En s’associant avec Algeco, Serge Dassault, le célèbre industriel et maire UMP de Corbeil-Essonnes en banlieue parisienne, veut promouvoir en France les "maisons modulaires" destinées au logement social. Une première en Europe.

"Ces maisons fabriquées en usine et transportées sur leur lieu d'installation par camion existent déjà aux USA et au Canada", explique l'avionneur. "Ici, c'est une idée à développer dans un but social", affirme-t-il. "Cela fera des logements différents de ces horreurs de tours avec leurs ascenseurs toujours en panne!".
Serge Dassault sait de quoi il parle. Comme bon nombre de ville de banlieue parisienne, sa ville de 12.000 habitants compte un de ces fameux quartiers construit dans les années 70 pour faire face aux besoins massifs de logement devenu aujourd’hui une cité sensible : les Tarterêts. Dans ce quartier, un programme de rénovation à long terme a été lancé. Une première tour a été démolie en 2000, deux autres, ainsi que des parkings et un centre commercial désaffecté, doivent disparaître en 2005.

Pour lancer ce projet de maison modulaire, Serge Dassault est parvenu à intéresser le leader européen de la construction modulaire Algeco. Ce dernier réfléchissait depuis années à un concept de ce type, notamment au sein de sa filiale Home System spécialisée dans les modules spéciaux ou très intégrés, comme les restaurants Mac Donald par exemple. «Les circonstances nous ont fait rencontrer Serge Dassault récemment et tout est allé très vite» explique Bertrand Quenot, directeur de la construction modulaire France chez Algeco. Home System s'est donc rapidement associée avec le groupe Dassault pour lancer les études et la construction du prototype.

Le principal avantage de ce type de construction est sa rapidité de mise en oeuvre."L'usine de Chavagnes-en-Paillers (Vendée) pourrait sortir deux maisons modulaires de type F3 par jour" , déclare Jean-Claude Chervier, directeur régional et export d'Algeco. En agrandissant l'usine, la production pourrait même passer à 25 maisons par jour.
Sur le chantier pilote - situé dans le parc de la Fondation Dassault - l'assemblage des modules s'est fait en quatre heures par boulonnage sur douze plots réinstallés sur le terrain. Il a suffi ensuite d'une journée à une équipe de cinq personnes pour terminer le montage et effectuer les raccordements (eau, électricité, etc.). En à peine deux jours, la maison était habitable.
En dehors des aspects légaux et administratifs, un programme complet de logements individuels sociaux peut sortir de terre en quelques mois. «Il faut compter entre 5 à 6 mois pour un lotissement de 200 maisons, soit deux à trois fois moins de temps qu’en construction traditionnelle» fait remarquer Bertrand Quenot.

L’autre intérêt est le coût de l’opération. Il serait au moins 20% moins cher qu'une maison traditionnelle de même surface, selon M. Dassault. Ainsi, le prototype installé à Corbeil-Essonnes est composé de trois modules et représente une surface au sol de 82 m2. Il a coûté 65.000 euros hors taxe, mais une production en série permettrait d'abaisser ce prix.
Niveau qualité, il semble que ce concept constructif qui a déjà fait ses preuves dans les bureaux, complexes scolaires ou hôpitaux n’est rien à envier aux constructions traditionnelles. La maison Dassault construite en quelques heures est entièrement aux normes européennes, notamment quant à l'isolation thermique, et elle bénéficie comme toute construction d'une garantie décennale.

Si l’intérêt de ce concept semble affirmé tant au niveau technique qu’économique, un problème d’image demeure. Algeco est plus connu pour ses baraques de chantiers que pour ses bureaux, ses salles de classes ou ses hôpitaux. «C’est un risque reconnaît Bertrand Quenot, mais il est uniquement lié à la connaissance incomplète d’Ageco. Le grand public nous associe souvent à la baraque de chantier, mais cette activité ne représente plus que 1/4 de notre business».

Le ministre de la Ville et de la Rénovation urbaine, Jean-Louis Borloo, a visité le prototype et s’est montré intéressé. Tout comme plusieurs élus, dont les villes sont inscrites dans le programme de rénovation urbaine. «Derrière ce prototype, il y a un vrai marché, celui de l’habitat individuel social» indique Bertrand Quenot. Si chez Algeco, on reste encore discret sur l’avancement industriel du projet, il semble que plusieurs programmes pourraient être lancés avant la fin du premier trimestre 2004

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