A l'issue de trois semaines de grève symbolique en avril dernier, les étudiants parisiens de l'Ecole spéciale d'architecture (ESA) réclament toujours la démission du directeur, du président de l'établissement et la révocation du conseil d'administration en réponse au licenciement de neufs enseignants de l'école. Une pétition vient d'être relancée. Décryptage.

"Démission direction!" scandaient les étudiants de l'Ecole spéciale d'architecture (ESA), située boulevard Raspail dans le 14ème arrondissement de Paris durant les trois semaines de grève symbolique qui se sont déroulées en avril dernier. Depuis ce mouvement, les pétitions circulent de nouveau dont celle de l'Association de défense de l'ESA* rassemblant à ce jour 600 signatures.

 

"Nos revendications sont simples : la démission de la direction notamment du directeur François Bouvard, du président du Conseil d'administration, Raëd Skhiri et la révocation du Conseil d'administration qui ont fait preuve d'un manque de dialogue depuis plus d'un an, et l'arrêt des procédures de licenciement économique envers neuf personnels administratifs et enseignants, engagées il y a un mois", nous explique ce mardi 2 juin un étudiant en 5ème année à l'ESA, porte-parole de la Défense de l'ESA. Autres signes de fragilité ? "On a observé depuis un an, une réduction de 40 à 50 élèves des premières et deuxièmes années et le limogeage de 15 professeurs architectes en moins de quatre ans !", détaille-t-il.

Un déficit de 500.000 euros ?

"Nous voulons croire que la situation économique de l'école est difficile lorsqu'on nous évoque un déficit de 500.000 euros, mais nous n'en serions pas là si l'attractivité de l'ESA n'avait cessé de diminuer depuis quatre ans à cause des non-renouvellements des contrats de 15 enseignants architectes, qui étaient chargés d'enseigner des cours internationaux variés", poursuit le porte-parole de la Défense de l'ESA.

 

Pour rappel, la situation sociale de l'établissement s'est tendue il y a un mois, lorsque les étudiants de l'ESA ont appris que 9 personnes -responsable de la communication, deux bibliothécaires, un responsable des services techniques, informatiques, de la reprographie, de l'atelier maquette ainsi que la responsable des échanges internationaux- étaient sur le point d'être licenciés.

 

"Les représentants de la Défense de l'ESA sont d'autant plus inquiets en apprenant le 22 mai dernier que les élections à l'AG auraient lieu les lundi 28 et mardi 29 septembre, soulignent-ils dans un communiqué. Ceci est contraire à ce qu'avait annoncé Raëd Skhiri lors de la dernière Assemblée Générale, ces élections auraient en effet dû se tenir le 18 mai 2015."

Heures de cours revues à la baisse et disparition de certains services

Décaler ces élections présente, d'après l'étudiant, de forts risques concernant la gestion de l'école : "Les heures de cours de certains enseignants pourraient être revues à la baisse pendant l'inter-semestre afin qu'ils ne puissent se présenter aux élections. Il est en effet nécessaire d'effectuer au moins quarante-cinq heures d'activité à l'ESA dans l'année universitaire afin de faire parti du collège électoral enseignant."

 

La disparition totale de certains services para-pédagogiques s'inscrivant dans la continuité de la fermeture de l'atelier bois comme la galerie et le service de communication inquiète également une majorité des étudiants. "C'est pourquoi il est important de continuer à se mobiliser afin que ces agissements cessent le plus rapidement possible, ajoute-t-il. Ceci passe par la tenue des élections de l'Assemblée générale avant la fin du semestre sans quoi nous nous retrouverons dans une situation qui ne cessera de se dégrader et dont la conclusion sera la fermeture définitive de notre école et la dissolution de son association."

 

Depuis le mouvement de grève, les deux ministères de tutelle de l'ESA, en l'occurrence, celui de la Culture, puis celui de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche ont diligenté une inspection dont les conclusions devraient être rendues avant l'été. "L'Inspection du travail a notifié son avis refusant les licenciements économiques, établissant la discrimination syndicale, invalidant la prorogation de mandat des délégués du personnel convenue entre la direction et les deux salariés en fonction, et dénonçant l'absence des élections des délégués du personnel", indique la Défense de l'ESA dans un communiqué. L'Ecole spéciale d'architecture, qui fête en 2015 ses 150 ans d'existence en tant qu'établissement d'enseignement supérieur, a été dirigé notamment par des architectes comme Christian de Portzamparc, Odile Decq ou Paul Virilio.

 

Sollicitée ce mardi 2 juin, par Batiactu, la direction de l'Ecole spéciale d'architecture (ESA) n'a pas réagi.

 

*La pétition en ligne

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