SALON - La grand-messe de la construction, qui se déroulera à Villepinte au mois de novembre 2017, rassemble trois salons : Batimat, Interclima+Elec et Idéobain. Les trois directeurs détaillent les spécificités et nouveautés d'une édition placée sous le signe de l'optimisme, du rassemblement et de la francophonie.
"Nous avons de vraies, bonnes raisons d'être optimistes", scandent Guillaume Loizeaud, le directeur de Batimat et Serge Lecat, celui d'Idéobain. Leurs salons, qui constituent aux côtés d'Interclima+Elec, le Mondial du Bâtiment, ne cachent pas leur enthousiasme : après des années difficiles, le marché de la construction semble confirmer sa tendance à la reprise, impactant directement l'événement à venir. Guillaume Loizeaud raconte : "Le marché est profondément modifié et beaucoup de transformations sont en train de s'opérer". Il énumère : "La fin du fonctionnement des métiers en silo, les nouveaux comportements des usagers, le bâtiment s'adapte et devient réversible, la transition énergétique et domotique, la rupture des matériaux traditionnels…". Pour le directeur de salon, Batimat sera l'occasion de faire descendre les innovations dans les marchés, en comprenant et intégrant ces changements de fond et en faisant découvrir des solutions.
Outre les traditionnelles conférences, ateliers techniques et espaces de démonstration en direct, les salons adoptent de nouveaux formats. "Des hubs de solutions présenteront des produits de différents fabricants assemblés entre eux", précise Guillaume Loizeaud. Situés aux interfaces entre différents halls, ils porteront par exemple sur "Confort et énergie dans le tertiaire" (Interclima+Elec), la "salle de bains à vivre" (Idéobain) ou "Construire et rénover durablement" (Batimat). Le directeur de ce dernier salon mentionne d'autres thématiques clés de cette édition 2017 : "Regard sur l'architecture, Intérieurs à vivre, Le bâtiment du futur… Le premier s'intéressera, par exemple, à des bâtiments récents comme la tour du Bois-le-Prêtre, l'immeuble Hikari ou le pôle d'accueil des migrants du 18e".
Des journées spéciales selon les attentes des visiteurs
Autre spécificité du Mondial du Bâtiment cette année, l'accent mis sur la Francophonie, afin que le salon constitue un rendez-vous incontournable du business en France et à l'étranger. "Nous espérons une croissance à deux chiffres des visiteurs internationaux, mais nous sélectionnons des pays en affinité avec le salon et les attentes des participants. Donc principalement l'Afrique du Nord et l'Afrique sub-saharienne", dévoile Guillaume Loizeaud. Des journées spéciales seront par ailleurs organisées entre le mardi 7 et le jeudi 9 novembre : "Sur Idéobain, une journée sera dédiée aux négoces et distributeurs le 7 novembre. Puis, sur les trois salons, le lendemain, mercredi 8 novembre, sera dédié aux maîtres d'ouvrage et aux maîtres d'œuvre. Enfin, le jeudi, les salons proposeront tous un programme adapté aux installateurs et aux artisans". L'organisation précise que plusieurs Clubs dédiés aux Influenceurs et prescripteurs ou au Négoce permettront à leurs membres de venir aisément sur place grâce à des navettes spécifiques qui rayonneront tout autour de Paris. "Nous attendons plus de 88.000 artisans et plus de 36.000 négociants", annonce le directeur de Batimat. Du côté des exposants, Reed Expositions estime qu'un tiers des grands acteurs de la construction qui avaient déserté l'événement "pour différentes raisons" auraient annoncé leur retour, comme différentes marques de Saint-Gobain ou Würth et Stanley-Facom, des entreprises bien connues des artisans.
Pour Serge Lecat, le directeur d'Idéobain, son salon "reprend des couleurs" grâce à un marché "bien reparti". Il précise : "L'univers de la salle de bains a connu quatre ans de baisse et aujourd'hui c'est le renouveau avec entre +3 et +5 % de croissance. Une multitude de métiers s'y rassemblent, qu'il s'agisse de céramique, de robinetterie, d'ameublement… C'est un marché à 1,5 Mrd €". Selon lui, l'offre produit a remarquablement évolué ces dernières années, afin de répondre aux questions d'accessibilité (baignoires à portes, douches à receveurs plats) ou de fonctionnalités multiples. Il note qu'en revanche, la connectivité n'est pas encore entrée dans cette pièce de la maison. Légèrement moins enthousiaste, Pierre-Louis François, son alter-ego du salon Interclima+Elec, annonce : "Le secteur du génie climatique sort d'une situation difficile, sauf pour la climatisation qui est déjà repartie. Mais nous n'avons pas encore bénéficié de la reprise des ventes et des lancements de chantiers". Le directeur du salon précise que les marchés restent tendus, en raison de prix du gaz et du fioul bas n'incitant pas à investir dans de nouveaux matériels. Du côté des tendances, il relève que les enjeux d'efficacité énergétique et de qualité de l'air sont les plus fréquemment rencontrés, tout comme la connexion des équipements. "C'est lié à la maquette numérique, une démarche de long terme qui améliorera la qualité des travaux", détaille-t-il. Des tendances générales sur le salon qui souhaite conserver son rang de premier rendez-vous d'affaires du secteur en France.
Le président de la Fédération française du bâtiment a livré son sentiment : "L'optimisme revient, enfin. Mais attention, 2017 sera l'année de tous les dangers. Avec des problèmes de fonds de roulement, les entreprises devront pouvoir faire face à cette reprise malgré leur trésorerie. Et les élections qui arrivent risquent d'être le concours Lépine des mauvaises idées. Le CITE fonctionne et commence à être connu et approprié par les Français. Qu'il soit préservé !". Autre enjeu d'avenir, l'expérimentation de la performance énergétique : "Avant de parler de nouvelle réglementation, il faut d'abord tester le référentiel. Par exemple en adoptant un calendrier différent selon la typologie du bâtiment, qu'il s'agisse de maison individuelle ou de non résidentiel. L'horizon de 2020 est un curseur raisonnable et applicable. Restons prudents, sans toutefois manquer d'ambition. L'objectif est de co-construire cette future réglementation environnementale pour qu'elle soit réaliste". Enfin, sur la maquette numérique, Jacques Chanut déclare : "C'est le grand enjeu d'avenir du secteur, et une évolution légitime dans nos métiers (…) L'évolution va se faire au rythme de chacun, humain et financier, avec un changement des mentalités et des habitudes. Mais c'est une source d'opportunités et d'efficacité permettant une meilleure compréhension des chantiers et une meilleure gestion des interfaces. Il ne faut pas subir le BIM mais être un acteur engagé. Il ne sera pas réservé à une élite toute puissante. C'est une vision trotskyste de le croire. Le Plan de Transition numérique doit être soutenu !".