classés aux monuments historiques, les thermes antiques nord de Lutèce (Ier- IIe siècles) et l'hôtel des abbés de Cluny (fin du XVe siècle). Sculptures, objets d'orfèvrerie, vitraux, émaux, peintures, tapisseries, enluminures et objets de la vie quotidienne s'entremêlent dans ce site célébrant l'époque médiévale.
Un parcours complètement réécrit
Une réflexion a été menée en 2011 pour lancer des travaux de modernisation. L'idée était de conserver la taille humaine du site, une proximité avec les œuvres ainsi qu'une harmonisation entre les bâtiments et les collections. Le musée a dû fermer plusieurs mois pour accueillir ce chantier complexe, bouleversé par la crise sanitaire. La maîtrise d'ouvrage a été déléguée à l'Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture (OPPIC). Quant à la conduite du chantier, plusieurs équipes de maîtrise d'œuvre ont collaboré. Paul Barnoud, architecte en chef des monuments historiques, le groupement Bernard Desmoulin architecte, le scénographe Adrien Gardère et le bureau d'étude Scoping ont imaginé le renouveau de ce musée.
Conçu dans les années 1950, le parcours permanent a été entièrement repensé pour permettre une meilleure lisibilité. Les visiteurs pourront désormais découvrir les 1.600 œuvres de façon chronologique et par grandes unités d'ensemble. Des travaux de gros œuvre ont été menés, en produisant une nouvelle signalétique et de nouveaux dispositifs de médiation. Le nouvel espace d'accueil permet de rendre visible le musée depuis le boulevard Saint-Michel. Pour l'imaginer, un concours d'architecture avait été lancé en décembre 2013, remporté six mois plus tard par l'architecte Bernard Desmoulin. Le public pourra déambuler du nouvel accueil, lumineux, aux hautes voûtes du frigidarium, avant de découvrir un bâtiment du XIXe siècle et des salles de l'hôtel médiéval. La restauration des vestiges antiques et de la chapelle de l'hôtel des abbés de Cluny a, elle, été opérée entre 2015 et 2017.
Donner plus de place à la lumière naturelle
"Nous avons enlevé les cimaises qui étaient devant les fenêtres pour avoir plus de lumière dans les salles d'exposition", raconte Michel Huyhn, conservateur en chef du musée, lors d'une visite à laquelle Batiactu a assisté. "Nous avons, certes, perdu de l'espace d'accrochage mais le gain est supérieur à la perte. De nombreux musées se calquent sur cette tendance d'utiliser de la lumière naturelle comme éclairage." Également présent lors de cette visite, l'architecte Bernard Desmoulin renchérit : "J'ai voulu donner une nouvelle image au musée et créer un parcours linéaire d'une seule couleur. L'ancienne scénographie était bien trop sombre, nous avons aéré les circuits", explique-t-il. Paul Barnoud a, de son côté, dessiné un grand escalier en toile d'acier bruni pour parfaire la noblesse des lieux.
La difficulté des travaux s'est trouvée dans la construction du nouvel accueil. "La consigne était de rendre le bâtiment réversible sans générer de fouilles archéologiques", continue le conservateur en chef du musée. L'architecte a, lui, imaginé une nouvelle façade en aluminium sur le boulevard Saint-Michel, en concevant un motif inspiré de la dentelle de pierre de la chapelle. "Le matériau, léger, permet d'avoir des reliefs et fait le lien entre les thermes et l'hôtel", affirme Bernard Desmoulin.
Des millions d'euros de travaux
Avec ses 27 ruptures de niveaux, ses vestiges antiques classés au titre des monuments historiques et son hôtel médiéval également classé, le musée de Cluny était auparavant inaccessible aux personnes à mobilité réduite (PMR). Il est désormais à 100% accessible à tous les publics. Le lieu de culture s'est vu ajouter trois ascenseurs, un nouvel escalier et deux monte-personnes. À l'extérieur, dans la cour pavée de l'hôtel médiéval, les pavés ont été aplanis pour aménager un chemin à destination des fauteuils roulants et poussettes.
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Au total, 21,5 millions d'euros ont été alloués à ce chantier, dont 2,5 millions d'euros pour la restauration des vestiges, 7,6 millions d'euros pour la construction d'un nouveau bâtiment d'accueil et 11,4 millions d'euros pour la refonte du parcours muséographique. Dans le détail, le financement a été assuré par l'État, à travers le ministère de la Culture, et pour partie par le musée sur ses ressources propres.
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