GOUVERNEMENT. Il n'y a donc pas de ministère du Logement dans le gouvernement Philippe. Mais de nombreuses organisations professionnelles estiment que cela n'est pas forcément une mauvaise nouvelle. Découvrez pourquoi.
D'abord de l'étonnement, voire de la déception pour de nombreux professionnels : le gouvernement du premier ministre Edouard Philippe ne comprend aucun ministère du Logement en tant que tel. Richard Ferrand est effectivement nommé ministre de la Cohésion des territoires. Toutefois, certains perçoivent la création de ce "super-ministère" comme une bonne nouvelle. Pour eux, réunir, en une seule entité, plusieurs sujets proches (ville, logement, collectivités, aménagement) est la configuration adéquate pour s'attaquer aux problèmes posés aujourd'hui dans le secteur du logement.
Ainsi, Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), d'abord interpellé par l'absence d'un ministère spécifique au logement, explique à Batiactu avoir changé de point de vue après avoir échangé avec les équipes du ministre. "En regardant de plus près et en échangeant, on voit bien que Richard Ferrand va être au cœur des problématiques que l'on a abordées le 18 mai lors du Sommet de la construction, et qui ont une cohérence pour répondre aux demandes des professionnels de l'activité. C'est maintenant de manière globale et non plus fractionnée qu'il faut répondre. Donc, le fait que ce soit un poids lourd du gouvernement, c'est plutôt bon signe."
"Si le ministre va au bout de cette logique, c'est une bonne chose"
Le président de l'organisation patronale reste toutefois prudent. Car, pour l'heure, rien ne garantit que la thématique du logement sera traitée 'à égalité' avec les autres. "Le nouveau ministre prend bien en charge, sans hiérarchie, ces trois sujets là : le logement, la ville et l'aménagement du territoire. Maintenant, reste à voir comment le gouvernement va mettre en place cette politique-là. Si c'est pour saucissonner la politique derrière, ça ne sert à rien. S'il va au bout de cette logique, c'est une bonne chose et on l'accompagnera", conclut Jacques Chanut.
Interrogé par Batiactu sur l'absence d'un ministère dédié à l'habitat et à la politique de la ville dans l'équipe gouvernementale, le PDG de Nexity Alain Dinin (qui a soutenu Emmanuel Macron durant sa campagne) a affirmé ne pas regretter du tout cette situation : "Contrairement à certains de mes confrères professionnels de l'immobilier qui estiment qu'il s'agit là d'un signal démontrant que le logement n'est pas une priorité, je pense le contraire ! L'absence de sémantique du 'Logement' est une bonne nouvelle", nous affirme-t-il.
Pour Alain Dinin, une décision "forte"
En attendant d'en savoir plus, lors des prochains jours, sur les périmètres du nouveau ministère, Alain Dinin affirme que "la Cohésion des territoires a du sens aujourd'hui et devient prioritaire, car il est important de prendre en compte les territoires délaissés et dépasser le caractère administratif de la ville". Quant au logement, "l'important pour moi en tant que citoyen, ce n'est pas de savoir combien on va construire des logements chaque année mais de se poser la question : où les met-on ? On vit ensemble de quelle façon ?" Pour Alain Dinin, faire le choix d'un super-ministère a été une décision politique "forte" d'Emmanuel Macron. "Il y a un formidable potentiel de croissance et d'emplois immobiliers dans le pays ; il faut le saisir mais de façon à être en phase avec les mutations de la société pour créer du vivre-ensemble", conclut le PDG de la société immobilière aux 7.000 salariés.
De son côté, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) s'est félicité, par communiqué de presse, du fait que son appel à la création d'un "pôle immobilier au sein d'un grand ministère des Territoires" avait visiblement été entendu. "Même s'il n'est pas aussi exhaustif que nous le souhaitions, le rapprochement de la ville et du logement au sein d'une même entité nous semble aller dans le bon sens", affirme Alexandra François-Cuxac, présidente de l'organisation.
La FPI "salue" la dénomination du nouveau ministère
La FPI n'hésite pas à "saluer" la dénomination du nouveau ministère. "A ce stade de la décentralisation, c'est bien de cohérence et de cohésion dont les territoires ont désormais besoin pour remplir leurs missions avec efficacité", affirment ainsi les promoteurs.
Enfin, le Syndicat national des aménageurs et lotisseurs (Snal) a salué dans un communiqué "la volonté du gouvernement de lier politique du logement et cohésion des territoires". "Il est urgent de reconnecter la politique du logement au cadre de vie, aux services de proximité et à l'emploi qui l'entoure", affirme à ce sujet Pascale Poirot, présidente du Snal.
Pour rappel, Richard Ferrand, le jour de sa prise de fonction, avait lui-même justifié la dénomination de son ministère, tentant de désamorcer les inquiétudes des professionnels. "Le terme générique de 'cohésion des territoires' a un défaut mais une qualité", avait-il assuré. "Le défaut est qu'il s'agit d'un terme abstrait. Mais il va de soi que la politique de la ville, le logement, l'aménagement du territoire... tout cela se devait d'être ensemble pour que l'action publique soit plus efficace."