Le Centre de recherche et d’information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem) met en cause dans une étude l’émission de champs électromagnétiques suscités par les lampes basse consommation, recommandant de ne pas les utiliser à proximité de la tête. L’Ademe, interrogée par la rédaction, limite la portée de cette enquête.

Après les téléphones portables, les ampoules à économie d’énergie ? Porteurs d’implants ou de prothèses médicales de type pacemaker, malgré vos velléités environnementales tout à fait honorables, devriez-vous éviter de vous trouver à proximité de lampes basse consommation ?

C’est en substance ce que recommande fortement le Centre de recherche et d’information indépendantes sur les rayonnements électromagnétique (Criirem) dans deux communiqués, datant l’un du 21 août dernier («Alerte ! Mise en garde sur les ampoules à économie d'énergie !») et l’autre du 22 septembre («Ampoules à économie d'énergie : Alerte à l'allumage électropolluant !»). Tout comme il conseille au particulier d’éviter l’emploi de ces lampes à proximité de la tête. En cause ? L’émission de rayonnements électromagnétiques importants à l’allumage, «susceptibles de gravement perturber les biens et les personnes» révélée par les résultats d’une étude menée conjointement avec une association espagnole. Le centre de recherche préconise donc l’abandon de ces lampes comme lampes de chevet ou de bureau. Une étude relativisée par l'Agence pour l'environnement et la maîtrise de l'énergie (Ademe).

Une mise en garde qui ne remet pas en cause les économies d’énergie
Mais qu’indique l’étude exactement ? Le Criinem explique que les personnes qui utilisent ce type d’ampoules fluo-compactes peuvent «être exposées, selon la distance et la puissance, à des champs électriques allant de 2 à 100 V/m». Ainsi, à vingt centimètres, les LBC génèreraient des champs électro-magnétiques atteignant «à 20 cm, entre 180 V/m et 4 V/m pour des puissances allant de 20 à 11 Watts. Avec des puissances de 7 ou 5 Watts, les champs électriques radiofréquences mesurées vont de 34 à 2 V/m à moins de 20 centimètres. Il faut attendre 1 mètre pour retrouver une valeur de 0,2 V/m, correspondant au bruit de fond radiofréquences ambiant». Un impact important notamment au moment de la mise en service de la lampe (voir tableau ci-dessous).
A ce moment-là, «des risques importants de compatibilité électromagnétique» seraient ainsi à craindre pour les personnes équipées d’implants de type pacemaker, «car elles peuvent être exposées (…) de façon instantanée, à des pics de champs électriques de l’ordre de 100 à 300 m/V.»
Cette émission proviendrait du système électronique contenu dans le culot de l’ampoule : un simple blindage pourrait y remédier, selon le Criinem. Ce dernier, qui ne dénie pas les économies d’énergie engendrées par ces lampes basses consommation, a indiqué à l’AFP avoir saisi l'Agence pour l'environnement et la maîtrise de l'énergie (Ademe) afin d’inciter les fabricants à agir.

L’Ademe : «il ne faut pas exagérer»
Alors que l’information commence à être reprise dans les médias, du côté de l’Ademe, contactée par la rédaction, on indique n’avoir jamais eu de contact avec le Criinem. Son expert éclairage, Hervé Lefebvre, s’étonne sur certains points avancés, indiquant que cette étude porte quand même à discussion, qu’«il faut la mettre à sa juste valeur». Monsieur Lefebvre indique «ne pas remettre en cause les données mais, tel qu’il est indiqué, il faut vraiment être très très proche de la lampe pour qu’il y ait véritablement un impact. De plus, les ampoules étudiées n’ont pas toutes les mêmes effets.»
Seules certaines d’entre elles dépassent le seuil recommandé par l’Union Européenne, cette norme étant de 28 V/m. «Au-delà de 30 cm, le taux de rayonnement passent largement en dessous des recommandations». -voir le tableau- Il souligne également qu’on ne sait pas quel est l’effet véritable de ces champs électro-magnétiques sur l’être humain. «On a de nombreux autres équipements qui en émettent beaucoup plus que les LBC.» Les termes employés – «susceptible de gravement perturbé», «alerte», mise en garde des porteurs de pacemakers - seraient donc selon lui exagérés, précise-t-il en réponse à une question sur ce point.
Le représentant de l’Ademe indique qu’il rencontrera la semaine prochaine la Commission des sources lumineuses du Syndicat de l’éclairage pour faire le point sur cette étude. L’Agence verra alors s’il faut réaliser de nouvelles analyses et si un renforcement des ballasts s’avère nécessaire dans certains cas. Enfin, Hervé Lefebvre indique être «étonné» de la sortie de cette étude au moment où «l’on parle de plus en plus de la fin des lampes incandescentes.»

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