Le président américain a promis un "grand et magnifique mur" à ses électeurs pour séparer les Etats-Unis de leurs voisins mexicains. Mais quelle allure prendra cette frontière physique entre les deux pays ? Simple rempart de béton, palissade métallique plus élaborée ou véritable centrale solaire linéaire, découvrez les huit prototypes qui vont être testés à San Diego.
L'édifice n'aura pas l'élégance de la Grande muraille de Chine avec ses fortins et ses créneaux. Ni la démesure du Mur de Game of Thrones. Mais le mur promis par Donald Trump s'étendra tout de même sur 3.000 kilomètres entre les Etats-Unis et le Mexique. Et il s'agirait peut-être de la première promesse de campagne que le président élu voilà un an pourrait tenir. A la fin du mois d'août 2017, une courte liste d'entreprises du bâtiment a été sélectionnée par son administration parmi plus de 200 candidates, afin qu'elles soumettent leurs solutions techniques.
Depuis le mois d'octobre, huit prototypes différents se dressent donc sous le ciel du sud de la Californie, afin d'être évalués par les autorités compétentes (US Customs & Border Protection) et sélectionner le meilleur d'entre eux. Un marché potentiellement très lucratif puisque le coût estimé par le Congrès américain frise les 20 milliards d'euros, théoriquement à la charge de son voisin du sud. Mais qu'importe qui réglera la facture, les entreprises ont concentré toute leur expertise dans la réalisation de ces démonstrateurs. Y compris au niveau esthétique, un détail qui aurait son importance dans la rhétorique du locataire de la Maison Blanche.
Parmi les huit solutions déployées, certaines jouent la carte de la discrétion, avec une peinture sable, pour se fondre dans le panorama, quand d'autres misent au contraire sur la haute visibilité. Une des murailles affiche ainsi des éléments d'acier couleur bleu vif. Une autre présente une finition simili-briques, donnant presque l'illusion qu'il ceinture un élégant country club. Mais côté américain uniquement. Plusieurs de ces prototypes adoptent un sommet en cylindres métalliques lisses, afin d'empêcher les grappins de s'y accrocher. Car le but est évidemment que personne ne franchisse la frontière sans y avoir été invité. Leur hauteur varie entre 9 et 12 mètres, et certains adoptent une surépaisseur à la base, afin de renforcer leurs capacités antieffraction et obliger les échelles à être beaucoup plus hautes.
Une frontière perméable à la faune mais pas aux hommes ?
Au cours du mois de novembre, une société privée mènera des tests sur ces segments de mur. Elle évaluera non seulement la difficulté à les escalader et les percer par des moyens conventionnels (marteau piqueur, explosif), mais également celle à les franchir par en dessous en creusant des tunnels. Cette barrière, voulue presque étanche par Donald Trump, ne sera d'ailleurs pas sans poser des soucis : à la faune locale qui, elle, ne reconnaît pas les frontières mais verra son territoire morcelé, ainsi qu'aux patrouilles frontalières qui ne distingueront plus ce qu'il se passe de l'autre côté du mur et risquent d'être prises au dépourvu le moment venu. Deux prototypes sur huit seulement laissent voir au travers de la frontière. Pour rappel, à l'heure actuelle, environ 1.050 km sur les 3.050 entre Etats-Unis et Mexique disposent d'une clôture de métal ondulé haute de 5,5 mètres qui remonte aux années 1960-1970.
à lire aussi
Face à la complexité de construction et de maintenance de ce mur continu, le président des Etats-Unis a proposé qu'une partie soit financée en l'équipant de capteurs photovoltaïques qui fourniraient de l'énergie. Une idée qui n'apparaît pas sur les prototypes, qui ne présentent pas non plus de chemin de ronde surélevé. Le gouvernement se réserve d'ailleurs le droit d'emprunter et panacher les meilleures idées pour concevoir le mur final. Reste une dernière question : l'immense infrastructure nécessitera une grande quantité de béton. Deux des principaux fournisseurs de ciment mondiaux ont déjà décliné l'offre : LafargeHolcim qui entend d'abord résoudre son problème d'image lié à l'affaire syrienne, et Cemex qui est… mexicain et ne souhaite pas participer à ce projet discriminatoire.