Fondé en 1903, le vaisseau amiral du groupe Moniteur fête son centenaire, ce mercredi 22 octobre, en présence du Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin et de plusieurs membres du gouvernement.

Incontournable et indispensable pour les uns, omniprésent et arrogant pour les autres, le Moniteur des travaux publics et du bâtiment n’en demeure pas moins une référence pour le secteur, voire une institution.

Preuve en est, pour la célébration du centenaire, mercredi 22 octobre au Conseil Economique et Social, il s’en est fallu de peu pour que la quasi-totalité du gouvernement se retrouve place d’Inéa. La plupart des ministres invités ayant répondu présents, le Premier Ministre en personne a dû mettre de l’ordre et désigner les membres de son gouvernement qui l’accompagneraient. «Il faut reconnaître que la plupart des ministres sont des élus, et lisent Le Moniteur dans le cadre de leur mandat de maire par exemple» s’excuse presque Jacques Guy, Pdg du groupe Moniteur. «Mais, les ministres qui seront présents ont une bonne raison de venir» poursuit-il.

Pour ce centenaire, Le Moniteur publie un numéro spécial définissant sur 170 pages les grands enjeux de la construction à l'horizon 2020, avec des témoignages d’architectes, d’élus, d’industriels, ou de majors du BTP.
Ce numéro spécial évoque aussi sur 50 pages le récit des grandes étapes de la construction et des principales mutations du journal, de sa naissance en août 1903 à aujourd'hui, ou comment un journal géré familialement est devenu le premier groupe de presse professionnelle en France.

Ce succès, le Moniteur le doit avant tout à son concept qui, fait rarissime pour un journal, n’a pas changé de manière fondamentale. « Dans le bâtiment, on a coutume de dire que pour bâtir haut, il faut que les fondations soient bonnes. Cet adage se vérifie avec Le Moniteur » explique Jacques Guy.
Ainsi, lorsqu’en août 1903, l’imprimeur Louis Dubois - qui deviendra ministre de Clémenceau - lance un journal bi-hebdomadaire de 4 pages intitulé «Le Moniteur des Travaux Publics» (sous titré Entreprise et Industries), son idée est déjà d'informer les chefs d'entreprise des obligations imposées par le renforcement de la législation liée aux accidents du travail.

Très rapidement, son développement sera lié à la croissance dans le secteur de la construction (chemins de fer, canaux, égouts, métro, usines) et à l'autorisation, en 1908, de publier les annonces légales et judiciaires. Dès 1910, le Moniteur publie des petites annonces et des avis d'adjudication.
En 1936, le Moniteur fusionne avec le "Journal des travaux publics, du Bâtiment et des Fournitures administratives" et adopte son titre définitif "Le Moniteur des Travaux Publics et du Bâtiment".

La reconstruction d'après-guerre puis l'expansion des Trente glorieuses (1945-1975) offre au Moniteur la possibilité d’accompagner l'extraordinaire essor du secteur. Le journal augmente pagination, recettes publicitaires et lecteurs pour atteindre 71.426 abonnés en 1972.
Avec le choc pétrolier, la croissance freine. Le Moniteur doit s'adapter.
Les équipes de la rue d’Uzès développent alors des numéros spéciaux, des pages régionales... ou encore des prix comme l’Equerre d’argent (1983) qui deviendra la référence française en matière de récompense architecturale.

Toutes ces années, Le Moniteur a couvert l’actualité de la construction sous l’angle du service en publiant notamment les annonces juridiques et légales, des offres d'emploi, et les fameux appels d'offres. L’information technique et économique est bien évidemment traitée mais les sujets dérangeants comme les affaires de corruption ou de marchés publics truqués sont volontairement minorés, voire mis de côté. «Nous sommes présents sur toutes les vraies questions qui concernent le secteur» se défend Jacques Guy. «Simplement, nous sommes un journal-service. Notre vocation n’est pas de créer l’événement, mais d’être utile à la profession».

Cette vocation se retrouve dans toute la stratégie du groupe qui - outre l’édition de revues, lettres et livres - multiplie les services : bases de données, services internet, logiciels, salons et manifestations, formations...

Resté longtemps une entreprise familiale, l’entreprise a vécu ses dernières années au rythme des regroupements: CEP, Havas, Vivendi. En 2002, Vivendi a cédé son pôle presse professionnelle aux fonds d'investissements Cinven, Carlyle et Apax Partners qui le rebaptisent Aprovia.
Courant septembre, ce dernier a annoncé la mise en vente du groupe Moniteur. La vente devrait se dérouler en trois étapes, une première sélection étant prévue pour fin octobre.

Jean-Philippe Defawe

Le groupe Moniteur en chiffres

- 120 millions d’euros de chiffre d'affaires annuel
- 600 salariés
- 18 publications dont les hebdomadaires Le Moniteur et La Gazette des communes
- 150 ouvrages en catalogue, 3 librairies
- 8 salons et congrès, 100 séminaires et conférences chaque année

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